États-Unis : les attaques contre les emplois redoublent et le président de l’AFL-CIO jure de « collaborer » avec Trump

Vendredi a été le dernier jour de travail pour 1300 personnels employés à l’heure de General Motors à l’usine de montage de GM Detroit-Hamtramck. Moins d’un an après avoir été embauchés et promis des postes à temps plein par GM et les dirigeants syndicaux, ces travailleurs sont au chômage. Leur assurance médicale se termine à la fin du mois, et il y a peu de perspectives d’emplois décents dans une ville où 117 000 travailleurs sont au chômage.

Les réductions d’emplois à Detroit fournissent une image beaucoup plus réaliste de l’économie américaine que la flambée des marchés boursiers ou les fantasmes des fonctionnaires de la Fed (Banque centrale) sur le « plein emploi ». Pourtant, le licenciement de 1300 travailleurs n’était même pas considéré comme intéressant par les médias locaux. Il n’a pas non plus mérité une mention du président Trump, qui a nommé le PDG de GM à son conseil consultatif sur l’entreprise.

Les suppressions d’emplois à Detroit ont lieu après plus de 2000 licenciements chez GM à Lansing, au Michigan, et à Lordstown, dans l’Ohio, en janvier. Ce sont les signes précurseurs d’un massacre d’emplois bien plus grand que les sociétés américaines envisagent dans leur restructuration pour répondre au ralentissement économique mondial et à l’intensification de la concurrence internationale.

Aux États-Unis, les constructeurs automobiles réduisent la production en raison d’une surabondance croissante de voitures invendues. Le constructeur d’avions commerciaux Boeing, qui avait supprimé huit pour cent de son effectif l’année dernière, a annoncé vendredi que 1880 travailleurs avaient accepté des départs en retraite anticipée. La compagnie a indiqué que d’autres suppressions d’emplois sont à prévoir en 2017 en raison d’une baisse des commandes et d’une forte concurrence avec le constructeur européen Airbus, qui a annoncé 1200 suppressions d’emplois il y a quelques mois. Une nouvelle annonce de licenciement tombe pratiquement chaque jour dans les secteurs de la vente de détail, de la banque et de la technologie.

Cela fait partie d’un processus international. Mercredi, le ministre chinois du Travail, Yin Weimin, a déclaré que le pays éliminera encore 500 000 emplois de l’acier et du charbon cette année. L’année dernière, 726 000 travailleurs ont perdu leur emploi dans les industries du charbon et de l’acier, soit 40 % des 1,8 million d’emplois que le gouvernement allait supprimer dans ces industries dans le cadre d’une restructuration massive des entreprises publiques.

En plus des suppressions d’emplois, les entreprises cherchent à transformer leurs effectifs en travailleurs intérimaires, précaires, embauchés et licenciés à volonté, comme les travailleurs de GM de Detroit-Hamtramck.

Selon le Government Accountability Office (La Cour des comptes), les travailleurs en intérim représentent maintenant 40,4 pour cent de tous les employés. Sous Obama, 95 % des nouveaux emplois créés aux États-Unis depuis le début de la prétendue reprise économique ont été à temps partiel et en intérim. Dans l’Union européenne, plus de la moitié des nouveaux emplois créés depuis 2010 sont des contrats temporaires (CDD).

Les sociétés accélèrent également leurs plans pour abandonner leurs obligations en matière de pensions et de soins médicaux de leurs retraités et continuer à transférer le coût de la couverture médicale aux travailleurs. Ce mois-ci, 22 600 mineurs retraités du charbon ou leurs veuves ont été informés qu’ils perdront des prestations de soins de santé le 30 avril, lorsque le financement de leurs régimes d’assurance expirera. Plus d’un million d’Américains actifs ou retraités sont actuellement couverts par des régimes de retraite qui sont en danger imminent d’insolvabilité, selon le Centre des droits de la retraite.

Le gouvernement Trump, regorgeant de milliardaires, envisage de réduire les impôts des sociétés et d’éliminer la sécurité sur le lieu de travail, la réglementation sur l’environnement et le code du travail. Dans son discours à la séance conjointe du Congrès mardi, Trump a déclaré que son gouvernement a « entrepris un effort historique pour réduire massivement la réglementation pesant sur le travail. » L’augmentation des dépenses militaires exposée dans son nouveau budget sera assurée en réduisant les bons alimentaires destinés aux gens en précarité et d’autres programmes essentiels, tandis que les réactionnaires d’extrême-droite nommés à des organismes clés tournent leur attention vers la privatisation de l’éducation publique et l’élimination de Medicare (assurance médicale des retraités), Medicaid (assurance médicale des pauvres) et la Social Security (le minimum vieillesse).

Alors que Wall Street fête les plans de Trump en arrosant le grand patronat et les banques de largesse financière, le président de la fédération syndicale AFL-CIO Richard Trumka, a promis que son organisation corporatiste et anti-ouvrière est « absolument » engagée à collaborer avec Trump.

Les railleries fascistes de Trump contre les travailleurs immigrés et les affirmations sans fin que les pays étrangers et les travailleurs étrangers détruisent les emplois et font baisser les salaires sont un effort calculé, aidé et encouragé par les syndicats pour diviser la classe ouvrière et bloquer une réponse unifiée à l’escalade de la politique de guerre de classe à l’intérieur et au militarisme impérialiste grandissant à l’étranger.

Répondant à ce discours, Trumka, président de la fédération syndicale AFL-CIO, a déclaré à Fox News que les syndicats étaient prêts pour que Trump « réécrive les règles de l’économie », en particulier en matière de politique commerciale et de l’immigration.

Le discours de Trump a été le « point d’orgue », a déclaré le dirigeant syndical, ce qui signalait qu’ « il est prêt à commencer les choses sérieuses au lieu de jouer devant la caméra, c’était un bon signe ». Loin de condamner les calomnies xénophobes et racistes du président contre les immigrants, le chef de l’AFL-CIO a marqué son soutien à une politique d’immigration encore plus brutale, y compris contre les résidents légaux.

« J’ai été agréablement surpris », dit Trumka, « de l’entendre dire que le système ne marche plus, sur l’immigration légale, ainsi que les sans-papiers – il en a beaucoup parlé – mais c’était la première fois qu’il parlait de l’immigration légale utilisée pour faire baisser les salaires. Nous disons cela depuis longtemps. »

Trumka a dit que les travailleurs ont voté pour le président parce qu’« ils voulaient qu’il réécrive les règles de l’économie – pas pour les riches, pas pour les nantis, pas pour les grandes entreprises américaines, pas pour Wall Street, mais pour eux, et donc là-dessus il a été imprécis », a-t-il dit. Les syndicats ont l’intention de promouvoir les bonnes choses qu’il fait et critiquer les mauvaises, a déclaré Trumka, faisant écho au mensonge selon lequel les guerres commerciales et la déportation en masse seraient bonnes pour les travailleurs américains.

« Allons-nous collaborer avec lui ? Absolument », dit Trumka. « Allons-nous collaborer avec lui pour essayer de réécrire les règles d’immigration du pays ? Absolument […] En utilisant la tribune pour dire que c’est votre pays, c’est là que vous devez votre allégeance, c’est là que vous devriez investir et construire, c’est une bonne chose. »

Les syndicats ont été l’un des principaux moyens pour semer le poison nationaliste parmi les travailleurs pendant très longtemps. Au début des années 1980, alors que le capitalisme américain tomba en déclin et que ses entreprises se heurtaient à des concurrents internationaux, les syndicats défendaient le nationalisme économique pour justifier leur intégration dans la structure de gestion et de collusion des entreprises dans la destruction des emplois et du niveau de vie des travailleurs qu’ils prétendaient représenter.

Alors que les syndicats ont travaillé en étroite collaboration avec les démocrates dans les attaques sur les emplois et les salaires depuis des décennies, ils voient maintenant des possibilités de revenus dans les efforts de Trump pour inciter les entreprises à « Acheter American, Embaucher American ». Cela n’a rien à voir avec les intérêts des travailleurs. Plutôt, les bureaucraties syndicales veulent rétablir leur revenu perdu grâce à l’afflux de cotisations des nouveaux syndiqués, peu importe s’ils gagnent des salaires de misère. »

Les syndicats ne sont pas des « organisations ouvrières », mais des organismes corporatistes hostiles aux intérêts de la classe ouvrière. Il faut construire de nouvelles organisations de lutte, y compris des comités d’usine et de lieu de travail, démocratiquement contrôlées par les travailleurs et consacrées aux méthodes de la lutte de classe pour résister aux attaques contre l’emploi, le niveau de vie, les services sociaux essentiels et tous les droits sociaux fondamentaux de la classe ouvrière.

Surtout les travailleurs doivent rejeter le nationalisme économique. Les travailleurs de chaque pays font face aux mêmes luttes et affrontent le même ennemi : le système capitaliste mondial, qui enrichit une poignée de milliardaires au détriment des larges masses de travailleurs dont le travail collectif crée les richesses de la société.

Pour unir la classe ouvrière – noire, blanche, citoyens de souche et immigrants aux États-Unis et dans le monde – les travailleurs doivent construire un mouvement politique, indépendant des deux partis capitalistes, démocrates et républicains, afin de lutter pour le socialisme international et contre le danger de la guerre mondiale.

(Article paru en anglais le 4 mars 2107)

 

 

 

 

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