Perspectives

Les États-Unis larguent la plus grande bombe non-nucléaire sur l’Afghanistan : un crime contre l’humanité

Le largage par l’armée américaine de la plus grande bombe non nucléaire dans son arsenal sur la frontière Afghanistan-Pakistan jeudi est un crime contre l’humanité. Alors même que le gouvernement des États-Unis et les médias de masse se livraient à une campagne de propagande mensongère dénonçant la Syrie et la Russie pour l’utilisation de gaz toxiques, l’armée américaine positionnait cette arme monstrueuse – Massive Ordance Air blast, MOAB (Bombe à effet de souffle d’artillerie lourde) – pour un usage en Afghanistan.

Alors que le Pentagone a publié peu de détails sur les effets du bombardement, on peut être certain que le nombre total de morts résultant du largage du MOAB est un multiple massif du nombre de personnes tuées dans la prétendue attaque au gaz en Syrie, en supposant, et cela n’est pas tout à fait une certitude, que cette attaque au gaz a même eu lieu.

Soixante-douze ans après la destruction d’Hiroshima et de Nagasaki, l’impérialisme américain a prouvé une fois de plus que c’est la force la plus impitoyable et criminelle de la planète.

L’utilisation du MOAB a des implications qui s’étendent au-delà de l’Afghanistan. Cela démontre, et c’est en fait le principal objectif de l’attaque, qu’il n’y a pas de contraintes sur ce que l’armée américaine est prête à faire dans la poursuite des intérêts de l’impérialisme américain.

Dans le contexte des tensions militaires croissantes dans la péninsule coréenne en Syrie et en passant par l’Europe de l’Est, la détonation de la bombe massive au-dessus de l’Afghanistan représente un avertissement à la Russie, à l’Iran, à la Corée du Nord et à tout pays qui ose contester les intérêts de Washington, qu’il n’y a pas de limite à l’étendu de la violence que l’impérialisme américain sera prêt à leur infliger.

La bombe, officiellement connue sous le nom de GBU-43 / B Massive Ordnance Air Blast désignée par le Pentagone comme la MOAB, ou « la mère de toutes les bombes », détone près de 10 tonnes d’explosifs dans l’atmosphère, enflammant cette dernière et créant une secousse violente qui oblitère tout dans un rayon d’un kilomètre. Ses ondes de choc sont capables de tuer les gens dans un rayon allant jusqu’à 2,7 km. L’effet de l’explosion est l’équivalent d’une bombe nucléaire pour les personnes piégées dans la zone cible.

Conçue pour être utilisée dans la campagne shock and awe (choc et effroi) contre l’Irak pendant l’invasion américaine de 2003, elle n’a jamais été utilisée lors de combats au cours de 14 ans. Alors même que le Pentagone a mené une guerre et une occupation qui ont coûté la vie à environ un million de vies irakiennes, l’arme était considérée comme trop destructrice pour servir les objectifs stratégiques américains.

La planification de l’utilisation de cette arme horrible en Afghanistan a commencé sous l’administration d’Obama.

Selon le commandement du Pentagone, cette véritable « arme de destruction massive » a été larguée pour la première fois sur une région isolée dans la province de Nangarhar, dans l’est de l’Afghanistan, afin d’effacer les cavernes et les tunnels supposément utilisés par des éléments de la filiale afghane de l’État islamique.

Il n’y a pas de justification tactique immédiate, et beaucoup moins stratégique, pour le largage d’une telle arme massive sur un petit groupe de guérilla islamiste mal armé – un groupe basé au Pakistan qui a simplement adopté le logo de l’État islamique. Par contre, l’attaque a tous les signes distinctifs d’une démonstration bien calculée de la force militaire américaine, la plus terrifiante qui pourrait être organisée à moins de faire une attaque nucléaire.

Le bombardement intervient une semaine après que Washington a commis un acte flagrant d’agression militaire contre la Syrie, tirant 59 missiles de croisière sur une base aérienne du gouvernement et tuant au moins 15 Syriens, la plupart civils.

Cette attaque était justifiée au nom de représailles pour une prétendue attaque aux armes chimiques attribuée au gouvernement syrien. Damas a nié l’utilisation de telles armes et, nonobstant les mensonges sans fin des médias occidentaux, toutes les preuves objectives indiquent une provocation organisée par la CIA et les combattants liés à Al-Qaïda, qu’elle soutient en Syrie.

Alors que le gouvernement et les médias américains débitaient une propagande de guerre sur « l’attaque » aux armes chimiques en Syrie, Washington se préparait à larguer sa plus grande bombe non nucléaire en Afghanistan.

Le Pentagone a affirmé qu’il « prenait toutes les précautions nécessaires pour éviter les pertes civiles par cette frappe ». De telles promesses, faites à maintes reprises pendant que l’armée américaine a tué des millions de personnes à travers le Moyen-Orient, ne valent absolument rien. Selon les reportages initiaux, il existe plusieurs villages proches de la zone cible et, en toute probabilité, les nombres de morts et blessés civiles seront très importants.

À ce stade, personne ne connaît le véritable nombre de victimes de cette attaque et, s’il revenait aux médias américains de s’en occuper, personne n’en serait jamais informé. Les mêmes éditorialistes pour les organes de la CIA comme le New York Times et les journaux télévisés des présentateurs qui ont radoté les dénonciations du régime d’Assad lancées par le gouvernement au sujet de la provocation aux armes chimiques en Syrie sont totalement indifférents à la perte de vies humaines causée par cette massive bombe américaine larguée sur l’Afghanistan.

De même, les médias ferment les yeux largement sur le carnage continu infligé par des bombes et des missiles américains aux peuples irakien et syrien. Mercredi, une attaque aérienne américaine dans l’ouest de Mossoul a tué 13 civils et en a blessé 17 autres, la plupart d’entre eux gravement. Le même jour, une agence des Nations Unies a décrit la dévastation infligée par le siège américain à la ville irakienne, où des centaines, voire des milliers, d’hommes, de femmes et d’enfants sont décédés : « Les maisons sont détruites. Les écoles et les centres de santé sont endommagés et les infrastructures publiques essentielles, y compris l’électricité et les réseaux de distribution d’eau sont en ruines », selon le rapport. Une destruction qui a fait des réfugiés sans-abri de plus de 300 000 personnes.

Dans l’intervalle, dans le nord de la Syrie, 18 combattants kurdes ont été tués par des « tirs d’alliés » dans une attaque aérienne américaine, tandis que le gouvernement syrien a signalé qu’une bombe américaine a touché un dépôt d’armes d’Al-Qaïda, dispersant ainsi des agents chimiques pouvant avoir tué des centaines de civils. Aucun de ces incidents n’a reçu de couverture significative ; encore moins ne provoquent-ils l’indignation morale de ceux qui versent des larmes de crocodile pour les victimes de l’attaque chimique alléguée pour laquelle le gouvernement syrien a été tenu responsable à tort.

Ces gens-là, pour qui se prennent-ils à faire la morale sur « les droit de l’Homme » et se faire passer pour des opposants au « terrorisme » ? Encore une fois, l’impérialisme américain a démontré au monde qu’il n’est lié à aucune contrainte du droit international, et encore moins celle de la moralité. Ses actions violentes et prédatrices sur la scène mondiale sont l’expression directe du caractère criminel et parasitaire de la classe dirigeante capitaliste américaine, personnifiée en la figure dégoûtante de Donald Trump.

Cette dernière atrocité survient quinze ans et demi après que les États-Unis ont envahi l’Afghanistan, ont renversé le gouvernement taliban, installant son propre régime de marionnettes et menant une guerre et une occupation sanglantes depuis. Les estimations prudentes ont établi le bilan du nombre de morts Afghans depuis 2001 à environ 200 000, avec des centaines de milliers de blessés et des millions de gens devenus des réfugiés. Dès le début, le but de cette intervention était de soumettre le peuple afghan à la domination semi-coloniale américaine et de faire avancer la politique de l’impérialisme américain à affirmer son hégémonie sur l’Asie centrale, région riche en énergies.

Le moment choisi pour le bombardement n’était pas fait au hasard. Il est intervenu à la veille des pourparlers prévus le 14 avril à Moscou sur un accord de paix en Afghanistan. La Russie a convoqué la rencontre avec la Chine et le Pakistan, avec la participation de neuf autres pays, dont l’Inde et l’Iran. Les talibans ont indiqué qu’ils pourraient y participer. Bien qu’il y ait été invité, Washington a omis de confirmer s’il allait y participer, et les commandants militaires américains ne cessent de faire des allégations sans fondements sur le soutien russe aux talibans.

Qu’une confrontation armée ait lieu entre des avions de guerre américains et russes dans les cieux de la Syrie, lors d’une frappe militaire contre la Corée du Nord ou pendant une provocation sur les frontières occidentales de la Russie, la prochain étape après la bombe larguée sur l’Afghanistan est le lancement de missiles nucléaires.

Les travailleurs et les jeunes aux États-Unis et à l’étranger doivent répondre à ces événements néfastes avec le plus grand sérieux et une détermination à empêcher le capitalisme américain et mondial d’engloutir la planète dans une troisième guerre mondiale nucléaire.

Des manifestations doivent être organisées à travers les États-Unis et partout dans le monde contre les dernières atrocités américaines en Afghanistan, en Syrie et en Irak dans le cadre de la lutte pour construire un mouvement anti-guerre de masse basé sur la classe ouvrière et le programme de l’internationalisme socialiste. Au cœur même de cette lutte, il est nécessaire de construire les Partis de l’égalité socialiste et le Comité international de la Quatrième Internationale – les seuls adversaires politiques constants de l’impérialisme mondial – comme la direction révolutionnaire de la classe ouvrière.

(Article paru en anglais le 14 avril 2017)

 

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