Le procureur spécial enquêterait sur Trump pour obstruction à la justice

Les appels bipartites à « l’unité » à la suite de l’attentat au fusil mercredi matin contre les législateurs républicains qui s’entraînaient sur un terrain de base-ball à l’extérieur de Washington DC n’ont eu aucun effet sur la guerre politique qui tiraille l’État américain et l’élite politique.

Le Washington Post a signalé une escalade du conflit quand il a publié un article plus tard mercredi rapportant que le procureur spécial Robert Mueller a lancé une enquête sur le président Donald Trump en personne, pour une possible obstruction à la justice dans le cadre de l’investigation fédérale sur l’ingérence supposée de la Russie en collusion avec des responsables de la campagne Trump dans les élections américaines en 2016.

L’article du Post a marqué la première grande admission par les médias que cette enquête tentaculaire s’est étendue au président lui-même. Il intervient dans la foulée d’une série d’audiences de la commission du renseignement du Sénat très médiatisées impliquant le directeur du FBI, James Comey, et les principaux responsables du gouvernement et de la sécurité nationale de Trump.

L’enquête du FBI dirigée par Mueller, un ancien directeur du FBI, a nommé un procureur spécial après le renvoi de Comey par Trump le mois dernier. Elle a lieu en parallèle d’autres enquêtes menées des commissions du Sénat et de la Chambre des représentants.

Il n’y a pas de contenu démocratique ou progressiste dans cette campagne menée par des sections de l’État et de l’élite dirigeante contre la Russie et la Maison-Blanche.

Trump personnifie la criminalité et le parasitisme de l’oligarchie financière américaine. Son administration de milliardaires et de généraux mène le siège de ce qui reste des réformes sociales passées, elle attaque les soins de santé, les timbres alimentaires, l’éducation et les règlements qui protègent la santé, la sécurité au travail et l’environnement afin de réduire les taxes pour les entreprises et les riches et d’augmenter considérablement le financement des militaires. Sa politique étrangère, « l’Amérique d’abord », en mettant la priorité sur la confrontation avec la Chine et la Corée du Nord, représente une nouvelle escalade de la politique de militarisme et de guerre de Washington.

Le Parti démocrate parle à peine de l’offensive de Trump contre la classe ouvrière. Au lieu de cela, il se concentre entièrement sur son intention déclarée de rechercher à avoir de meilleures relations avec Moscou et de diriger une campagne hystérique, néo-McCarhtyiste, en alliance avec de puissantes sections de l’appareil de renseignement et de l’élite patronale, afin d’éviter tout recul de la politique anti-russe agressive et provocatrice du gouvernement Obama.

Pour faire pression sur Trump, ou peut-être chercher sa destitution, les démocrates, une section du Parti républicain, et leurs alliés des médias tels que le New York Times et le Washington Post utilisent des moyens antidémocratiques, en coordonnant leurs démarches avec les agences d’espionnage qui pratiquent la surveillance illégale du peuple américain et préparent des guerres d’agression partout dans le monde.

Toute la campagne sur le piratage présumé du gouvernement russe et la fuite des courriels du Parti démocrate repose sur des allégations entièrement infondées. Son objectif est d’intensifier la confrontation avec la Russie au Moyen-Orient et en Europe de l’Est, ce qui risque une guerre entre les deux plus grandes puissances nucléaires du monde.

Selon plusieurs sources des médias, Mueller a organisé des interrogatoires du directeur du renseignement national Daniel Coats, de l’administrateur de la NSA, l’amiral Michael Rogers, et de l’ancien directeur adjoint de la NSA, Rick Ledgett, dès cette semaine par ses enquêteurs. En mars dernier Trump aurait demandé à Coats et à Rogers, lors de conversations privées, de faire pression sur Comey, le chef du FBI d’alors, pour qu’il laisse tomber son enquête sur l’ex-général Michael Flynn, et qu’il déclare publiquement qu’il n’y avait aucune preuve de collusion entre la campagne électorale Trump et le gouvernement russe.

Trump a licencié Flynn de son poste de conseiller à la sécurité nationale en février dernier quand il est apparu que Flynn avait menti sur les discussions qu’il avait avec des responsables russes en ce qui concerne le possible retrait des sanctions américaines.

Ledgett, qui a récemment pris sa retraite en tant que directeur adjoint de la NSA, aurait rédigé un mémo détaillant un appel téléphonique entre le directeur de la NSA, Rogers, et Trump, dans lequel le président a exprimé son scepticisme sur les revendications des agences de renseignement sur le piratage russe et a tenté de persuader Rogers de déclarer publiquement qu’il n’y avait aucune preuve de collusion de la campagne Trump avec le Kremlin.

Le New York Times a annoncé jeudi que Mueller a également demandé à la NSA de fournir à ses enquêteurs des notes ou des documents relatifs aux interactions entre l’agence et la Maison-Blanche dans le cadre de l’enquête de la Russie. Le journal a également déclaré que Mueller se penchait sur du blanchiment d’argent par des associés de Trump.

Coats et Rogers ont témoigné la semaine dernière devant la commission du renseignement du Sénat qu’ils n’ont pas sentis de pression venant de Trump pour limiter l’enquête, mais ils ont refusé de répondre aux questions sur le contenu réel des discussions qu’ils ont tenues avec Trump sur la question.

La révélation du Post que Trump est une cible directe de l’enquête du conseiller spécial suit les déclarations publiques faites par des amis proches de Trump selon lesquelles le président envisage de renvoyer Mueller. Il est probable que Mueller a divulgué la nouvelle d’une enquête sur une obstruction à justice au Post pour qu’il soit politiquement plus difficile à Trump de le renvoyer.

Trump a répondu à l’article du Post le jeudi matin avec un tweet qui dénonçait à nouveau l’enquête comme une chasse aux sorcières. Un porte-parole de son avocat personnel a publié une déclaration disant : « La fuite d’informations du FBI concernant le président est scandaleuse, inexcusable et illégale. »

La semaine dernière, dans son témoignage télévisé au niveau national, Comey a accusé le président de l’avoir licencié parce qu’il aurait refusé de faire preuve de fidélité personnelle et rejeté les appels de Trump à ce qu’il arrête l’enquête sur Flynn. Comey a reconnu qu’il avait déclaré à Trump à l’époque que Trump n’était pas une cible de l’enquête du FBI. En même temps, il a signalé qu’il avait remis ses notes rédigées juste après les entretiens avec Trump à Mueller et laissé entendre que le procureur spécial enquêtait sur Trump pour une possible obstruction à la justice.

Lors d’une conférence de presse le lendemain, Trump a accusé Comey de mentir sous serment et a déclaré qu’il serait prêt à être interrogé sous serment par Mueller.

D’autres rapports ont émergé qui soulignent une intensification de la guerre politique à Washington :

* Deux démocrates, les procureurs généraux du Maryland et de Washington DC, ont déposé une plainte au début de la semaine accusant Trump de violer la clause des émoluments de la Constitution américaine en refusant de rompre les relations avec son entreprise immobilière qui vaut plusieurs milliards de dollars. La clause des émoluments interdit aux fonctionnaires fédéraux d’accepter des cadeaux ou des titres de gouvernements étrangers sans l’approbation du Congrès. Près de 200 législateurs démocrates ont déposé une plainte similaire mercredi matin au tribunal du District de Columbia (DC).

* Le Wall Street Journal a rapporté jeudi que la commission judiciaire du Sénat envisageait d’ouvrir une enquête sur le licenciement de Comey par Trump. « La commission judiciaire a l’obligation d’enquêter complètement sur toute allégation prétendument inappropriée de parti pris dans les enquêtes sur l’application de la loi », a déclaré Charles Grassley, un républicain de la commission, dans une lettre publiée mercredi.

* Le vice-président, Mike Pence, aurait engagé son avocat personnel pour traiter des questions relatives à l’enquête sur la Russie.

 

(Article paru d’abord en anglais le 16 juin 2017)

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