Le Royaume-Uni projette de soutenir une attaque militaire américaine contre la Corée du Nord

Le gouvernement britannique est en discussions avec le gouvernement Trump sur son rôle dans une confrontation militaire avec la Corée du Nord. Lundi, le Daily Mail a publié un article comprenant des informations détaillées sur les plans de l’armée britannique pour soutenir l’armée américaine. L’article citait des sources de la Royal Navy, du gouvernement et de fonctionnaires.

Le Daily Mail a dit qu’une guerre contre la Corée impliquerait l’envoi par la Grande-Bretagne d’une flotte vers la péninsule coréenne, comme ce que la Grande-Bretagne a fait dans sa guerre contre l’Argentine en 1982. Le Mail a déclaré : « Une option consiste à déployer le nouveau porte-avions britannique – dont la mise en service est prévue plus tard cette année – dans la région avant de réaliser des essais de vols ».

Dans cette optique, le vaisseau à 3 milliards de livres qu’est HMS Queen Elizabeth, transportant 12 avions chasseurs F-35B, rejoindrait les navires de guerre américains au large de la péninsule coréenne. Le porte-avions Queen Elizabeth est actuellement impliqué dans un essai en mer à proximité de son port d’attache Portsmouth et ne devrait pas entrer en service définitif avant 2020. Cependant, l’article a noté que le vaisseau « sera mis en service à la fin de cette année ». Il a ajouté que « des sources de la marine navale ont indiqué qu’il pourrait en principe être envoyé pour la guerre ».

L’article a constaté que « En 1982, le porte-avions HMS Illustrious a été mis en service tôt pour la guerre avec l’Argentine ». Le reportage a cité une « source de la marine » disant : « Aux Malouines, nous avons dû réagir à un événement et la préparation de HMS Illustrious a été accéléré pour y répondre. Cependant, c’était une réaction pour protéger le territoire britannique. Dans ce cas [la Corée du Nord], le Royaume-Uni ferait partie d’une coalition mondiale unie. Nous verrions quel soutien nous pourrions fournir. »

Le journal a également cité : « [une] source gouvernementale haut placée, qui a dit, “Nous avons beaucoup de navires à envoyer […] les destroyers de Type-45, les frégates de Type-23. Le nouveau porte-avions britannique pourraient être mises en service tôt si les choses tournent mal”. »

Les informations citées par le Daily Mail ont également été rapportées dans le Telegraph, le Daily Express, le Sun et le Metro.

L’article du Mail suit le discours belliqueux prononcé la semaine dernière par le ministre britannique de la défense, Sir Michael Fallon, à la conférence annuelle du Parti conservateur. Une partie substantielle de son discours portait sur la nécessité de se préparer à un conflit armé futur.

Fallon a mis en garde contre la menace accrue d’une « agression russe », affirmant que Moscou était engagé dans « le plus haut niveau d’activité sous-marine depuis la guerre froide », avec « des milliers de soldats menant des exercices aux frontières de l’OTAN ». Il a omis de dire que les troupes de l’OTAN sont maintenant déployées de façon permanente à la frontière occidentale russe, où le Royaume-Uni joue un rôle clé.

Il a déclaré à la conférence que la Grande-Bretagne avait déjà une présence armée dans 25 pays, mais ce qu’il fallait immédiatement, c’était « d’intensifier notre réponse ».

« Le tir de missiles balistiques par la Corée du Nord au-dessus du Japon » était une « menace pour notre sécurité ». À partir de là, il a dit : « De l’Asie Pacifique au Moyen-Orient et à l’Europe, nous renforçons nos liens de défense avec nos alliés et partenaires. Et nous n’avons pas plus grand allié que les États-Unis. »

Il a ajouté : « Le secrétaire américain à la Défense, Jim Mattis est un véritable ami de notre pays avec lequel je travaille étroitement sur les questions de la Russie, la Corée du Nord et dans la campagne contre Daech [l’État islamique]. »

Fallon a déclaré que son gouvernement « renouvelait notre dissuasion nucléaire », y compris « la construction de quatre sous-marins de classe Dreadnought ». La Grande-Bretagne répond déjà, à l’insistance des États-Unis, à l’objectif que les membres de l’OTAN dépensent 2 pour cent de leur PIB sur la défense, a-t-il dit, ajoutant que la Grande-Bretagne a le cinquième plus important budget de défense dans le monde. Mais « nous devrions viser à faire mieux encore ».

Dans une autre référence sans équivoque à l’égard de la Corée du Nord, Fallon a déclaré que le Royaume-Uni déploierait « nos navires, nos avions et, oui, nos troupes sur le terrain là où notre aide est sollicitée par nos alliés ».

Le gaspillage de milliards de livres supplémentaires pour les dépenses militaires a été exigé par Sir Gerald Howarth, un ancien ministre de la défense du précédent gouvernement de David Cameron. Lors d’une réunion en marge de la conférence sur la politique de défense qu’il a présidée, M. Howarth a déclaré : « Je suis aux côtés de ceux qui ont quitté les forces armées qui croient que le budget est insuffisant […] Nous avons besoin de plus de navires, d’hommes et d’approvisionnements. Je pense que le budget doit être augmenté. »

Fallon a déclaré lors de la même réunion qu’après les opérations militaires désastreuses en Afghanistan et en Irak, « je ne pense pas que cela nous oblige à nous dire qu’il ne sera plus jamais question de déployer des troupes de combat. Je pense que cela est beaucoup trop général et je pense que nous devons être prêts à préparer notre public. »

Il a poursuivi : « Si vous avez ceci et que l’on vous demande de l’aide dans une situation particulière où il n’y a pas ces forces locales, puis il y a peut-être des circonstances dans lesquelles nous devrions être prêts à le faire [déployer des troupes de combat] à nouveau. Je ne pense pas que nous devrions être trop sensibles à ce sujet. »

Après avoir succédé à Cameron après le référendum sur le Brexit de l’année dernière, Theresa May a déclaré qu’elle serait disposée à déclencher une frappe nucléaire qui tuerait 100 000 hommes, femmes et enfants. Fallon a répété la menace que son gouvernement était prêt à utiliser des armes nucléaires contre la Corée du Nord ou un autre adversaire.

En s’en prenant aux déclarations du dirigeant travailliste Jeremy Corbyn selon lesquelles il ne lancerait pas « une première frappe » nucléaire, Fallon a dit aux applaudissements : « C’est très facile pour Jeremy Corbyn à dire qu’il n’utiliserait jamais d’armes nucléaires, mais Manchester et Londres sont plus proches de Pyongyang que Los Angeles. Être préparé, dans les circonstances les plus extrêmes, à utiliser les armes nucléaires, c’est ce qui sépare un Premier ministre d’un pacifiste. »

Le mois dernier, l’Institut royal des services pour l’étude de la défense et de la sécurité a publié un article intitulé « Se préparer à la guerre en Corée », rédigé par Malcolm Chalmers, qui disait de façon apocalyptique : « Pendant cette première phase de la guerre, de lourdes pertes – militaires et civiles – sont à prévoir des deux côtés. Des dizaines – et peut-être des centaines de milliers de personnes seraient tuées dès la première semaine, et beaucoup plus blessées et traumatisées. De grandes parties de la Corée du Nord et de la Corée du Sud deviendraient des scènes de carnage, provoquant des millions de réfugiés à la recherche d’un abri dans des zones épargnées par la destruction initiale, et beaucoup d’entre eux tenteraient de fuir vers les pays voisins. »

L’article avertit : « Si des armes nucléaires étaient utilisées, les dégâts pourraient être beaucoup plus importants. Une seule arme nucléaire utilisée contre Séoul pourrait entraîner des centaines de milliers de morts supplémentaires en une semaine et un plus grand nombre de blessés et de malades ».

(Article paru en anglais le 10 octobre 2017)

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