Perspectives

Le débat Clinton-Trump: un spectacle dégradant

Le premier débat entre Hillary Clinton et Donald Trump était une abomination politique et culturelle. Il a montré, tant dans la forme que par le contenu, la décomposition de la société capitaliste américaine qui a pris place au cours des dernières décennies.

Ça en dit long sur le système politique américain que les 330 millions d'habitants des États-Unis doivent choisir leur prochain président entre ces deux individus, qui font partie de l'aristocratie financière – leur dernière rencontre physique ayant eu lieu lorsque Clinton avait assisté au troisième mariage de Trump en 2005 – et qui sont profondément détestés, avec raison, par une grande majorité de la population américaine.

Il n'y avait pas la moindre substance intellectuelle, sans parler de contenu politique réfléchi, à ce soi-disant «débat». Aucun sujet n'a été abordé avec intelligence ou honnêteté. Les deux candidats mentaient sans effort ni honte, se lançant des insultes préparées d'avance tout en se présentant comme des défenseurs des travailleurs ordinaires.

Le système capitaliste à deux partis aux États-Unis n’a jamais misé sur l’intelligence ou la vérité. Il a toujours été basé sur des politiciens qui représentent les intérêts d’une couche étroite au sommet de la société, tout en prétendant parler pour tout le peuple. Mais, en 2016, cette posture a perdu toute crédibilité.

Trump est la personnification du gangstérisme des affaires. C’est un milliardaire qui a fait fortune par l’escroquerie, les banqueroutes, le vol des salaires de ses employés et des accords avec la mafia. Lorsque Clinton l’a accusé d’avoir profité de l’effondrement du marché des prêts hypothécaires à haut risque, élément déclencheur du krach financier de 2008, il a répliqué: «Ce sont les affaires». Lorsqu’elle l’a accusé de ne pas payer d’impôts sur son immense fortune, il s’en est vanté comme une «preuve de mon intelligence».

Clinton est la personnification du gangstérisme politique. Elle est profondément impliquée dans les crimes du capitalisme américain dans le dernier quart de siècle: de la destruction des programmes sociaux à la criminalisation des jeunes provenant des minorités, en passant par le lancement de guerres impérialistes qui ont tué des millions de personnes. À un certain moment du débat, elle a déclaré que sa stratégie pour vaincre le groupe État islamique était centrée autour de l’assassinat de son chef, Abu Bakr al-Baghdadi. Elle a fait allusion à son propre rôle dans «l'élimination» de Mouammar Kadhafi en Libye et elle a dit qu’elle ferait de tels meurtres «un principe organisateur» de sa politique étrangère.

Clinton arrivait dans le débat en tant que favorite des médias et de l'élite dirigeante américaine, agente éprouvée de l'aristocratie financière et fiable dans son rôle de figure de proue de l'appareil militaire et de renseignement. Elle s'est présentée durant l'événement comme la représentante de la politique identitaire au service de l'impérialisme, faisant plusieurs appels aux questions de race et de genre tout en lançant des menaces de guerre à la Russie et en présentant la crise au Moyen-Orient comme quelque chose qui pourrait être résolu par l'assassinat de personnes bien choisies.

Trump s'est bâti un appui en semblant donner voix à la colère qui a été générée par le déclin catastrophique de la position sociale des travailleurs, mentionnant les fermetures d'usines, le chômage de masse, la montée de la pauvreté, la détérioration des routes, des écoles, des aéroports, etc. Mais il n'offre aucune solution à part l'élimination de toute contrainte sur les activités de la grande entreprise: la réduction de moitié des impôts sur les sociétés et l'abolition de toute réglementation commerciale.

Le milliardaire fascisant a fait peut-être la seule déclaration véridique du débat lorsqu'il a affirmé que le capitalisme américain se trouvait devant un précipice après une «reprise» qui était déjà la pire depuis la Grande Dépression. «Nous sommes dans une sacrée grosse bulle qui va éclater dès que la Fed augmente les taux d'intérêt», a-t-il dit. Cela fait écho aux remarques du président George W. Bush lors de la crise financière de septembre 2008 quand il avait laissé échapper: «L'économie est foutue».

Les apologistes des démocrates et des républicains dans les médias n'ont cessé de parler de la nécessité de vérifier les faits au sujet des candidats. Mais le débat au complet n'était qu'un mensonge, du début à la fin. Les faussetés dites par Trump et Clinton sont insignifiantes à comparer au mensonge selon lequel ces candidats offriraient un véritable choix à la population américaine.

Peu importe l'issue des élections, que ce soit Donald Trump ou Hillary Clinton qui remplace Barack Obama à la Maison-Blanche, la prochaine administration formera le gouvernement le plus réactionnaire de l'histoire du pays, voué à un programme de guerre impérialiste, d'austérité sociale et d'attaques sur les droits démocratiques.

La classe ouvrière doit se préparer politiquement pour les luttes qui seront générées par l'intensification de la guerre et de la crise du capitalisme mondial.

(Article paru d'abord en anglais le 27 septembre 2016)

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