Les médias et la classe politique passent sous silence les préparatifs du PS pour un coup

Les principaux médias et partis politiques passent sous silence le reportage extraordinaire jeudi dans L'Obs, selon lequel le gouvernment PS sortant avait préparé un coup, dans l'éventualité d'une victoire de la candidate FN Marine Le Pen aux présidentielles du 7 mai.

On avait planifié une mobilisation majeure de la police pour écraser des manifestations antifascistes et une rupture avec les usages républicains afin d'imposer à Le Pen un premier ministre PS. Un haut responsable a déclaré à L'Obs que « Le pays aurait été à l'arrêt. Le gouvernement n'aurait eu qu'une seule priorité : assurer la sécurité de l'Etat ». Bref, tout en suspendant les usages démocratiques en France, le PS aurait gardé le FN au pouvoir et tenté d'étouffer l'opposition sur sa gauche.

Le silence assourdissant des médias sur ce reportage, avec l'absence de démentis officiels, est l'indication la plus claire que l'article de L'Obs, fondé sur des informations provenant de multiples hauts responsables anonymes du PS, est essentiellement correct.

L'article indique que des responsables PS accepteraient d'installer une dictature par un coup mené par le renseignement et la police, afin d'écraser une contestation de masse. Ceci n'est pas seulement une question abstraite sur ce qui se serait produit si Le Pen avait gagné le 7 mai. Les projets de Macron pour attaquer unilatéralement les salaires et les conventions collectives, et revenir au service militaire, provoqueront une large opposition. Il faut se demander si la police de Macron se prépare à utiliser des mesures semblables contre les travailleurs.

Interrogé par Le Figaro, le vice-président du FN, Louis Aliot, a dit que les projets du PS étaient « acte d'hostilité à la souveraineté du peuple. ... Cela aurait été une première et aurait évidemment posé un problème majeur pour Marine Le Pen en position de chef des Armées ». Aliot a toutefois essayé de minimiser l'affaire, en la traitant d' « inimaginable », et critiqué les affirmations du PS selon lesquelles il y aurait eu une violence massive au lendemain d'une victoire du FN : « Il n'y en aurait pas eu plus que pendant la loi El Khomri ».

Ni le PS ni les responsables PS au sein du gouvernement sous Macron n'ont jugé bon de faire un commentaire ou de démentir le reportage de L'Obs, et les médias télévisés ainsi que les journaux pro-PS dont Le Monde et Libération continuent à étouffer l'histoire, aussi.

La classe politique et les médias réagissent comme si le contenu de l'article – en clair, des projets pour suspendre les procédures parlementaires et imposer l'état de siège – serait sans importance. Contacté par des reporters du World Socialist Web Site (WSWS), les attachés de presse du PS, du Nouveau parti anticapitaliste (NPA), et de la France insoumise (FI) de Jean-Luc Mélenchon ont tous soit refusé de commenter le sujet, soit trouvé qu'elle était sans importance.

L'attaché de presse du PS a prétendu ne pas avoir lu l'article de L'Obs, même s'il a avoué avoir lu les reportages d'autres médias sur cet article : « Je le vois dans L’Express et dans Le Figaro, mais pas dans L'Obs ». Il a ensuite refusé de répondre aux questions du WSWS sur ce sujet et expliqué que toute autre question devrait être adressée à l'ancien premier ministre PS, Bernard Cazeneuve.

Les déclarations des diverses organisations de pseudo gauche au WSWS étaient complaisantes et sans sérieux. L'attachée de presse à la FI a dit au WSWS qu'elle n'avait rien à dire sur le sujet, et que si la FI estimait que cela méritait un commentaire, les porte-paroles du mouvement s'exprimeraient dessus. Ces porte-paroles ont depuis gardé un silence total sur le sujet.

L'attaché de presse du NPA contacté par le WSWS a dit : « Je l’ai vu. Mais j’avoue de ne pas avoir lu personnellement parce que ça faisait ce genre de titre sensationnel ». Il a ajouté que personne d'autre qui serait disponible au NPA ne pourrait commenter dessus, non plus.

Les reporters du WSWS ont remarqué que sous l'état d'urgence, des membres du NPA avaient été menacés de poursuites et interdits de manifestants ; ils ont demandé pourquoi dans ces conditions, le NPA s'intéressait pas davantage aux projets du PS pour attaquer les droits démocratiques. L'attaché a répondu : « C’est une question de temps, de s’occuper des affaires législatives. J’ai vu l’article, ça me semblait un peu le truc un peu sensationnel … voilà ».

Il a ajouté, « Je ne pense pas que le PS fait un coup contre le Front national et je pense que ce n’est pas sur l’ordre du jour et je pense que si le Front national arrivait au pouvoir il aurait eu des moyens extrêmement puissants contre nous, contre le PS ».

Il a toutefois avoué qu'en France, « Il y a eu un virage avec l’État d’urgence. Il y a eu un tournant policier de la philosophie, disons de l’État qui est très profond ». Interrogé sur la possiblité que l'Etat « très profond » pourrait suspendre le parlementarisme par un coup des services de sécurité, il a répondu : « Aujourd'hui, non. Après, je n'en sais rien ».

Le silence du PS et des médias apparentés PS, et l'attitude irresponsable de la FI et du NPA doivent servir d'avertissement à la classe ouvrière. Les forces qui depuis des décennies se font passer pour la « gauche » sont complaisantes et essentiellement indifférentes aux attaques menées contre les droits démocratiques par le PS, que Macron compte intensifier.

Le PS a imposé un état d'urgence en 2015 qui suspend des droits démocratiques fondamentaux et permet à la police de mener des perquisitions, de détenir des individus et les assigner à résidence et d'interdire les manifestations. L'état d'urgence a déjà servi à réprimer les manifestations et inciter une atmosphère islamophobe et militariste. Ceci a produit l'effondrement politique du PS, éliminé avec 6 pour cent des voix au premier tour des présidentielles.

A présent, Macron prend le pouvoir à la tête d'une fragile coalition de forces PS et de droite, avec un programme d'austérité et de militarisme largement impopulaire. Tout indique qu'il sera encore plus brutal que le PS dans ses méthodes répressives. Le reportage dans L'Obs, et encore plus la réaction des autres médias, soulignent que les attaques de Macron sur les droits démocatiques, voire des tentatives d'imposer une dictature en France, ne rencontreront que peu d'opposition des médias et des partis politiques établis.

Les déclarations des forces de pseudo gauche telles que la FI et le NPA, qui minimisent la portée de l'article de L'Obs, reflètent la banqueroute de leur politique petite-bourgeoise. Depuis près d'un demi-siècle, ces partis et leurs ancêtres se sont orientés vers le PS, à sa fondation en 1971, en rejetant le marxisme et la lutte de la classe ouvrière pour le pouvoir. Aujourd'hui, alors que le PS s'effondre et tourne violemment vers la droite, ils démontrent qu'ils n'ont rien à offrir à la classe ouvrière dans les énormes crises politiques et luttes révolutionnaires à venir.

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