Hollande appelle au démantèlement de la « jungle » de Calais

Après les manifestations néofascistes et la visite des candidats de droite attaquant les migrants de la « jungle » de Calais, Hollande s’est rendu à Calais à son tour en début de semaine pour y réclamer la fermeture de la jungle. C’est dans la continuité des politiques anti-migrants de son quinquennat et indique le caractère réactionnaire de la campagne présidentielle qui se profile pour 2017.

Prenant la parole devant les forces de l’ordre, des élus, des chefs d’entreprise et des dirigeants associatifs, Hollande a fait part de sa détermination à fermer le camp : « Nous devons démanteler complètement, définitivement le camp. le gouvernement ira jusqu’au bout autant qu’il est possible ». Il poursuit, « Nous sommes sur la voie d’une solution, elle est proche », assurant que le camp sera « démantelé définitivement, entièrement, rapidement, c’est-à-dire d’ici la fin de l’année ».

Alors que les 7000 à 10 000 migrants se trouvant sur Calais, espérant rejoindre l’Angleterre, sont maintenus dans des camps dans des conditions inhumaines, Hollande a cyniquement invoqué un « double » devoir d'« humanité » et de « fermeté ». « Ceux qui relèvent de l’asile doivent être accueillis. Ceux qui n’en relèvent pas doivent être raccompagnés », a-t-il déclaré.

Hollande ne dit rien sur les conditions dans lesquelles les migrants ont été autorisés à séjourner en France. S’en prenant aussi aux passeurs, Hollande a dit : « nous devons d’abord lutter contre les filières de la traite des êtres humains, qui est le pire commerce, le plus ignoble, qui remonte à loin et qui survit jusqu’ici pour exploiter les personnes en situation d’extrême vulnérabilité ».

La crise des migrants en Europe est la conséquence de 15 ans de guerres impérialistes néocoloniales en Asie, au Moyen-Orient et en Afrique, auxquelles la France a pleinement participé. Ces guerres en Irak, en Afghanistan, en Libye, en Syrie et ailleurs ont provoqué la mort de plus d’un million de personnes et poussé des dizaines de millions de personnes à fuir leurs foyers. La dénonciation par Hollande des passeurs, alors que ces guerres ont été menées afin de piller les ressources de ces régions et d’exploiter leur main d’œuvre, est d’une hypocrisie exécrable.

Le traitement des migrants par Hollande et d’autres gouvernements européennes aura été des plus réactionnaires. Ces migrants ont été parqués dans des camps aux extrémités de l’espace Schengen et traités comme du bétail. Ce n’est que la solidarité de l’opinion européenne avec les migrants qui a poussé l’UE à établir des quotas de migrants à qui on permettait d’entrer dans l’UE.

En même temps, les gouvernements, les partis politiques et les médias menaient campagne contre les migrants afin de pourrir l’atmosphère politique et diviser les travailleurs sur des bases ethniques et religieuses. La manifestation néofasciste à Calais au début du mois de septembre est le fruit de cette politique nationaliste, soutenue par toute la classe dirigeante. Le déchaînement des candidats présidentiels français contre la « jungle » à quelques mois des élections en est un autre exemple, particulièrement nauséabond.

Un déni immense du risque de guerre plane sur les élections, alors que des hauts responsables militaires américains évoquent ouvertement leurs préparatifs pour une guerre nucléaire contre la Russie. Les candidats cachent ce danger, qui se développe dans le dos des travailleurs. À la place, ils attaquent les musulmans et les migrants, qui servent de boucs émissaires à une élite dirigeante discréditée par sa politique de guerre et d’austérité, avec notamment la loi travail du PS.

En particulier, cela sert à légitimer l’état d’urgence réactionnaire du PS, reconduit en permanence afin qu’il puisse continuer à menacer d’interdire des manifestations contre la loi travail et terroriser des quartiers populaires entiers avec la menace de perquisitions arbitraires. La quasi-certitude que Marine Le Pen, la candidate du FN, sera au second tour de la présidentielle souligne par ailleurs cette crise de la démocratie française.

L’attaque contre les migrants prônée par Hollande – qui a cyniquement prétendu vouloir garder une certaine « distance par rapport à des instrumentalisations ou des polémiques qui d’ailleurs tournent le dos aux principes des valeurs de la République » – va dans le même sens que les attaques de la droite et de l’extrême-droite. La classe dirigeante dans son ensemble attise les haines contre les migrants.

Sarkozy a déclaré : « Oui, je démantèlerai aussi la “jungle” si j’arrive demain au pouvoir, mais il y a une grande différence. C’est que la première chose que je décide dans ce cas-là, c’est de rétablir les contrôles aux frontières, car la bataille de Calais se joue à Vintimille ».

Le démantèlement de la « jungle » et la stimulation du nationalisme n’ont pas seulement l’effet de pourrir l’atmosphère politique afin de permettre à l’élite dirigeante d’attaquer les travailleurs à l’intérieur des frontières de la France. Ils font également monter les tensions entre les pays européens, qui cherchent tous à fermer leurs frontières les uns contre les autres.

Hollande a pointé du doigt les Britanniques, qu’il a sommés de « prendre leur part dans l’effort humanitaire que la France accomplit ici et continuera à accomplir demain ». Évoquant la sortie britannique de l’UE, il a ajouté : « Ce n’est pas parce que le Royaume-Uni a pris une décision souveraine qu’(il) est dégagé de ses obligations par rapport à la France ».

En même temps, la Belgique se prépare à fermer ses frontières avec la France en cas de fermeture de la « jungle », afin d’empêcher des migrants désespérés de fuir en Belgique.

Le résultat de cette poussée vers des politiques néofascistes par l’ensemble des partis politiques de gouvernement en France et en Europe sera d’accroître la crise de l’UE, laquelle risque d’exploser.

Ces événements sont un avertissement pour la classe ouvrière de France et d’Europe. L’utilisation des attaques contre les migrants et contre les musulmans pour réintroduire les frontières et des régimes autoritaires en Europe est souhaitée par l’ensemble des partis qui se présenteront aux présidentielles. La seule voie pour aller de l’avant est la mobilisant des travailleurs européens en lutte contre l’impérialisme européen et contre le chauvinisme anti-migrants et anti-ouvrier, aux côtés de leurs frères et sœurs migrants.

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