Le gouvernement britannique soutient la course à la guerre contre la Corée du nord et la Chine

Un porte-parole du ministère britannique des Affaires étrangères a déclaré hier que le Royaume-Uni « continuerait à travailler avec les États-Unis et nos partenaires internationaux afin de maintenir la pression sur la Corée du Nord. »

Le communiqué poursuit : « Nous nous sommes toujours montrés clairs et directs dans notre condamnation du comportement déstabilisateur et illégal de la Corée du Nord, en soutenant notamment les résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU pour faire adopter des sanctions limitant la capacité de la Corée du Nord à poursuivre son programme d’armement nucléaire. »

La déclaration de Downing Street a été faite immédiatement après que le président Donald Trump ait menacé Pyongyang en promettant le « feu et la fureur » en réaction au programme d’armes nucléaires de la Corée du Nord. Elle vise à contraster avec l’Union européenne et les inquiétudes exprimées par l’Allemagne sur ce que le gouvernement de la chancelière Angela Merkel appelle une « escalade de la rhétorique » entre les États-Unis et la Corée du Nord.

Le porte-parole du ministère allemand des Affaires étrangères, Martin Schaefer, a déclaré que le « bruit des bottes » n’arrangeait pas les choses en « appelant toutes les parties à la retenue. » Schaefer a ajouté que l’Allemagne appuie une proposition du secrétaire d’État, Rex Tillerson, pour des entretiens avec la Corée du Nord ; et Catherine Ray, porte-parole de la Haute représentante de l’UE pour la politique étrangère, Federica Mogherini, a déclaré : « une paix durable et une dénucléarisation de la péninsule coréenne doivent être obtenues par des moyens pacifiques. » Pour Mogherini, « cela exclut l’action militaire. »

Quelles que soient les divergences entre les positions de Tillerson et de Trump, le gouvernement conservateur britannique mise son avenir post-Brexit sur le fait d’être l’allié le plus loyal des États-Unis dans toutes leurs actions militaires.

Le 27 juillet, le ministre des Affaires étrangères, Boris Johnson, avait déclaré en Australie devant un parterre d’hommes d’affaires et de politicien au Lowy Institut que le Royaume-Uni engagerait des porte-avions britanniques pour maintenir la « liberté de navigation » dans les eaux de la mer de Chine méridionale.

« L’une des premières choses que nous ferons avec les deux gros porte-avions que nous venons de construire, c’est de les envoyer en opération de maintien de la liberté de navigation dans cette zone », a-t-il déclaré. Ils patrouilleraient à seulement quelques encablures de la côte chinoise afin de « défendre notre foi dans le système international fondé sur des règles et dans la liberté de navigation sur ces voies d’eau qui sont absolument vitales pour le commerce mondial. »

Le ministre britannique de la défense, Michael Fallon, qui a accompagné le ministre des affaires étrangères lors du voyage, a ajouté : « Nous avons le droit à la liberté de navigation et nous exercerons ce droit. »

L’année dernière, l'armée de l'air britannique avait envoyé quatre avions militaires au Japon pour des exercices conjoints dans cette même région. Lors de sa présence en Australie, Fallon avait rappelé à ses hôtes : « Nous avions déployé en octobre dernier des Typhoons de la RAF au-dessus de la Mer de Chine méridionale et nous exercerons ce droit chaque fois que nous aurons la possibilité de le faire dès que nous aurons des navires ou des avions dans la région. »

Les tensions se sont intensifiées dans la mer de Chine méridionale suite aux déclarations belliqueuses et aux agissements du gouvernement Trump qui remet en cause le contrôle de la Chine sur les îles Spratley – construites ou élargies en mer de Chine méridionale par Pékin.

La marine américaine avait dépêché à trois reprises sous le gouvernement Obama des croiseurs lance-missiles dans la limite territoriale de 12 miles nautiques autour des îlots chinois. Au début de l’année, les États-Unis ont envoyé deux bombardiers dans la région, une semaine à peine après qu’un destroyer lance-missiles américain ait pénétré délibérément dans la limite territoriale de 12 miles nautiques revendiquée par la Chine près de l’île Triton et des îles Paracelse.

Au cours d’une visite ayant pour but la conclusion d’accords commerciaux post-Brexit, les deux ministres du gouvernement conservateur ont convenus avec leurs homologues australiens que les deux pays renforceraient les dispositions pour le partage d’informations classifiées en matière de défense, de sécurité et de la lutte contre le terrorisme ainsi que sur la conduite d’activités de coopération militaire menées dans la région Asie-Pacifique. Ils ont également discuté du déploiement de soldats dans des activités nationales de lutte antiterroriste sur le modèle de l’opération Temperer du Royaume-Uni – dans le cadre de laquelle des troupes furent déployées dans les rues de Grande-Bretagne en mai après les attentats de Manchester – et d’une loi récemment proposée en Australie.

Après avoir rencontré Johnson, la ministre australienne des Affaires étrangères, Julie Bishop, a déclaré que tous deux avaient abordé la question de la mer de Chine méridionale comme l’un des « défis » les plus pressants de la région Asie-Pacifique. La mer de Chine méridionale est l’une des routes maritimes les plus fréquentées du commerce mondial avec l’équivalent de 5000 milliards de dollars de marchandises y transitant par an.

Juste deux jours après son discours en Australie, Johnson a prévenu en réponse à un essai de missiles longue portée de Pyongyang : « Le Royaume-Uni se tiendra aux côtés de nos alliés et partenaires face à la menace croissante que pose la Corée du Nord à la sécurité régionale et internationale. »

Durant la campagne des élections générales britanniques du 8 juin, Johnson avait déclaré que la Corée du Nord devait être désarmée. S’exprimant au Conseil de sécurité de l’ONU, il avait dit : « La Grande-Bretagne se tient aux côtés de nos alliés pour indiquer clairement que la Corée du Nord doit obéir aux Nations unies et mettre fin à ses programmes d’armes nucléaires et de missiles balistiques – un démantèlement complet, vérifiable et irréversible. »

Les forces armées américaines, britanniques et norvégiennes sont en train d’achever des manœuvres militaires de 10 jours en mer du Nord qui avaient débuté quasiment au lendemain des déclarations faites par Johnson à Sydney.

L’exercice se déroulant au large de la côte nord-ouest de l’Écosse, le groupe aéronaval britannique a rejoint le porte-avions américain USS George H. Bush lors d’un exercice naval au nom de code Exercise Saxon Warrior.

L’opération comprend 15 bâtiments de guerre de différents pays de l’OTAN, plus d’une centaine d’avions et près de 10 000 membres des forces armées. Parmi les autres navires déployés, il y avait deux frégates de type 23 : la HMS Westminster et la HMS Iron Duke, ainsi que le destroyer USS Donald Cook, le croiseur lance-missiles USS Philippine Sea et la frégate norvégienne HNoMS Helge Ingstad.

L’exercice fut interrompu brièvement au moment précis où naviguait à côté de lui le porte-avions britannique HMS Queen Elizabeth – coût total 3 milliards de livres – qui venait d’être mis à l’eau. Il est actuellement en phase d’essais en mer avant son entrée en service. Long de 280 mètres et pesant 65 000 tonnes, le HMS Queen Elizabeth est le plus grand navire jamais construit pour la marine britannique. Le second des deux nouveaux porte-avions britanniques, le HMS Prince of Wales, est en cours d’aménagement avant sa mise en service qui est prévue en 2020.

L’USS George H. W. Bush y a participé après son déploiement au Moyen-Orient, où, selon le Daily Mail, ses avions de chasse ont « lancé plus de 30 frappes contre des cibles de l’ÉI. »

La marine américaine a déclaré que l’exercice avait eu lieu pour développer des « capacités opérationnelles spécifiques sur le théâtre d’opérations » et pour renforcer la coopération entre les forces multinationales. Cela présenterait une « myriade de défis à cette force combinée multinationale en créant un environnement de guerre diversifié et imprévisible qui s’appuie sur des scénarios géopolitiques et militaires inventés. »

Le UK Defence Journal a cité le commandant Eric Retz, responsable des opérations du second groupe aéronaval de la marine américaine, pour avoir déclaré : « Le Saxon Warrior testera tous les aspects de nos capacités opérationnelles en situation de guerre – des attaques aériennes à l’autodéfense du porte-avions. »

En amont du lancement du HMS Queen Elizabeth, les membres des forces armées britanniques avaient fait partie de l’équipage de l’USS George H. W. Bush afin d’« apprendre et d’améliorer leurs aptitudes individuelles et aussi collectives », a remarqué le Commodore Andrew Bretton, commandant du groupe aéronaval de la marine britannique.

La Grande-Bretagne n’avait plus été en mesure de déployer son propre porte-avions depuis que l’Ark Royal avait été retiré du service actif en 2011.

Bretton a déclaré à la Press Association : « Depuis plusieurs années nous n’avons pas participé à des opérations de groupes aéronavals et donc l’occasion d’apprendre de nos cousins américains est extrêmement appréciée et est vraiment cruciale pour nous permettre d’accélérer ce programme. »

Le capitaine Jerry Kyd, commandant du HMS Queen Elizabeth, a décrit la flotte que dirigent les États-Unis comme un « fantastique déploiement de force maritime ». Et, le fait que le commandant du groupe aéronaval britannique et ses hommes font partie de l’équipage à bord du porte-avions américain pour Saxon Warrior témoigne des liens étroits qui existent avec la marine américaine et de l’importance que les deux pays accordent à l’exécution du programme aéronaval du Royaume-Uni. »

Kyd a précisé : « Le HMS Queen Elizabeth entame un voyage où il générera son plein potentiel de mener la guerre et nous travaillons dur pour nous préparer à prendre notre place dans les opérations et au front aux côtés de nos alliés les plus proches. »

(Article original paru le 10 août 2017)

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