Les néo-fascistes européens se réunissent à Coblence, en Allemagne, pour saluer l’inauguration de Trump

Le 21 janvier, jour où Donald Trump a été inauguré comme président américain à Washington, une coalition de partis d’extrême droite européens s’est réunie dans la ville allemande de Coblence pour saluer l’installation de Trump à la Maison Blanche.

Parmi les participants figuraient Marine Le Pen du Front national français, Frauke Petry de l’Alternative pour l’Allemagne (AfD), Geert Wilders du Parti néerlandais de la liberté (PVV), Harald Vilimsky du Parti autrichien de la liberté (FPÖ) et Matteo Salvini de la Ligue du Nord d’Italie. Ils ont tous traité l’arrivée au pouvoir d’un régime violemment nationaliste et protectionniste à Washington comme un soutien à leurs propres aspirations politiques en Europe.

Le gouvernement Trump a clairement indiqué que l’encouragement des néo-fascistes en Europe est une priorité de sa politique étrangère. Trump a choisi comme principal conseiller le partisan la suprématie blanche Stephen Bannon, qui a fait l’éloge du FN pendant la campagne présidentielle, et dont le site Web Breitbart News fait référence à la Nouvelle droite française, la base idéologique française du FN, comme une source d’« inspiration ». Il a également salué Marion Maréchal-Le Pen, la nièce de Marine, comme une « étoile montante ».

Maréchal-Le Pen, une figure catholique d’extrême droite qui a assisté à des réunions de l’Action Française, organisation héritière de l’Action Française antisémite de Charles Maurras qui avait fourni les bases idéologiques du régime de Vichy et de sa collaboration avec les Nazis, a remercié publiquement Bannon après l’élection de Trump. Elle a tweeté, « Je réponds oui à l’invitation de Stephen Bannon, directeur de la campagne Trump, à travailler ensemble. »

En même temps, il est de plus en plus évident que l’encouragement de l’extrême droite voulu par le gouvernement Trump reflète plus que la simple sympathie politique entre Trump et le néo-fascisme. Depuis que Trump a parlé au Times et Bild, applaudissant la sortie de la Grande – Bretagne de l’Union européenne (UE) et en dénonçant l’UE comme un pion de l’Allemagne, il est évident que ses liens avec l’extrême-droite et les partis anti-UE font partie d’une politique plus large de confrontation avec l’UE, et plus particulièrement avec l’Allemagne.

Les partis présents à la conférence de Coblence ont tous applaudi le Brexit et l’élection de Trump comme le point de départ d’un nouvel ordre politique dans lequel ils se tourneraient non seulement plus encore vers la droite, mais joueraient un rôle bien plus important. Ce point de vue a notamment été exposé par Marine Le Pen. Actuellement, elle devrait remporter le plus grand nombre de voix lors du premier tour des élections présidentielles en avril et progresser au deuxième tour en mai et pourrait devenir le premier chef d’État français d’extrême droite depuis le maréchal Philippe Pétain sous le régime de Vichy.

« Nous vivions la fin d’un monde et la naissance d’un autre », a déclaré Le Pen. « 2016 a été l’année où le monde anglo-saxon s’est réveillé. 2017 sera, j’en suis sûre, l’année du réveil des peuples de l’Europe continentale […] Il faut passer à l’étape suivante, l’étape où nous ne nous contentons plus d’être une minorité au Parlement européen, l’étape où nous serons majoritaires dans les urnes à chaque élection. »

Elle a également appelé à la renégociation d’un « nouveau traité » sur la structure de l’UE, fondé sur un rejet commun de tout « projet autoritaire ou totalitaire », y compris tout « modèle supranational » et la défense des politiques « pour contrôler et réguler l’immigration » comme un « principe fondamental » des États-nations.

La réunion aurait principalement porté son attention sur les élections de cette année aux Pays-Bas, en France et en Allemagne, et les espoirs que Wilders, Le Pen et Petry pourraient accéder au pouvoir dans les trois pays. Ils ont notamment dénoncé la politique ponctuelle de la chancelière allemande Angela Merkel d’avoir autorisé brièvement l’entrée en Allemagne des réfugiés fuyant les guerres du Moyen-Orient, une politique dénoncée désormais très largement dans les milieux dirigeants européens, et ont élaboré une politique de recours au racisme anti-musulman politisé.

Avant la réunion, un membre dirigeant de l’AfD, Björn Höcke, a provoqué un scandale en dénonçant le Mémorial de l’Holocauste à Berlin, en l’attaquant comme un « mémorial de la honte » et en exigeant un « virage de 180 degré dans notre politique de mémoire » des crimes nazis de la période de la Seconde Guerre mondiale. Cette semaine, après la réunion de Coblence, et en dépit des appels publics pour l’expulsion de Höcke de l’AfD provoquée par ces remarques, il a été autorisé à rester membre du parti.

Marcus Pretzell, le mari de Petry, qui est également un des principaux dirigeants de l’AfD, a réagi à la crise provoquée par les propos de Höcke en applaudissant Israël et ses assauts répétés contre les Palestiniens comme le modèle à suivre par l’Europe dans ses relations avec sa population musulmane.

« Nous avons un problème avec l’Islam politique en Allemagne, en Europe, surtout en Europe occidentale. Mais il y a un pays qui a déjà des décennies d’expérience sur cette question », a déclaré Pretzell au sujet d’Israël. « C’est un pays qui est confronté à une politique de l’Union européenne qui pourrait difficilement être plus hostile. […] Israël est notre avenir, mesdames et messieurs ! »

Petry a attaqué l’UE en termes anticommunistes, préconisant une « transformation spirituelle-morale » en Europe. « Le lavage de cerveau d’aujourd’hui est beaucoup plus intelligent que la propagande socialiste précédente » a-t-elle déclaré, dénonçant les « ingénieurs sociaux » qui, selon elle, attaquaient des traditions historiques clés ou « au moins celles des Européens blancs ».

Les autres responsables ont lancé des attaques similaires contre Merkel et le bilan en faillite de l’UE. Wilders a déclaré : « L’AfD et mon ami Frauke Petry se présentent contre le nouveau totalitarisme, qui nous menace aujourd’hui », ajoutant que 2017 serait l’année de la « libération », tandis que Salvini a appelé Petry à vaincre Merkel, en déclarant : « Au revoir Angela, bonne chance Frauke. »

L’arrivée au pouvoir d’un gouvernement américain qui vise publiquement à utiliser les néo-fascistes européens comme instruments de sa politique étrangère, et le rôle croissant que les néo-fascistes jouent dans la politique européenne, témoignent de l’effondrement général de la politique bourgeoise internationale. Immédiatement après la Seconde Guerre mondiale, Washington a déversé d’énormes ressources économiques en Europe. Par la suite, il a soutenu les projets d’intégration européenne tout en aidant la dissimulation d’un grand nombre d’anciens nazis et collaborateurs nazis en Europe, qui mettaient en évidence les racines criminelles du capitalisme européen d’après-guerre.

L’effondrement des institutions de la politique de l’après-guerre a toutefois transformé la situation. Vingt-cinq ans après que la bureaucratie stalinienne ait dissout l’Union soviétique et après près d’une décennie de crise économique intense depuis le crash de Wall Street en 2008, les néo-fascistes jouent un rôle public critique dans la vie politique européenne. Ayant exploité l’absence de toute organisation qui s’adresse à la détresse sociale croissante en Europe et en mesure de se développer politiquement et ayant obtenu la couverture des médias européens, ils émergent également en étroite collaboration avec la politique étrangère américaine.

Il s’agit d’un avertissement sur le caractère réactionnaire non seulement de la politique de « l’Amérique d’abord » de Trump et de ses alliés, mais aussi des factions bourgeoises européennes qui entrent maintenant en conflit avec Trump. Ils ont contribué à créer les conditions de la montée des partis néo-fascistes, à imposer des politiques d’austérité massivement impopulaires, à attaquer les immigrés et les musulmans et à légitimer l’extrême droite.

La seule manière de s’opposer aux politiques nationalistes et antidémocratiques de Trump et de ses alliés européens est d’unifier les luttes de la classe ouvrière tant contre la politique du gouvernement Trump que les plans réactionnaires de l’UE.

(Article paru en anglais le 27 janvier 2017)

 

 

 

 

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