Les Etats-Unis intensifient leur campagne contre Julian Assange

Le World Socialist Web Site condamne les préparatifs rapportés du ministère de la justice des États-Unis d’établir des plaints judiciaires pour espionnage contre le fondateur de WikiLeaks, Julian Assange, et de délivrer un mandat d’arrêt contre lui.

Jeudi, la chaîne de télévision CNN a signalé, en citant des fonctionnaires américains anonymes, que le ministère de la justice de Trump a préparé les mises en accusation contre Assange en fonction de la prétendue « preuve » que WikiLeaks aurait aidé activement l’ancien consultant de la NSA Edward Snowden à publier des documents classés exposant les vastes et illégales opérations d’espionnage de l’agence.

Lors d’une conférence de presse jeudi, le procureur général, Jeff Sessions, a indirectement donné du crédit à cette information, en disant : « Nous avons déjà commencé à intensifier nos efforts [contre les auteurs de fuites] et chaque fois qu’on peut préparer un dossier juridique, nous chercherons à mettre certaines personnes en prison. »

Il existe une urgence énorme pour développer une campagne la plus large possible en défense d’Assange. Il existe une possibilité réelle que la délivrance d’un mandat d’arrestation soit le prélude à la prise d’assaut de l’ambassade équatorienne à Londres, où Assange a été forcé de se réfugier pendant les cinq dernières années, ou bien à une opération dirigée par la CIA pour le kidnapper ou l’assassiner.

Le seul « crime » d’Assange a été de publier des informations sur les activités criminelles du gouvernement américain en Irak, en Afghanistan et dans le monde entier, ainsi que des actions antidémocratiques de l’establishment politique américain aux États-Unis, c’est-à-dire de transporter la mission d’un journalisme sérieux et fondé sur des principes.

Pour cela, les États-Unis et les gouvernements alliés du monde entier, avec le soutien total des médias contrôlés par les milieux d’affaires, l’ont pourchassé et menacé, ce qui l’oblige à s’isoler dans l’ambassade équatorienne sous la menace d’une arrestation immédiate s’il fait un pas en dehors du bâtiment. Les politiciens américains et les personnalités du renseignement ont appelé à son assassinat. L’Administration Obama et le gouvernement britannique ont cherché à utiliser des accusations sexuelles fausses déposées par la Suède pour déloger Assange afin qu’il puisse être extradé vers les États-Unis où il risquerait de passer sa vie en prison ou d’être exécuté.

En février 2016, un jury de défense des droits de l’Homme des Nations Unies a statué que la persécution d’Assange équivaut à une « détention arbitraire » et constitue une violation du droit international. Les États-Unis, la Grande-Bretagne et la Suède ont simplement ignoré la décision.

Pendant et après la campagne électorale américaine de 2016, Assange a été qualifié d’agent russe dans le cadre de la campagne, dirigée par le Parti démocratique en alliance avec la CIA, pour attiser une fièvre belliciste anti-russe et pour attaquer Trump depuis la droite comme étant « Trop mou » avec le président russe Poutine et le Kremlin. L’Administration Obama, la campagne Clinton et les agences de renseignement ont affirmé, sans aucune justification, que Moscou avait piraté les courriels de la campagne de Clinton et l’avait transmis à WikiLeaks.

WikiLeaks et le Kremlin ont tous deux nié que le gouvernement russe était la source des courriels, dont le contenu dévastateur – montrant les efforts systématiques de l’establishment du Parti démocrate pour saboter la campagne de Bernie Sanders aux primaires ainsi que les discours de Clinton et les discours luxueusement payés pour les banques de Wall Street – a été ignoré par les médias, qui ont largement soutenu la campagne de Clinton.

Maintenant, sous Trump, la vendetta contre Assange s’intensifie et se transforme ouvertement en une attaque directe contre la garantie de la liberté d’expression et de la presse qui se trouve dans le Premier Amendement de la Constitution américaine. La semaine dernière, le directeur de la CIA, Mike Pompeo, a prononcé un discours extraordinaire au Centre d’études stratégiques et internationales à Washington, dans lequel il a qualifié WikiLeaks « d’un service de renseignement hostile non étatique souvent encouragé par des acteurs étatiques comme la Russie. »

Pompeo, en novembre dernier, a soutenu que Snowden devait être mis à mort, a déclaré que Assange « n’a pas de libertés garanties par le Premier amendement ». Il a déclaré que les organismes d’information qui révèlent des secrets et des crimes gouvernementaux sont des « ennemis » des États-Unis et des individus qui révèlent des informations secrètes au sujet des crimes américains sont coupables de « trahison ».

Il s’agit d’une formule pour la suppression de toutes les sources d’information, les journalistes et les organisations qui refusent de rejoindre les médias sous contrôle des milieux d’affaires qui servent la propagande gouvernementale et ses mensonges. Dans son discours, Pompeo s’est mis à faire l’éloge des « organisations d’informations légitimes telles que le New York Times et le Washington Post », qui travaillent sous contrôle de la CIA, les qualifiant d’« extraordinaires organes de vérité ».

Pompée a ainsi déclaré implicitement que toute opposition au programme de guerre de la classe dirigeante et à l’austérité et au contrôle de l’oligarchie financière sur l’ensemble du système politique est illégale et une trahison, et que c’est la CIA qui déterminera quel discours est légal et quel discours est criminel.

Les remarques du directeur de la CIA et les préparatifs pour demander l’arrestation d’Assange sont liés à la poussée frénétique du gouvernement Trump, avec le soutien total du Parti démocrate et des médias, afin de faire escalader les guerres actuelles et d’en lancer de nouvelles que ce soit contre de la Corée du Nord, l’Iran ou même la Russie ou la Chine.

Ces initiatives suivent également la publication par WikiLeaks le mois dernier d’une énorme quantité de documents de la CIA sur les programmes de surveillance, de piratage et de cyberguerre de l’agence dirigés contre les peuples des États-Unis et du monde. Les documents révèlent, entre autres, les programmes de la CIA pour prendre le contrôle des téléphones portables, tels que les iPhone d’Apple, ceux fonctionnant sous le système d’exploitation Android, et ceux qui fonctionnent sous Microsoft Windows et de les transformer en périphériques sous leur contrôle pour surveiller les contenus des communications et les actions de leurs utilisateurs. WikiLeaks a promis de publier dans un futur proche une autre cache encore plus massive de documents de la CIA.

Pompeo dirige une agence qui n’a pas de pair en matière de criminalité, d’illégalité et de meurtre. Il a supervisé les assassinats et les coups de force, les escadrons de la mort fascistes formés et armés, soutenu et installé des dictateurs et organisé un programme de torture de détenus dans des « sites noirs » secrets dans le monde entier. Le nombre de personnes tuées par la CIA et ses alliés au cours des 69 ans d’histoire de l’agence se compte en dizaines de millions. Elle a longtemps été connue sous le nom de Murder Inc. pour une bonne raison.

L’assertion du gouvernement et de la presse contrôlée par des milieux d’affaires que Assange doit être réduit au silence pour « protéger le peuple américain » des terroristes est un mensonge méprisable. Il est bien connu que la CIA a armé et financé une foule d’organisations terroristes islamistes liées à Al-Qaïda dans la poursuite de ses intrigues et guerres néocoloniales pour le changement de régime en Afghanistan vers la Libye et la Syrie et au-delà.

 La diatribe hystérique de Pompeo a exposé que l'attaque contre Assange et d'autres dénonciateurs comme Edward Snowden et Chelsea Manning est une attaque contre les droits démocratiques de toute la population. C'est la composante domestique de la politique étrangère toujours plus téméraire du militarisme et de la guerre. Pompeo et les politiciens des deux grands partis soutenus par les milieux d’affaires sont bien conscients qu'il existe une forte opposition populaire à la guerre ainsi qu'un soutien généralisé, en particulier chez les jeunes, pour Assange et d'autres personnes qui osent exposer les secrets américains.

L’objectif est de faire un exemple d’Assange afin d’intimider l’opposition politique et de créer un précédent pour des formes dictatoriales toujours plus ouvertes.

(Article paru d’abord en anglais le 22 avril 2017)

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