Allemagne: Parti de gauche et Verts veulent l’extension des pouvoirs policiers

Suite au débat télévisé entre la chancelière allemande Angela Merkel (Démocrates chrétiens, CDU) et son concurrent Martin Schulz (Social-démocrates, SPD), les autres partis ont tenu deux débats lundi.

Alexander Dobrindt (Union chrétienne sociale, CSU), Katrin Göring-Eckhardt (Verts) et Dietmar Bartsch (Parti de gauche) se sont rencontrés pour un débat sur la chaîne de télévision ZDF.

La chaîne publique ARD a organisé un autre débat, avec Joachim Hermann (CSU), Cem Özdemir (Verts), Christian Lindner (Démocrates libres, FDP), Sahra Wagenknecht (Parti de gauche) et Alice Weidel (Alternative pour l'Allemagne, AfD).

Comme Merkel et Schulz, les représentants de ces partis ont préconisé un renforcement majeur de l'appareil d'État allemand. L'appel à plus de police a dominé les deux débats. Les participants sont allés à la surenchère dans leurs demandes de plus de policiers, une militarisation de la police et l'amélioration des technologies de surveillance.

Le ZDF a consacré le premier tiers du débat à la question de la sécurité intérieure.

Bartsch du Parti de gauche a commencé le débat. Il a déclaré que «la question centrale de la sécurité intérieure» était «l'équipement de la police». Depuis 1998, a-t-il déclaré: «18 000 postes ont été éliminés de la police. C'est un déficit majeur ». Le système judiciaire devait également être mieux équipé, en personnel et matériellement, a-t-il ajouté, et devait faire respecter plus fermement les lois existantes.

Le ministre des Transports Dobrindt a également demandé «beaucoup plus de policiers», qui devaient être mieux équipés et à qui on devait accorder des pouvoirs d'enquête de grande envergure, y compris une surveillance généralisée. Il a exigé avant tout «le respect et la reconnaissance» pour la police. Les politiciens devaient soutenir la police et ne devaient pas commencer à les critiquer après chaque incident, a déclaré Dobrindt.

Göring-Eckhardt, des Verts, a déclaré être « très favorable à la reconnaissance de la police », et a également appelé à l'embauche de nouveaux policiers. Elle a décrit de façon évocatrice l'impact psychologique sur un propriétaire victime d'un cambriolage. Il faut plus de policiers dans la rue, a-t-elle réclamé.

Le seul désaccord flagrant est apparu quant à savoir qui était responsable de la diminution des effectifs de police. Göring-Eckhardt a accusé la CSU d'affaiblir la police. Bartsch a attaqué le ministre de l'Intérieur, Thomas de Maizière (CDU) pour s'incliner devant les demandes d'austérité du ministre des Finances Wolfgang Schäuble. Bartsch a noté avec satisfaction que « tous les partis conviennent » que davantage de policiers sont nécessaires.

Le débat est aussi devenu un concours entre participants sur la sécurité interne. Le «libéral» Lindner a appelé à la fusion des agences de renseignement et à l'introduction du marquage électronique, tandis que le ministre bavarois de l'Intérieur Hermann a demandé plus de vidéosurveillance. Weidel de l'AfD a appelé au déploiement conjoint de la police et des soldats, ainsi que l'installation universelle de caméras de surveillance.

Comme Merkel et Schulz dimanche, les représentants des autres partis ont à peine abordé les problèmes touchant des millions de personnes. Totalement absentes des deux débats, la menace croissante de guerre sur la péninsule coréenne, les guerres au Moyen-Orient et le renforcement majeur des forces armées allemandes.

Bien que les inégalités sociales croissantes et la pauvreté aient été mentionnées en passant, aucun des participants ne fut capable d'offrir une réponse crédible à la crise sociale. Il est bien connu que le SPD et les Verts au niveau fédéral, et le Parti de gauche dans les Lands où il a été au gouvernement, ont ouvert la voie à la réduction des dépenses sociales, à l'élimination des emplois au niveau municipal et à la création d'un énorme secteur de bas salaires.

L'obsession hystérique de tous les partis avec la sécurité intérieure et la construction d'un appareil de police et de surveillance massif dans un pays qui, au moins à la surface, semble relativement calme et pacifique ne peut être comprise que dans le contexte de la crise profonde du capitalisme international.

L'élite dirigeante allemande considère ses intérêts menacés partout par les guerres et les crises, au moment où les alliances de l'après-guerre, en particulier avec les États-Unis, se décomposent. L'élite dirigeante répond par un renforcement militaire massif et la poursuite d'une politique étrangère mondiale agressive.

Dans un article de fond intitulé «Alerte rouge», Handelsblatt a écrit récemment: «Dans les quatre prochaines années, la politique allemande devra se concentrer beaucoup plus fortement que par le passé sur les crises politiques, qui comportent également des risques économiques potentiels. Certaines de ces crises se manifestent dans des régions lointaines du monde, comme le conflit en Corée, au Venezuela ou dans la mer de Chine méridionale. Certaines de ces crises se déroulent aux portes de l'Europe, comme en Turquie, en Syrie, en Afrique du Nord ou dans la Péninsule arabique. Ou même au sein de l'UE avec le Brexit ».

L'élite dirigeante allemande sait qu'intervenir dans ces crises et dans les guerres et la politique de grandes puissances qui leur sont liées, provoqueront une large opposition, qui sera encore intensifiée par une crise sociale exacerbée par la croissance des dépenses militaires. Elle a l'intention de les bloquer en construisant un appareil de répression de masse. Tous les partis politiques sont unis sur cette question.

 

Le Sozialistische Gleichheitspartei (SGP – Parti de l'égalité socialiste) est le seul parti qui se présente dans ces élections sur un programme socialiste dirigé contre la guerre et le capitalisme.

(Article paru en anglais le 6 septembre 2017)

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