Le sommet de l’OTAN accélère les préparatifs de guerre contre la Russie

Mercredi et jeudi, les ministres de la Défense des pays de l’OTAN se sont réunis à Bruxelles pour discuter des plans d’une escalade militaire majeure en Europe. Alors que le gouvernement Trump alimente le conflit avec la Russie et la Chine dans le Pacifique avec des menaces d’attaque nucléaire américaine contre la Corée du Nord, l’OTAN prévoit une modernisation majeure de ses installations militaires en Europe pour mener une guerre avec la Russie.

L’OTAN prévoit deux nouveaux grands centres de commandement militaire en Europe. L’un, probablement en France ou au Portugal, coordonnerait des opérations navales à grande échelle pour transporter des troupes américaines en Europe et détruire des navires de guerre russes dans l’Atlantique. L’autre, probablement en Allemagne ou en Pologne, coordonnerait le transport terrestre des forces de l’OTAN à travers l’Europe pour attaquer la Russie, notamment en veillant à ce que les frontières intérieures en Europe n’arrêtent pas le transit rapide des forces de frappe de l’OTAN vers l’est.

Dans son article qui passe en revue ces plans avant le sommet, le magazine d’information allemand Der Spiegel a carrément écrit : « En langage clair : l’OTAN se prépare à une éventuelle guerre avec la Russie ».

Lors de sa conférence de presse à Bruxelles, le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, a tenté d’imputer la responsabilité de la Russie de cette situation. « Nous avons réduit la structure de commandement à la fin de la guerre froide, car les tensions ont diminué », a déclaré Stoltenberg, « mais nous avons vu une Russie qui a investi de nombreuses années dans ses capacités militaires, modernisé ses capacités militaires, et qui n’exerce pas seulement ses forces conventionnelles, mais aussi ses forces nucléaires, et que l’on a vu utiliser la force militaire contre un voisin : l’Ukraine […] L’OTAN doit être capable de répondre à cela. »

Les affirmations selon lesquelles le renforcement de l’OTAN est une réponse à l’agression russe sont des mensonges politiques. La Russie effectue des exercices militaires sur son propre sol. C’est l’OTAN qui, après un quart de siècle de guerres au Moyen-Orient, a renversé un gouvernement ukrainien pro-russe par un coup d’État à Kiev en 2014, qui envoie ses troupes jusqu’aux frontières de la Russie. Les menaces de Trump d’annihiler la Corée du Nord avec « un feu et une furie comme le monde n’en a jamais vu », lancées à l’occasion de l’anniversaire du bombardement atomique américain de Nagasaki cette année, étaient un signe indubitable du rôle agressif et, franchement, insensé des puissances impérialistes de l’OTAN.

Au sommet de Bruxelles, les responsables de l’OTAN ont clairement indiqué qu’ils prévoyaient une guerre terrestre majeure contre la Russie, qui possède le deuxième plus grand arsenal nucléaire du monde après les États-Unis. Le ministre lituanien de la Défense, Raimondas Karoblis, a déclaré que la construction de nouvelles bases était essentielle, car le retard dans le transport des troupes et des armes à travers l’Europe pour combattre l’armée russe signifiait « plus de pertes et des risques supplémentaires […] le temps est très important ici. »

Expliquant les commentaires de Karoblis, le Washington Post affirmait que « la rapidité avec laquelle l’OTAN peut réagir à toute agression russe pourrait faire la différence entre combattre pour défendre les frontières de l’OTAN et des combats beaucoup plus durs pour reprendre du territoire déjà perdu. »

De telles discussions sur la planification de la guerre de l’OTAN cachent au public que ce que l’OTAN projette est une guerre qui dégénérerait rapidement en un échange nucléaire dévastateur entre l’OTAN et la Russie qui ferait des centaines de millions, voire des milliards de morts.

Ceci est largement reconnu par les fonctionnaires du gouvernement et les analystes de la politique étrangère. Mike Kofman, du US Center for Naval Analyses, a écrit que le « problème de la fixation sur la dissuasion de guerre conventionnelle dans la lutte balte est que, comme dans l’ancienne impasse entre l’OTAN et le Pacte de Varsovie, cette guerre présente des possibilités d’escalade nucléaire. La plupart des experts russes que je connais dans la communauté de l’analyse militaire, y compris ceux de Russie, pensent pas vraiment qu’il y ait une chance qu’une bataille conventionnelle avec l’OTAN reste conventionnelle. »

Passant en revue le risque d’une guerre entre l’OTAN et la Russie dans les pays baltes, le site Web américain National Interest a commenté : « Une telle guerre dégénérera presque certainement en une guerre nucléaire complète entre les deux superpuissances nucléaires de la planète – ce qui veut dire que tout le monde est perdant. »

Néanmoins, le sommet de Bruxelles a agressivement poussé un renforcement de l’OTAN dans les États baltes et en Scandinavie contre la Russie. La Finlande s’est jointe à onze autres pays dans le cadre d’un programme visant à acquérir de vastes stocks de missiles américains air-sol de haute précision. Cela s’est produit après que la Suède a organisé son plus grand exercice militaire depuis 23 ans en septembre, avec 19 000 soldats suédois et des forces américaines, françaises, danoises, finlandaises, norvégiennes, estoniennes et lituaniennes. En mars, la Suède a rétabli la conscription dans une politique qui, selon les responsables de la défense, visait à préparer le pays à la guerre contre la Russie.

Plus largement, le sommet de l’OTAN a discuté des plans de guerre partout dans le monde. Les puissances de l’UE se sont engagées à envoyer 3000 soldats de plus pour participer à l’occupation de l’Afghanistan par les États-Unis. Dans la foulée de l’escalade des tensions entre la Turquie et ses principaux alliés de l’OTAN, les États-Unis et l’Allemagne, un accord aurait été conclu entre la Turquie, la France, l’Italie et l’Espagne pour collaborer au développement de systèmes de missiles pour la Turquie.

Ce mouvement de guerre est objectivement enraciné dans les politiques menées par les puissances de l’OTAN, dirigées par les États-Unis, depuis la dissolution stalinienne de l’URSS en 1991. Washington mena des guerres avec le soutien de diverses puissances européennes en Irak, en Yougoslavie, Afghanistan, Libye, Syrie et au-delà. Alors que Washington voulait utiliser sa puissance militaire pour cimenter son hégémonie mondiale en tant que puissance dominante dans l’alliance de l’OTAN et dominer la masse continentale eurasienne, ces guerres se sont avérées être des déboires horribles, sanglants et coûteux qui ont fait des millions de morts.

Tandis que Washington menace de lancer une guerre majeure en Asie de l’Est, visant en fin de compte à briser l’élan du défi croissant posé par la Chine aux intérêts impérialistes américains par la Chine, les conflits s’intensifient également au sein même de l’OTAN. Surtout après la décision de l’Allemagne de remilitariser sa politique étrangère, depuis l’élection de Trump et la décision de retrait britannique de l’Union européenne (UE) en 2016, qui a retiré de l’UE le meilleur allié militaire des États-Unis en Europe, les tensions entre les puissances majeures de l’OTAN ont explosé.

Ces tensions sont apparues peu de temps après l’élection de Trump, lorsque Trump a menacé d’imposer des tarifs douaniers pour tenter de couper les exportations de voitures allemandes vers les États-Unis.

Dans un document de prospective consulté par Der Spiegel, intitulé « Perspectives stratégiques 2040 », l’armée allemande prévoyait la possibilité d’une « désintégration de l’UE » et l’éruption de guerres à travers l’Europe. Après des « décennies d’instabilité », écrit-il, on pourrait avoir une situation où « l’élargissement de l’UE est largement abandonné, d’autres États ont quitté l’UE et l’Europe a perdu sa compétitivité mondiale dans de nombreux domaines. Le monde de plus en plus désordonné, parfois chaotique et conflictuel a radicalement changé l’environnement de sécurité allemand et européen. »

Dans ces conditions, les responsables de l’OTAN ont souligné leurs projets de collaboration continue avec l’UE alors même que les pays de l’UE, menés par l’Allemagne et la France, ont annoncé des plans pour un pacte militaire commun. La Coopération structurée permanente (PESCO), qui sera signée à Bruxelles le 13 novembre, serait destinée à mettre en commun des ressources pour créer des systèmes d’armement conjoints, à mettre en place une structure de commandement militaire et à faciliter les opérations conjointes de différentes nationalités. Cependant, ce pacte exclurait non seulement les États-Unis, mais aussi la Grande-Bretagne, qui quitte l’UE.

Les responsables de l’OTAN, conscients de la large opposition à la guerre avec la Russie dans la population européenne, ont proposé que l’UE aide à coordonner les efforts politiques plus larges visant à promouvoir la guerre. L’OTAN sera en pourparlers étroits avec les gouvernements, les banques, la police et les services de renseignement à travers l’Europe qui sont chargés d’essayer d’imposer des plans de guerre à la population européenne.

Stoltenberg a déclaré : « Bien sûr, la mobilité militaire ne concerne pas seulement les militaires. Cela nécessite une approche pan-gouvernementale. Il est donc important que nos ministres de la défense sensibilisent nos ministres de l’intérieur, des finances et des transports aux exigences militaires. »

Le danger principal dans cette situation est que de larges masses de la classe ouvrière en Europe et dans le monde ne sont pas conscientes du fait que la possibilité d’une guerre mondiale catastrophique est vraiment pressante, et à quel point les pertes d’un tel conflit seraient dévastatrices. C’est pourquoi le WSWS souligne l’urgence de construire un mouvement anti-guerre international fondé sur la classe ouvrière et une perspective socialiste et anti-impérialiste, et demande le soutien actif de ses lecteurs dans la diffusion de ses textes contre la guerre.

(Article paru d’abord en anglais le 8 novembre 2017)

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