Perspectives

Le monde est au bord de la guerre

Mardi, des responsables américains ont fait une série de déclarations extraordinaires et provocatrices dirigées contre la Corée du Nord, ce qui souligne le danger croissant de l’éruption d’une guerre majeure dans le Pacifique.

« Il n’y a plus de temps, et toutes les options sont sur la table » pour faire face à la Corée du Nord, a déclaré un responsable américain aux journalistes. Après l’essai de tir d’un autre missile balistique par la Corée du Nord dans la mer du Japon mardi soir, le secrétaire d’État américain, Rex Tillerson, a fait une déclaration sommaire et sinistre, à savoir que : « Les États-Unis ont assez parlé à propos de la Corée du Nord. Nous n’avons plus de commentaires. »

Les implications de ces déclarations énigmatiques et menaçantes sont devenues encore plus claires avec des déclarations du général à la retraite John « Jack » Keane, un haut conseiller de la campagne de Hillary Clinton qui a refusé la proposition de Trump d’être son secrétaire à la Défense en novembre.

« Une frappe préventive contre les installations de lancement, les sites nucléaires souterrains, les batteries d’artillerie et de roquettes et les dirigeants du régime, peut être la seule option qui reste sur la table », a déclaré Keane au Times de Londres mardi. « Nous nous dirigeons rapidement et dangereusement vers une option militaire. »

Samedi, le président américain Donald Trump a déclaré qu’il est prêt à lancer une guerre contre la Corée du Nord « unilatéralement. »

L’ancien secrétaire à la Défense Ashton Carter, un partisan de l’escalade militaire des États-Unis contre la Chine et la Corée du Nord, a déclaré le week-end passé qu’une opération militaire américaine contre la Corée du Nord « aurait une intensité de violence que nous n’avons pas vu depuis la guerre de Corée [1950-1953] », qui a coûté la vie à près de trois millions de personnes.

Alors même que la Maison Blanche menace de déclencher un conflit militaire majeur dans le Pacifique, les médias américains réclament une nouvelle escalade en Syrie en réponse à ce qu’ils prétendent être une attaque d’armes chimiques par le gouvernement de Bachar Al-Assad.

Les États-Unis, la Grande-Bretagne et la France ont proposé une résolution du Conseil de sécurité des Nations Unies condamnant l’attaque, et qui devrait être présenté au vote mercredi. Dans une déclaration, Trump a condamné « les actions abominables du régime de Bachar al-Assad, » dont il a imputé la responsabilité à « la faiblesse » de son prédécesseur Barack Obama.

Les États-Unis sont en train de déployer des centaines de troupes supplémentaires en Irak et en Syrie, sans aucun débat ou discussion public. La semaine dernière, un porte-parole du Pentagone a déclaré au Los Angeles Times que, « La coalition n’annoncera pas régulièrement ni ne confirmera les informations sur les capacités, le nombre de soldats, les lieux, ou le déplacement des forces à l’intérieur ou en dehors de l’Irak et de la Syrie. »

Trump a réitéré ce point dans une interview avec le Financial Times le week-end passé, en disant : « Je ne suis pas les États-Unis du passé qui vous disent où nous allons frapper au Moyen-Orient… Pourquoi parlent-ils ? Il n’y a aucune raison de parler. »

Le conflit qui fait rage en Syrie et le potentiel d’une « frappe préventive » contre la Corée du Nord sont en fait des combats par forces interposées dans le conflit entre les États-Unis et leurs adversaires géopolitiques les plus importants : la Chine et la Russie, contre lesquelles les États-Unis dirigent directement l’accentuation de leur posture militaire.

Au cours du week-end, 1350 troupes complémentaires des forces de l’OTAN de la présence avancée renforcée en Europe de l’Est sont arrivées à Orzysz en Pologne nord-est. Ces soldats, avec des milliers d’autres de l’OTAN déployés en Pologne, Estonie, Lettonie et Lituanie, ont été déployées pour lutter contre « l’agitation violente de la Russie et l’agression russe », selon Tillerson.

En quelques jours, Trump devrait encore exacerber les tensions avec la Russie en annonçant la réponse des États-Unis à des violations alléguées du Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (INF) par la Russie. Les médias comme le New York Times clament qu’elles devraient être l’occasion de faire encore monter augmenter les tensions entre les États-Unis et la Russie.

Vendredi, Trump a aussi signé deux décrets favorisant la politique de guerre commerciale de son administration contre la Chine, tout en faisant savoir clairement que sa rencontre cette semaine avec le Premier ministre chinois Xi Jinping sera « difficile ».

L’administration a, de même, intensifié les tensions avec l’Allemagne, son allié de l’OTAN, exigeant vendredi que les membres de l’OTAN augmentent leurs dépenses de défense. Ce jour-là, le ministre des Affaires étrangères allemand Sigmar Gabriel a accusé les États-Unis de se livrer à « la guerre commerciale » et a appelé l’UE à déposer plainte contre les États-Unis à l’Organisation mondiale du commerce.

Si les États-Unis sont au centre des préparatifs de guerres mondiaux, la crise qui va s’amplifiant dans les relations établies après la dernière guerre alimente les tensions militaires partout dans le monde.

Quelques jours seulement après que le Royaume-Uni a officiellement lancé sa sortie de l’Union européenne au titre de l’article 50 du traité de Lisbonne, le Royaume-Uni et l’Espagne s’empêtrent dans un différend sur le territoire stratégique de Gibraltar. Dimanche, l’ancien dirigeant conservateur Michael Howard a fortement laissé entendre que la Grande-Bretagne serait prête à la guerre pour défendre ses prétentions sur ce territoire. L’amiral britannique Chris Parry a ajouté : « L’Espagne devrait apprendre de l’histoire le fait que cela ne vaut jamais la peine de se confronter à nous et que nous pourrions toujours être en mesure de faire flamber la barbe du roi d’Espagne [une référence à la défaite infligée à l’Espagne pendant les guerres de 1585-1604]. »

Pendant ce temps, le Japon se réarme rapidement, ce mois-ci il a lancé son deuxième porte-hélicoptères. La semaine dernière, le Parti libéral démocrate (PLD) a publié une proposition pour le Japon d’acquérir des armes de « contre-attaques » tels que les porte-avions et des missiles à longue portée, qui sont interdites par sa constitution.

En même temps l’Inde, selon des reportages, passe tranquillement en revue sa doctrine nucléaire, le pays selon le New York Times la semaine dernière « envisage d’autoriser des frappes nucléaires préventives contre le Pakistan en cas de guerre. »

Comme ce fut le cas il y a un siècle avec le déclenchement de la Première Guerre mondiale, le monde entier a été transformé en une grande poudrière. N’importe lequel de ces multiples conflits risque de déclencher une chaîne d’événements qui pourraient mener à la guerre entre des puissances dotées d’armes nucléaires, entraînant la mort de centaines de milliers, voire des millions de personnes, en quelques heures.

L’immense risque d’une nouvelle guerre mondiale est une expression de la crise profonde du système des États-nations qui s’écroule sous le poids d’une crise profonde de l’ordre capitaliste dans son ensemble.

Les classes dirigeantes capitalistes du monde ont une seule solution à cette crise insoluble : une nouvelle guerre mondiale, avec toutes les horreurs que cela comporte. La classe ouvrière internationale doit s’opposer à la marche à la guerre avec son propre programme : l’abolition du système des États-nations et de la propriété privée de la production, et la réorganisation de l’économie mondiale en une fédération socialiste mondiale.

(Article paru en anglais le 5 avril 2017)

 

 

 

 

 

Loading