Le collectif «Pou La Gwiyann dékolé» veut démobiliser la grève en Guyane

Après 3 semaines de grève contre la vie chère et les bas salaires, le collectif «Pou La Gwiyann dékolé» et le syndicat UTG jouent sur les présidentielles à venir et la pression financière qui s’exerce sur les grévistes pour tenter démobiliser le mouvement.

La Guyane est rentrée dans sa troisième semaine de grève générale organisée par les 37 syndicats réunis au sein de l'Union des travailleurs guyanais. L’UTG voulait prendre le contrôle d’un mouvement lancé une semaine plus tôt par des salariés des secteurs de la santé, des transports et de l'énergie qui réclamaient des augmentations de salaire, plus d'emplois, et une amélioration des services publics. Ces grèves avaient été déclenchées pour la plupart indépendamment des syndicats.

Le port de Cayenne, neutralisé par la grève générale, ne décharge plus de containers provoquant la pénurie des produits frais dans les magasins. Les barrages sur les routes touchent également l'aéroport de Cayenne ; aucun fret aérien ne parvient sur ce territoire qui n'est relié à aucun autre port par voie terrestre.

Face au blocage des routes et à la pénurie alimentaire dans les magasins, plusieurs centaines de personnes ont manifesté ce mardi à Kourou, où se trouve le centre spatial, défilant derrière une banderole «Pou La Gwiyann circulé». Ce nom résonne en écho au collectif «Pou La Gwiyann dékolé», qui dirige le mouvement social depuis trois semaines. C'était la première manifestation réclamant la fin des barrages.

A cette occasion, «une main courante pour faire constater au procureur qu'on n'a pas accès à la libre circulation», signée par quelque «250» personnes.

Selon Rodolphe Alexandre, président de la Collectivité Territoriale de Guyane, « La situation économique et sociale est en pleine déliquescence, les dépôts de bilan s’enchaînent et les tensions s’accumulent au sein de la population ». Il a également exigé la fin de la grève, en proposant de « mettre à profit le temps qui nous sépare de l’élection présidentielle et de la nomination d’un nouveau premier ministre et de son gouvernement pour permettre à la Guyane (…) de reprendre son souffle ».

La grève est l'expression d'une profonde colère sociale qui se développe parmi les travailleurs et les classes laborieuses après cinq années d'austérité sous le PS et François Hollande.

Arrivés en Guyane, les ministres Bareigts PS et Fekl ont pris une trentaine d'engagements au nom de l'Etat, pour plus d'un milliard d'euros sur cinq voire dix ans, selon les investissements. Après le rejet par le collectif "Pou La Gwiyann dékolé" de ce plan d'investissement, le PS a refusé le projet proposé par le collectif pour 2,5 milliards d'euros en investissements pour la santé, l'éducation, l'emploi et le logement. Hollande et Cazeneuve veulent laisser les manifestations s'user en jouant sur le temps et les élections présidentielles du 7 mai.

Les grévistes ont réagi en intensifiant leur action. Le mardi 4 avril, un rassemblement de 11.000 personnes s'est déroulé devant le Centre spatial guyanais (CSG), d'où décollent les fusées européennes Ariane sur Kourou, au lendemain d'une journée "ville morte" à Cayenne.

Alors que les blocages devaient se poursuivre cette semaine, avec unt durcissement des barrages à partir du 10 avril, les collectifs dirigeant la grève générale ont assoupli les barrages, les rendant plus ou moins filtrant en fonction des heures et des jours. Des divisions apparaissent entre les nombreux acteurs de la plate-forme de revendications.

Davy Rimane, le secrétaire général de l’UTG à EDF Guyane et l’un des porte-parole du collectif qui coordonne le mouvement, explique : « Mais on sait que pour certains compatriotes, c’est compliqué. Nous discutons entre tous les collectifs, on verra si ça évolue ou pas. Ce mardi, c’est reconduit, après on verra. Nous attendons des précisions sur les accords signés qui ne sont pas encore validés. ».

Le seul moyen d'aller de l'avant est d'ôter le contrôle des luttes à l’UGT et aux collectifs, et de faire appel à une plus large mobilisation des travailleurs à travers la France. Ces organisations ont isolé volontairement les travailleurs guyanais des travailleurs des autre DOM-TOM et de la métropole, en promouvant des revendications indépendantistes, coupant ainsi la grève d’un mouvement plus large des travailleurs contre le PS. L’UGT et les collectifs négocient tacitement avec l'Etat, derrière le dos des travailleurs.

Les travailleurs guyanais ne peuvent rien attendre de l’accord qui sera négocié avec le PS. La grève générale en Guadeloupe il y a huit ans a démontré que les miettes que négociera le gouvernement avec l’UGT et les collectifs ne changeront en rien la pauvreté en Guyane.

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