Perspectives

Obama rejette les demandes voulant stopper les déportations

La Maison-Blanche d'Obama va faire fi des opposants aux nouvelles déportations de femmes et enfants vers l'Amérique centrale. Telle est la position adoptée par le porte-parole d'Obama Josh Earnest dans une déclaration arrogante faite du podium de la salle de presse de la Maison-Blanche.

«La stratégie et les priorités d'application articulées par l'administration ne changeront pas», a déclaré Earnest vendredi. «Nous avons mis l'accent sur les enjeux de haute priorité que nous avons identifiés. Comme vous vous en doutez, notre préoccupation première est de lutter contre les criminels... Il est aussi important d'assurer la sécurité à la frontière. Cela signifie que les individus qui ont récemment traversé la frontière seront ciblés en premier pour déportation.»

Voilà ce qui en est de la supposée compassion qu'a démontrée Obama pour les enfants quand il a annoncé mardi de la semaine dernière des mesures pour réduire la violence causée par les armes à feu et qu'il a versé des larmes pour les caméras en mentionnant la mort d'enfants à l'école primaire Sandy Hook en 2012!

Loin d'être des «criminels», ceux qui sont la cible des descentes de police sont des mères et des enfants qui fuient les gangs criminels est les escadrons de la mort au Honduras, au Guatemala et au El Salvador, tous des pays sous la gouverne de régimes qui ont l'appui des États-Unis et qui défendent les intérêts économiques et politiques des oligarchies locales.

Des agents de l'unité du Service de l'immigration et des contrôles douaniers (ICE) du ministère de la Sécurité intérieure (DHS) ont commencé à faire des descentes dans les résidences d'immigrants d'Amérique centrale au Texas, en Géorgie et en Caroline du Nord après le Premier de l'an et mis en détention 121 mères et enfants. Des responsables affirment que de ce nombre, 77 ont déjà été déportés au Mexique, au Honduras et au Guatemala. Ceux qui restent sont détenus à des installations du DHS au Texas en attendant la déportation ou une décision du tribunal.

Ces 121 détenus ne sont que la pointe de l'iceberg. Des articles mentionnent que quelque 10.000 femmes et enfants seront visés dans une première série de descentes cet hiver et jusqu'à 100.000 personnes – soit tous ceux qui sont entrés au pays depuis 2014 et qui n'ont pas encore obtenu le statut officiel de réfugié – pourraient tomber entre les mains du Service de l'immigration et des contrôles douaniers.

Ces descentes sont perpétrées de sorte à engendrer la peur. Dans plusieurs cas en Géorgie, par exemple, des mères ont été arrachées de leur résidence en pleine nuit, n'ayant eu que cinq minutes pour rassembler les effets personnels de leurs enfants.

La vaste publicité qui a été faite autour de la nouvelle politique du gouvernement américain crée un sentiment de panique parmi les communautés d'immigrants d'Amérique centrale à travers le pays. Des articles rapportent qu'il y a des réunions de centaines de personnes à New York, Boston, Baltimore et dans d'autres villes où des descentes n'ont pas encore été effectuées lors desquelles les gens veulent être informés par des avocats et des défenseurs des droits d'immigration. Le taux de présence à l'école et sur les lieux de travail est en baisse et certains ne vont pas à leur rendez-vous chez le médecin de peur de quitter leur maison et d'être arrêtés en route.

Les commentaires du porte-parole de la Maison-Blanche vendredi étaient une réponse à des demandes de démocrates du Congrès, y compris des membres dirigeants du parti et des représentants hispano-américains, voulant l'arrêt immédiat des descentes. Le chef de la minorité au Sénat, Harry Reid, la chef de la minorité à la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, ainsi que les candidats à la présidence, Bernie Sanders et Hillary Clinton, ont tous, parmi d'autres, condamné les gestes du DHS en les qualifiant d'«inhumains».

Ce que ces représentants de la grande entreprise veulent réellement dire est que ces descentes et déportations sont politiquement inadéquates au début d'une année électorale dans laquelle le Parti démocrate tente de se présenter comme un parti plus proche des immigrants et des Hispaniques que les républicains, malgré le bilan atroce d'Obama en la matière, lui qui a été surnommé le «déportateur en chef» par des militants des droits des immigrants.

On peut lire dans une lettre envoyée par les coprésidents du Caucus progressiste du Congrès (Congressional Progressive Caucus), les représentants Raúl M. Grijalva (démocrate d'Arizona) et Keith Ellison (démocrate du Minnesota): «D'innombrables reportages documentent combien des ces femmes et enfants fuient la violence et la pauvreté extrêmes de leur pays d'origine... Les représentants du ministère de la Sécurité intérieure agissent de façon inhumaine quand ils font fi de ces menaces et entraînent la peur et l'angoisse chez les familles immigrantes.»

Dans des commentaires aux médias, Grijalva a constaté l'évidence: la campagne pour les déportations amène de l'eau au moulin de la démagogie fasciste anti-immigrants du milliardaire Donald Trump, qui est maintenant reprise par quasiment tous les candidats à la présidence du Parti républicain. «J'espère que l'administration ne voit pas ces femmes et ces enfants comme des dégâts collatéraux dans... une discussion sur l'immigration dans une année électorale», a-t-il dit.

D'autres protestations ont noté le contraste entre le supposé appui d'Obama pour les réfugiés qui fuient la violence en Syrie et la brutalité envers les réfugiés qui fuient des violences semblables en Amérique centrale.

La nouvelle vague de répression est une réaction à la montée de l'immigration en provenance d'Amérique centrale, qui a atteint un sommet en novembre et décembre, et à la démagogie anti-immigrants de la campagne présidentielle républicaine menée par Trump. Loin de représenter une alternative aux républicains, l'administration Obama démontre la véritable nature du Parti démocrate: un parti qui met en œuvre les mêmes politiques réactionnaires en employant une rhétorique légèrement différente.

Le Parti de l'égalité socialiste condamne la position anti-immigrants adoptée par les deux partis capitalistes. Nous exhortons les travailleurs aux États-Unis et à travers le monde à défendre les immigrants et les réfugiés, qui font partie des couches les plus vulnérables de la population, et le droit pour chacun de vivre et de travailler dans le pays de son choix en bénéficiant des pleins droits juridiques et politiques.

(Article paru d'abord en anglais le 11 janvier 2016)

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