Les syndicats se disent « effarés » des ordonnances de la loi travail qu’ils ont eux-mêmes négociées avec Macron

Les syndicats des Transports ont rencontré la semaine dernière le ministre des Transports et le patronat alors que la CGT et FO ont lancé un appel à une grève des routiers isolée, reconductible contre la loi travail. Les syndicats se sont « effarés » des attaques contre les routiers que préparent les ordonnances de la loi travail qu’ils ont eux même négocié avec le gouvernement.

Jeudi dernier, la ministre des Transports, Elisabeth Borne, les fédérations patronales et les syndicats ont eu des discussions « très tendues », selon la presse. Les syndicats auraient appris selon Jérôme Vérité de la CGT, « avec stupeur que les ordonnances venaient impacter les frais de route », ce qui représente un « coup de tonnerre » pour la profession. Vérité s'est dit « effaré » à la sortie de la réunion du ministère. La CFDT a décrit des « discussions très tendues avec un patronat qui ne veut lâcher absolument rien ».

Les frais de route que le gouvernement compte remettre en cause reprennent différentes primes comme les paniers repas, les frais de découchement qui peuvent représenter une perte de « 1.000 euros par mois sur la fiche de paie pour un conducteur zone longue », selon Jérôme Vérité. FO parle d’un manque à gagner entre « 600 et 1.200 euros par mois » selon le type de mission.

Les ordonnances permettent la remise en cause, entreprise par entreprise, de "toutes les primes" qui jusqu'à présent étaient garanties par les conventions collectives, c'est-à-dire les frais de route, primes d'ancienneté ou encore le 13e mois dans le transport routier de voyageurs, a indiqué à l'AFP Christian Cottaz pour la CFDT. Les syndicats ont demandé à ce que les primes soient sanctuarisées, mais "le patronat ne veut rien lâcher", selon Patrice Clos de FO.

Cette consternation est particulièrement cynique, car les syndicats ont eux-mêmes négocié les ordonnances avec le gouvernement. En plus, c'était l'ambition du gouvernement dès la proposition de la loi travail en 2016 que de permettre aux patrons d'exercer un chantage à l'emploi en exigeant des baisses de salaires en contrepartie pour la conservation des emplois.

A présent, les travailleurs ont une indication très concrète du contenu social des réformes du PS et de Macron. Sur un salaire mensuel brut moyen de €2.600 pour les routiers, un travailleur perdrait 23 à 46 pour cent de son salaire.

Malgré ces calculs et leurs déclarations hypocrites qu'ils sont consternés, les bureaucrates syndicaux continuent leur « dialogue » pour négocier la destruction des acquis avec le gouvernement.

Dans un communiqué du ministère des Transports, la ministre dit avoir « pris acte » du fait que « de nouveaux sujets sont apparus lors de la discussion. Ces sujets vont être expertisés, et le dialogue doit se poursuivre dans un esprit constructif et responsable ».

L'expertise devra porter sur "les frais de déplacement spécifiques aux chauffeurs routiers", précise le communiqué, qui ajoute qu'Elisabeth Borne a "proposé par ailleurs que les accords d'entreprise sur les rémunérations dans le transport routier fassent l'objet d'un suivi par les observatoires de la négociation, prévus par les ordonnances, en lien avec les instances nationales de branche".

Une nouvelle rencontre est prévue le 4 octobre entre syndicats et fédérations patronales ou seraient évoqués les éléments liés à la rémunération comme l’ancienneté. C’est à cette date-là que la CGT et FO vont demander aux routiers des suites à donner au mouvement reconductible. La CFDT et la CFTC n’ont pas encore indiqué s’ils appelleraient à une mobilisation le 10 octobre.

La consternation des syndicats face aux attaques prévues par les ordonnances de Macron est particulièrement cynique. Depuis des mois, ils négocient ces ordonnances, saluant le « dialogue » instauré entre eux-mêmes et le gouvernement. Durant toute cette période, les syndicats ont bloqué la colère des travailleurs contre les ordonnances afin de stabiliser le gouvernement pour qu’il puisse mener la destruction des acquis sociaux.

Les syndicats – face à la montée de l’opposition, et avec le soutien du gouvernement, puisque comme l’a révélé Le Canard enchaîné plusieurs réunions secrètes ont eu lieu avec la CFDT et FO – ont appelé à des journées d’action et des grèves par roulement.

La CGT et FO ont appelé les routiers à ce mobiliser mais n’ont ni l'intention de bloquer les dépôts de carburant hautement stratégiques pour le gouvernement, ni d’appeler les travailleurs des raffineries et des autres branches à s’unir avec les routiers. Les syndicats sont conscients qu’il existe une profonde opposition à la loi travail et au gouvernement Macron. Sept Français sur dix sont opposés à ces ordonnances.

Les syndicats ont dû appelé à des journées de grève pour ne pas se faire déborder par un mouvement plus large des travailleurs. C’est pourquoi ils ont lancé des grèves isolées par roulement, qui servent à épuiser et à démoraliser l’opposition ouvrière et à faire dérailler des grèves qu'ils savent pourraient prendre de l'ampleur et finir par renverser le gouvernement.

Les attaques contre les primes des routiers font partie de l'attaque plus large contre les salaires et les acquis menée par les gouvernements à travers l'Union européenne. Après la destruction par l'UE et une suite de gouvernements à Athènes des acquis des travailleurs grecs, l'aristocratie vise à présent la classe ouvrière française. Tous les acquis de générations de luttes ouvrières au 20e siècle

Les milliards d’euros qui seront dégagés de l’exploitation plus féroce de la classe ouvrière serviront à financer les guerres impérialistes que Macron veut intensifier dans les anciennes colonies françaises, tout comme les 4,5 milliards d'euros de cadeaux faits à la bourgeoisie par l’Etat avec la réforme de l’ISF.

Mélenchon qui lors d’un débat télévisé avec le premier ministre Edouard Philippe a qualifié ce dernier d’homme « cultivé et construit intellectuellement » ne représente en rien une alternative pour les jtravailleurs. Dans son discours sur Marseille, il avait affirmé vouloir travailler avec Macron et à plusieurs reprises déclarées être prêt à gouverner. Lors de sa dernière manifestation, il a annoncé qu'il voulait que les syndicats restent à la tête des mobilisations ouvrières.

Ceci est un avertissement lancé à tous les travailleurs. Les syndicats et les entreprises se préparent à lancer une baisse généralisée des salaires. Ceci nécessite pour la classe ouvrière la rupture avec les organisations syndicales complices des ordonnances et de leurs alliés de la pseudo gauche, qui bloquent une lutte politique indépendante de la classe ouvrière contre Macron.

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