L’EJIES à la tête de l’opposition contre les politiques antidémocratiques au Los Angeles City College

Les Étudiants et jeunes internationalistes pour l'égalité sociale (EJIES) du Los Angeles City College (LACC) luttent pour défendre les droits démocratiques des étudiants contre les politiques antidémocratiques du collège, qui sont absurdes et inutiles. 

Selon ces politiques, toutes les activités et réunions d’un club doivent avoir un conseiller du corps professoral ou un employé du district présent sur place, faute de quoi le club perd son statut. Tous les clubs doivent également avoir un minimum de huit étudiants inscrits ayant payé leurs droits de scolarité et pouvant présenter leurs reçus montrant que leurs droits de scolarité ont bien été payés.

Les clubs ne peuvent afficher plus de cinq affiches promotionnelles par activité, et les affiches dépourvues du cachet de l’association étudiante (Associated Student Government – ASG) sont enlevées. Les réservations de salles et d’installations pour les activités des clubs doivent être soumises au moins 15 jours à l’avance, même si la plupart des salles et des installations sont alors inutilisées. Toute salle non utilisée est verrouillée et ne peut être utilisée par les étudiants même pendant la journée, empêchant du coup toute réunion informelle. Les étudiants peuvent mener des campagnes et diffuser de la littérature uniquement dans certaines zones dites de «liberté d’expression» marquées par des écriteaux, et seulement après l’obtention d’un permis limité en temps et délivré par le Bureau de la vie étudiante.

Ces règles et restrictions n’ont d’autre but que de bloquer la liberté d’expression des étudiants sur campus public où ils doivent avoir le droit de tenir des réunions, d’organiser des clubs et de participer à des discussions non soumises au contrôle de professeurs et à des persécutions administratives.

L’EJIES a soulevé ces inquiétudes à l’association étudiante du LACC, l’Associated Student Government (ASG) le 2 mars lors du débat public sur l’ordre du jour. Trois autres clubs – un club de biologie, une société littéraire et un club de conditionnement physique – ont aussi envoyé des représentants à la réunion du Sénat de l’ASG pour exprimer leur soutien à la campagne de l’EJIES.

L’ASG a refusé de discuter de la lettre lors de la réunion du Sénat. Elle a préféré inviter un représentant de l’EJIES et la présidente du club de conditionnement physique Fit For Life à une discussion privée avec l’un de ses responsables et le doyen de la vie étudiante. L’administration a fait des concessions mineures qui laissent intactes les politiques antidémocratiques. 

Ainsi, dans le cas où un professeur de la faculté se trouverait incapable d’observer directement l’activité d’un club en raison de conflits d’horaire, le Collège a déclaré qu’un autre employé du district pourrait être envoyé à sa place. L’ASG prétend qu’il s’agit d’un règlement à l’échelle du district, rédigé par le Conseil des fiduciaires du LACCD – «à des fins d’assurance» – et, qu’en tant que tel, il ne peut être abrogé. L’EJIES a demandé une copie des règlements du LACCD, que l’ASG n’a pas encore fournie. 

L’ASG refuse d’annuler la politique des «cinq affiches par activité». Le Bureau de la vie étudiante n’a pris aucune responsabilité quant aux restrictions imposées aux affiches d’activités et a affirmé que seuls le conseil du club et l’ASG pouvaient modifier, amender ou supprimer cette règle. 

L’exigence d’avis de 15 jours pour les demandes d’activités ne sera pas modifiée. L’ASG a suggéré que les clubs puissent demander sur court préavis l’utilisation de l’unique salle spéciale du Bureau de la vie étudiante. L’ASG a également suggéré que les clubs puissent réserver le même jour l’une des trois salles d’étude qui ne peut accueillir qu’une poignée de personnes. Enfin, l’ASG a suggéré que les clubs puissent soumettre les listes complètes des membres au Bureau des finances plutôt que de devoir fournir sur demande les reçus de leurs frais d'études. 

Il est certes possible que le Collège et l’association étudiante se sentent liés par des règlements scolaires établis par des bureaucrates avec qui ils ont peu ou pas de communication, mais cela n’excuse pas la décision de l’ASG de refuser à l’EJIES le droit de présenter publiquement son opposition lors du débat au sénat étudiant, puis d’avoir tenté d’apaiser les dirigeants de l’EJIES avec des promesses de concessions vides. 

Ishie, la présidente du club Fit for Life, a envoyé à l’EJIES une déclaration publique de soutien. «Je suis d’accord avec votre effort pour apporter des changements à la politique du LACC, car je crois que la mission du Collège est de fournir un environnement favorable permettant aux étudiants de relever les défis de l’enseignement supérieur. L’accès facile à tous les services et ressources de soutien est essentiel à la réussite scolaire. Dans mon effort pour établir un club de remise en forme qui encourage l’activité physique, je trouve que le Collège est très réticent à faciliter l’accès aux ressources disponibles.» 

Yan, étudiant au LACC, dit qu’il a lu une déclaration de l’EJIES aux autres membres du club étudiant Spectrum Alliance. «Il y a eu un soutien écrasant pour les questions que vous avez soulevées. Je vous apporte personnellement mon plein soutien. L’ASG est censé être l’association des étudiants, mais elle ne nous représente pas, pas plus qu’elle ne défend nos droits. Les règlements sur ce campus sont très contraignants: les limites de temps limitent notre capacité à mener à bien notre travail, même dans les supposées “zones de liberté d’expression”. De plus, la proposition du doyen de la vie étudiante qu'un employé du district doit être présent pendant les réunions des étudiants au cas où un conseiller de la faculté ne serait pas disponible soulève plus de problèmes qu’elle n’en règle.» 

Yan a expliqué qu’en raison d’un différend entre les membres de Spectrum Alliance et la conseillère de leur faculté, celle-ci a annulé son parrainage, mettant en péril le statut du club. «Moi aussi j’ai eu des désaccords avec certaines prises de position présentées par les membres du club. Mais je ne pense pas pour autant qu’il soit juste que le club puisse être tout à fait fermé uniquement parce que la conseillère de notre faculté n’est pas d’accord avec eux.» 

Ce n’est pas la première fois que l’EJIES est frappée de censure politique. Les politiques du LACC ne sont que l’expression d’une tendance internationale à restreindre l’indépendance politique des étudiants et des jeunes. En Australie, l’EJIES de l’Université de Melbourne a obtenu son statut de club en octobre l’an dernier, après une lutte de deux ans et demi contre les manœuvres administratives pour l’empêcher d’y établir un chapitre. À l’Université de New York, l’EJIES a été bloquée à plusieurs reprises d’y établir un chapitre (comme 90 pour cent de tous les nouveaux demandeurs de club) avec pour motif que l’université est dominée par le secteur privé et n’a donc pas de ressources et que l’EJIES «ressemble trop» à d’autres clubs déjà présents sur le campus.

Devant l’opposition sociale croissante aux attaques antidémocratiques menées par l’administration Trump contre les travailleurs immigrants et les jeunes, les politiques du LACC servent à bâillonner la population étudiante, qui est en grande partie immigrante et d’origine ouvrière. Les problèmes auxquels sont confrontés tous les étudiants et les jeunes ne peuvent être résolus à l’intérieur du seul campus du LACC. La défense des droits sociaux fondamentaux est liée à la lutte pour la transformation socialiste de la société.

(Article paru en anglais le 21 mars 2017)

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