Perspectives

Nouvelle découverte : un système de sept exoplanètes « analogues à la Terre »

La détection d’un système solaire voisin qui compte potentiellement plusieurs exoplanètes de type terrestre en orbite autour de l’étoile Trappist-1 a suscité un intérêt et un enthousiasme généralisés. Des millions de personnes ont lu des articles et regardé des vidéos sur les sept mondes qui pourraient avoir de l’eau liquide à leurs surfaces et ont donné un grand écho à l’événement sur les médias sociaux.

Le système Trappist-1 est composé de sept planètes qui orbitent autour d’une étoile naine ultra-froide (comparé à la température d’autres étoiles), assez proche du système solaire. Il a été confirmé que six des planètes ont une taille, une masse et une densité semblables à celles de la Terre. Aucune d’entre elles n’a de l’hydrogène dans son atmosphère, ce qui confirme que ce sont tous des mondes terrestres et rocheux comme Mercure, Vénus, la Terre et Mars. En outre, en raison des interactions gravitationnelles entre les sept planètes et Trappist-1 elle-même, chaque monde dans le système pourrait avoir de l’eau liquide.

Ce qui est particulièrement intéressant, c’est le fait que ces planètes sont très proches. Ce sont les voisines d’à côté de la Terre, par rapport à l’immensité de l’univers. Trappist-1 n’est qu’à 39 années-lumière, c’est-à-dire qu’il faut à la lumière, qui parcoure environ 300 000 mètres par seconde, 39 ans pour parcourir la distance. En comparaison, notre galaxie, la Voie Lactée, a un diamètre de 100 000 années-lumière, et elle est à environ 2,5 millions d’années-lumière de sa voisine plus grande, la galaxie Andromède, l’une des mille milliards de galaxies dans l’Univers.

Ces planètes sont si proches que, dans un avenir pas trop lointain, il devrait être possible de faire des analyses beaucoup plus détaillées et même des observations directes des exoplanètes.

La découverte de ces mondes est la plus remarquable d’une vague de nouvelles découvertes scientifiques depuis la découverte de la première « exoplanète »-, une planète en dehors de notre système solaire – en orbite autour d’une étoile semblable au Soleil, au milieu des années 1990. À l’époque, alors que les exoplanètes étaient prédites depuis près de quatre siècles, aucune n’avait été détectée de façon concluante, encore moins observée directement.

Les progrès des techniques de mesure et l’utilisation d’instruments placés en orbite autour de la Terre, libres des perturbations de l’atmosphère, ont permis de détecter de très légères affaiblissements de la luminosité des étoiles. Quand ces affaiblissements étaient observés avec régularité, il a été possible de les attribuer au mouvement des planètes à travers la ligne de visée entre l’étoile et les observateurs.

La première détection a ouvert un tout nouveau domaine de l’astronomie. Les effets gravitationnels de ces planètes qui n’ont pas encore été observées directement pourraient également être étudiés, en donnant des informations sur de leurs masse, densité et d’autres caractéristiques physiques. Aujourd’hui, non seulement les scientifiques ont détecté plus de 3400 exoplanètes, mais les connaissances acquises au cours des 20 dernières années permettent de visualiser ce à quoi ces mondes pourraient ressembler, que ce soit depuis l’espace ou à leur surface. Et avec le lancement du télescope spatial James Webb l’année prochaine, il devrait être possible de faire une analyse beaucoup plus détaillée et même une observation directe des exoplanètes.

Comme la plupart des avancées astronomiques significatives, la découverte des planètes est le résultat d’un effort international. La détection des exoplanètes autour de Trappist-1 a commencé en mai 2016, lorsqu’une équipe d’astronomes a utilisé le Petit télescope pour planètes et planétésimaux en transit (TRAPPIST – Transiting Planets and Planetesimals Small Telescope) installé au Chili et opéré à distance depuis la Belgique et la Suisse. Ils ont découvert trois planètes de taille terrestre en orbite autour d’elle, dont la plus à l’extérieur avait des chances d’être dans la zone habitable de l’étoile.

Cela a encouragé d’autres observations, qui ont été menées par une série de télescopes terrestres situés au Chili, à Hawaï, au Maroc, en Espagne et en Afrique du Sud. Le télescope spatial Spitzer a également été mis en service pour utiliser sa plus grande précision et plus grande capacité à voir dans l’infrarouge pour étudier le système. Quand on a découvert que le système n’avait pas trois, mais sept planètes, le télescope spatial Hubble a été utilisé pour faire une première étude des atmosphères planétaires pour détecter l’hydrogène. Des astronomes d’Afrique, d’Europe, du Moyen-Orient, d’Amérique du Nord, d’Amérique du Sud et d’Asie du Sud-Est ont coordonné leurs efforts pour donner un sens à ces données.

La découverte d’un système planétaire autour de Trappist-1 n’est pas simplement un heureux hasard. C’est la confirmation d’une hypothèse scientifique, d’abord avancée en 1997, selon laquelle, en raison de la physique de la formation stellaire, les étoiles ayant environ un dixième de la masse du Soleil sont plus susceptibles d’avoir des planètes de taille terrestre. Trappist-1 est l’une des nombreuses candidates à étudier en utilisant cette hypothèse, et la première pour laquelle l’idée a été confirmée.

Cette percée scientifique est le point culminant de plusieurs siècles de progrès en astronomie et en physique : la compréhension de la façon dont les systèmes solaires sont formés ; l’analyse de la lumière visible et d’autres formes de rayonnement électromagnétique ; et des méthodes d’analyse mathématique utilisées pour découvrir les signaux subtils dans les données provenant d’observations stellaires.

Trappiste-1 est une démonstration de la puissance de la cognition humaine, de la science et de la raison. C’est une réprimande puissante à l’incessante glorification contemporaine de l’irrationalisme, que ce soit par la promotion de l’arriération culturelle et des préjugés religieux, ou par la promotion du postmodernisme et de son rejet de la vérité objective, et une puissante justification de la compréhension matérialiste du monde, du fait qu’il y a des lois objectives de la nature et que les êtres humains peuvent les comprendre.

Parmi les millions de personnes émues par ces découvertes, il y a une compréhension instinctive du fait que les méthodes employées pour trouver les planètes de Trappist-1 et pour faire d’autres progrès scientifiques et techniques doivent être utilisées pour résoudre les problèmes sociaux et économiques, pour fournir les soins de santé suffisants, l’éducation, les logements ou de la nourriture pour toute l’humanité. Comment notre société peut-elle découvrir sept mondes potentiellement terrestres à plus de 350 milliers de milliards de kilomètres, mais procéder à la destruction de la planète sur laquelle nous vivons par son imprudence environnementale et son militarisme nucléarisé ?

La découverte de cette exoplanète s’appuyait sur la collaboration vers un but commun dont la force motrice était la poursuite de la connaissance, et non l’accumulation de quantités insensées de richesses personnelles. Ce genre de pensée est totalement étranger à l’élite dirigeante du monde, qui fait étalage de son arriération, de sa vulgarité, de son ignorance et de son parasitisme, en somme tout ce qu’incarne Donald Trump.

Cette découverte met en évidence une autre contradiction de la société moderne. L’organisation et la planification nécessaires pour produire ces résultats témoignent de la capacité de l’humanité à coordonner rationnellement et scientifiquement les ressources à l’échelle internationale. Les scientifiques du projet ont également dû rejeter le mantra constant du chauvinisme national, épousé par les élites dirigeantes du monde entier. Alors que la science sonde les distances apparemment infinies de l’espace galactique, l’humanité demeure piégée dans la prison du système des États-nations, avec des barbelés, des guerres, des invasions, des bombardements et la fuite en masse des réfugiés.

Le gaspillage de milliards de dollars, de yuans, de yens et d’euros pour enrichir une élite capitaliste parasite et pour faire la guerre dans le monde entier est une des raisons pour lesquelles les annonces scientifiques de cet ordre sont si rares. Des ressources immenses, matérielles et humaines, sont gaspillées, qui devraient être consacrées à l’amélioration de la condition humaine et à la connaissance du monde matériel.

La création d’une société où le développement du savoir peut être libéré des contraintes du capitalisme exige l’application de la science et de la raison à l’évolution de la société et de la politique. Contrairement au postmodernisme et à ses nombreuses variantes, qui insistent sur l’absence de vérité objective, le marxisme est enraciné dans une analyse des lois du développement socio-économique.

Poussé inexorablement par ses contradictions internes, le capitalisme conduit l’humanité vers l’abîme de la guerre mondiale et de la dictature. Ces mêmes contradictions, cependant, produisent également la base du renversement du capitalisme : la classe ouvrière internationale. Le processus objectif doit être rendu conscient et l’opposition croissante de millions de travailleurs et de jeunes dans le monde doit être transformée en un mouvement politique qui a pour but la mise en place d’un système rationnel d’organisation de l’économie à l’échelle internationale, pour l’égalité et la satisfaction des besoins humains : le socialisme.

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