Perspectives

Le changement climatique et la lutte contre le capitalisme

Deux événements cette semaine ont attiré l’attention de la population sur les dangers inhérents au réchauffement climatique et aux changements qu’il entraîne. Le premier a été publié lundi dans les Actes de l’Académie nationale des sciences des États-Unis d’Amérique (PNAS), qui a indiqué que l’activité humaine précipite un « anéantissement biologique », un événement d’extinction de masse des espèces, le sixième phénomène du genre dans toute l’évolution de la vie sur la planète Terre.

Ce rapport a examiné les données historiques pour 200 espèces d’animaux terrestres et a constaté que la plupart étaient en crise, la quasi-totalité ayant perdu une partie substantielle de leurs aires de distribution géographiques et plus de 40 pour cent ayant subi de graves baisses de leurs populations (80 pour cent ou plus). Les lions, les guépards, les girafes et de nombreuses espèces d’oiseaux sont parmi ceux qui subissent les plus fortes baisses.

Le deuxième événement a été l’effondrement mercredi d’une partie de la plate-forme glaciaire Larsen C de l’Antarctique, avec la formation d’un iceberg massif, estimé à mille milliards de tonnes de glace, équivalant à deux fois l’eau douce dans le lac Érié. L’iceberg a la même superficie que l’État américain du Delaware (ou, pour le comparer à certaines des îles les plus connues du monde, il est plus grand que Bali, Trinidad ou l’Île-du-Prince-Édouard du Canada, mais légèrement plus petit que la Corse, Chypre ou Porto Rico).

Les scientifiques spécialisés dans l’Antarctique étaient divisés sur le fait que le changement climatique était le principal facteur du « vêlage » d’un nouvel iceberg géant. De telles séparations sont une partie régulière du cycle de vie des gigantesques couches de glace qui couvrent ce continent le plus méridional de la Terre. Mais la température moyenne de l’océan autour de l’Antarctique augmente depuis un quart de siècle, en particulier dans la région près de Larsen C.

Il ne fait aucun doute que le réchauffement climatique a eu un effet majeur à long terme sur l’Antarctique, fait mis en évidence par des effondrements antérieurs des couches de glace connues sous le nom de Larsen A en 1995 et Larsen B en 2002. La préoccupation actuelle est que la séparation de l’énorme l’iceberg, 12 pour cent de la superficie totale de Larsen C, pourrait être le précurseur de l’effondrement de la totalité de la couche de glace, ce qui constituerait un événement géophysique majeur.

L’érosion de la glace antarctique fait partie d’un processus global plus large, qui comprends la fonte rapide de la calotte glaciaire du Nord couvrant l’océan Arctique, le rétrécissement de la calotte glaciaire du Groenland et la désintégration des glaciers partout dans le monde sous l’effet du réchauffement climatique.

Il convient de souligner que l’étude de Larsen C a été principalement menée à travers des instruments satellites placés en orbite par la NASA (Administration nationale de l’aéronautique et de l’espace américaine) et l’Agence spatiale européenne. Le Spectroradiomètre d’imagerie de résolution modérée (MODIS) de la NASA sur le satellite Aqua a le premier révélé la rupture de l’iceberg. Sa séparation complète de Larsen C a été confirmée par un instrument de la NASA en orbite polaire le Visible Infrared Imaging Radiometer Suite (VIIRS).

De telles missions satellites d’étude de la Terre sont prises pour cibles dans les projets de réductions budgétaires ou d’élimination absolue de l’administration Trump pour l’année financière 2018. Le sénateur républicain Ted Cruz, qui dirige la commission du Sénat compétente sur la NASA, a insisté à maintes reprises pour que la NASA concentre ses efforts sur d’autres planètes dans le système solaire tout en évitant une étude similaire de la Terre, de crainte que les efforts de la NASA ne renforcent le consensus scientifique selon lequel le réchauffement et le changement climatiques sont des menaces majeures.

L’entêtement réactionnaire de l’administration Trump et de la droite républicaine pourrait conduire ceux qui sont réellement sensibles aux dangers du réchauffement climatique à voir sous un meilleur jour l’administration Obama, le Parti démocrate et de leurs alliés en Europe comme l’allemande Angela Merkel qui sont censés aborder ces questions d’une manière plus rationnelle. Ce serait une erreur catastrophique.

Les mesures proposées par l’establishment bourgeois – les démocrates aux États-Unis, les conservateurs et les sociaux-démocrates en Europe – reviennent à une admission pour la forme des dangers posés par le réchauffement climatique, tout en ne faisant que peu voir rien de concret contre eux. L’accord de Paris dont on fait grand cas, et du quel Trump a retiré les États-Unis le mois dernier, était entièrement sans force contraignante.

Fait significatif, l’Accord de Paris a joui du soutien de l’élite capitaliste mondiale, les PDG qui portent la responsabilité principale des émissions de carbone et d’autres pollutions. Moins de 100 entreprises représentent les deux tiers de toutes les émissions de carbone artificielles.

Il faut dire ici un mot spécifiquement sur les partis « Verts » dont les racines plongent dans les mouvements environnementaux de la fin des années 1960 et du début des années 1970, mais qui, une fois au pouvoir, se sont révélés des serviteurs enthousiastes des grandes entreprises. Leur évolution montre l’impossibilité d’aborder la crise environnementale sur la base du système économique existant.

Ce qui est nécessaire dans cette crise climatique, c’est un effort mondial, qui mobilise les ressources scientifiques, technologiques et productives de l’ensemble de l’humanité, combinant à la fois une réduction de l’empreinte carbone de la société en développant des systèmes énergétiques plus performants et des méthodes pour récupérer réellement le carbone de l’atmosphère (ce qu’on appelle la « capture du carbone ») commencera à réduire la proportion de dioxyde de carbone vers des niveaux historiquement durables.

De tels efforts se heurteraient immédiatement à des barrières insurmontables sous le capitalisme : la propriété privée des moyens de production par une poignée de milliardaires capitalistes et de sociétés géantes et la division du monde en États-nations capitalistes rivaux. Cela ne fait que démontrer qu’il est impossible de mener des efforts sérieux pour inverser le réchauffement et le changement climatiques dans le cadre du système de profit.

La crise climatique est encore une autre raison, avec l’augmentation des inégalités sociales, les attaques contre les droits démocratiques et la menace croissante d’une guerre mondiale impérialiste, pour mettre fin au capitalisme et créer une société socialiste dans laquelle les forces productives sont subordonnées aux besoins de la population de cette planète, et non le profit privé.

Les mêmes progrès scientifiques qui, dans les mains des milliardaires, menacent la destruction de la planète, peuvent, dans les mains de la classe ouvrière, la grande majorité de l’humanité, conduire au résultat inverse : la création d’une société qui abolit la pauvreté, la guerre et l’injustice sociale ainsi que les dangers posés par le réchauffement climatique.

(Article paru en anglais le 14 juillet 2017)

 

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