Les démocrates poussent la campagne anti-Russie, ils visent maintenant le gendre de Trump

Les démocrates du Congrès et leurs alliés visent maintenant le gendre de Trump, Jared Kushner, dans leur campagne anti-russe. Ils demandent que l’habilitation de sécurité de Kushner soit révoquée au motif qu’il a dissimulé une réunion avec une avocate russe l’année dernière.

La réunion du 9 juin 2016 entre Donald Trump Jr. et Natalia Veselnitskaya a été publiée pour la première fois par le New York Times il y a plus d’une semaine. Le fils aîné de Trump a accepté la réunion dans la Trump Tower après qu’on lui a dit que l’avocate russe avait des documents compromettants sur Hillary Clinton, l’adversaire démocrate de Trump à l’élection présidentielle.

Depuis lors, de titres paraissent presque quotidiennement dans le Times ou le Washington Post ou dans des reportages de « dernière minute » sur les réseaux câblés sur de prétendues nouvelles révélations concernant la réunion à la Trump Tower dont le nombre de participants est maintenant passé à huit, y compris Kushner, le président de campagne électorale de Trump, Paul Manafort, un lobbyiste russe américain et l’interprète, bien que la signification réelle de l’événement reste obscure.

En réalité, Veseltnitskaya n’avait aucune information sur Clinton et a sollicité la réunion pour faire pression contre la loi Magnitsky, la première d’une série de sanctions anti-russes promulguées sous l’administration Obama. Cette loi tire son nom d’un avocat russe qui a été arrêté après avoir soutenu qu’il avait découvert des preuves de corruption dans le régime de Poutine et est mort en prison en 2009. Lorsque le but de l’avocate est devenu clair, Trump Jr. a dit qu’il avait mis fin à la réunion, qui a duré moins d’une demi-heure.

Ce qui est le plus remarquable dans cette campagne, c’est que les démocrates n’attaquent pas Trump ou ses conseillers pour les politiques réactionnaires qu’ils ont menés dans leurs fonctions : l’attaque contre Medicaid, la persécution des migrants, la défense des violences policières ou le militarisme agressif à l’étranger.

Au lieu de cela, le Parti démocrate et la campagne des médias sont entièrement consacrés aux allégations selon lesquelles Trump serait l’instrument du président russe, Vladimir Poutine, et que son élection a été rendue possible, non pas par les politiques de droite du Parti démocrate et de l’Administration Obama, mais par une campagne secrète sur Internet dirigée par Moscou.

La concentration particulière sur les membres de la famille de Trump n’est pas un accident. Comme le WSWS l’a déjà écrit : « Les États-Unis sont régis par une oligarchie de la finance et des grandes sociétés. Mais l’Administration Trump est un gouvernement oligarchique aux accents de cleptocratie et de népotisme ». Il y a la préoccupation dans les sections puissantes de la classe dirigeante que l’ensemble des oligarques réactionnaires qui constituent la famille Trump subordonne les intérêts stratégiques impérialistes de fond – y compris le conflit avec la Russie – à leurs activités commerciales personnelles.

Kushner est devenu la nouvelle cible, puisqu’il n’a pas divulgué initialement la réunion avec l’avocate russe dans le formulaire « SF-86 » que tout aide de la Maison-Blanche doit déposer pour obtenir une autorisation de sécurité. Kushner a d’abord déposé le formulaire en laissant un blanc là où il devait enregistrer des réunions avec des personnes étrangères, puis il a modifié le formulaire plusieurs fois, en ajoutant plus de 100 noms.

Il s’agit du dépôt le plus récent du formulaire « SF-86 » de Kushner, qui rapportait la réunion à la Trump Tower avec Veselnitskaya l’année dernière, et que des responsables non nommés, soit à l’intérieur de la Maison-Blanche, soit au FBI, soit à la CIA (qui procèdent à des examens d’autorisation de sécurité), ont divulgué au New York Times, déclenchant la dernière tempête médiatique.

Au cours du week-end, une série de démocrates éminents a cherché à détourner l’attention des médias de Donald Trump Jr. – qui a joué le rôle principal dans la rencontre avec l’avocate russe, mais n’a aucune fonction à la Maison-Blanche de Trump – vers Kushner, qui a joué un rôle mineur lors de la réunion, mais est considéré comme l’aide de la Maison-Blanche la plus proche de Trump et a représenté l’Administration dans plusieurs missions à l’étranger, en particulier au Moyen-Orient.

La chef de la minorité de la Chambre, Nancy Pelosi, a appelé jeudi à ce que l’habilitation de sécurité de Kushner soit révoquée « immédiatement ». La députée Debbie Wasserman Schultz (Démocrate de Floride), l’ancienne chef du Comité national du parti démocrate, a soumis deux amendements à la loi de crédits pour révoquer l’autorisation de Kushner, tous les deux rejetés par la majorité républicaine à la Chambre des représentants.

Les principaux démocrates dans les commissions de la Chambre et du Sénat, le représentant Adam Schiff et le sénateur Mark Warner ont déclaré dimanche qu’ils demanderaient à Kushner et Trump Jr. de témoigner et de fournir des documents pour leurs enquêtes sur des allégations non étayées d’ingérence russe lors des élections américaines de 2016.

Schiff a déclaré que l’autorisation de sécurité de Kushner devrait être révoquée juste pour avoir assisté à la réunion, peu importe s’il l’a caché. « Il est très difficile pour moi d’imaginer que d’autres personnes soient autorisées à continuer leur dédouanement si elles ont participé à une réunion comme celle qui est devenue publique », a-t-il déclaré au quotidien The Hill en entrevue.

Warner et Schiff ont assisté à plusieurs débats télévisés dimanche. Schiff a déclaré que les courriels envoyés par Donald Trump Jr. pour confirmer la réunion avec Natalia Veselnitskaya étaient « une preuve aussi claire que vous pourriez trouver de la complicité de la campagne avec les Russes, pour obtenir des informations utiles auprès des Russes ».

Warner a déclaré : « Cela amène clairement l’enquête à un nouveau niveau ». Apparaissant sur l’émission « State of the Union » de CNN, il a déclaré que Trump Jr. et Kushner avaient très probablement informé le candidat Trump de leur rencontre avec l’avocate russe. « Il est un peu incroyable que ni le fils ni le gendre n’aient jamais partagé cette information avec leur père, le candidat », a-t-il déclaré, ce qui suggère que Trump mentait quand il a affirmé qu’il avait seulement appris la réunion récemment.

Le représentant démocrate Don Beyer de Virginie a prolongé l’attaque contre Kushner et sa femme, la fille de Trump Ivanka, soulignant que Ivanka Trump remplissait également un formulaire « SF-86 » demande si « vous ou un membre de votre famille immédiate au cours des sept dernières années en aviez le contact avec un gouvernement étranger, un établissement y faisant partie (comme une ambassade, un consulat, une agence, un service militaire, un service de renseignement ou de sécurité, etc.) ou des représentants de ce premier, que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur des États-Unis ? »

Étant donné que son mari a rencontré une avocate qui était censée être une « représentante » du gouvernement russe, Beyer a soutenu que Ivanka Trump aurait dû le révéler pour son propre contrôle de sécurité et probablement ne l’a pas fait. Il a ajouté : « Si le président souhaite que sa famille dirige le gouvernement, ils doivent être tenus au même niveau que n’importe quel autre fonctionnaire du gouvernement. »

Les grands pontifes des médias ont repris le même thème. Nicholas Kristof du New York Times a publié une colonne intitulée : « Tous les chemins mènent maintenant à Kushner », suggérant que la présence de Kushner à la réunion à la Trump Tower le rendait vulnérable au « chantage […] du Kremlin » et notant que le fait que Kushner a supervisé le volet informatique de la campagne Trump, fait logiquement de lui la personne la plus à même pour se coordonner avec les pirates Russes et diffuser de « fausses nouvelles » sur internet dirigées contre Clinton (en supposant qu’une telle coordination existait, bien qu’aucune preuve n’ait été présentée).

Signe que la campagne anti-russe est en train d’écorner la Maison-Blanche, Trump et son beau-fils ont secoué leurs équipes juridiques chargées de répondre aux multiples enquêtes. L’avocat principal de Kushner, le démocrate de longue date Jamie Gorelick, a démissionné et a été remplacé par un autre démocrate, Abbe Lowell, qui faisait partie de l’équipe défendant Bill Clinton contre son impeachment et était plus expérimenté en droit pénal.

Trump a ajouté un nouvel avocat de la Maison-Blanche, Ty Cobb, qui travaillera avec les avocats de l’extérieur, Mark Kasowitz et Jay Sekulow, qui ont traité les réponses aux enquêtes, tant au Congrès que pour le conseiller spécial du ministère de la Justice, Robert Mueller.

(Article paru d’abord en anglais le 18 juillet 2017)

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