L'OTAN lance des exercices militaires par anticipation des exercices russes

Les États-Unis et ses alliés européens ont lancé une série d’exercices militaire en anticipation de l'exercice militaire de la Russie et de la Bélorussie qui doit débuter plus tard cette semaine.

Les deux exercices rivaux se déroulent alors que les relations entre Washington et Moscou sont au plus tendu depuis la fin de la guerre froide. Washington a imposé une série de sanctions unilatérales contre la Russie, ce qui a provoqué une série d'expulsions du tac au tac de diplomates russes et américains initiée par Washington ainsi qu’une une campagne de propagande hystérique alléguant une ingérence russe dans l'élection présidentielle américaine de 2016.

Lundi, des forces américaines et de plusieurs autres pays de l'OTAN ont rejoint l'armée ukrainienne pour les exercices militaires «Rapid Trident», auquel participent 2.500 soldats. Cet exercice, qui se déroule dans la ville ukrainienne occidentale d'Yavoriv, se poursuivra jusqu'au 23 septembre.

Washington renforce de plus en plus son soutien au régime nationaliste porté au pouvoir par un coup de d'état fasciste soutenu par l’OTAN en février 2014. En août, le secrétaire américain à la Défense James Mattis s’est rendu à Kiev, ou il a indiqué sa volonté de donner des armes létales au régime de Kiev.

Les États-Unis et l'OTAN ont invoqué l'annexion par Moscou de la Crimée, territoire stratégique qui avait voté à une majorité écrasante son rattachement au territoire russe dans un referendum, et la révolte des séparatistes pro russes dans le Donbas en tant qu’exemples de l'agression russe qui justifieraient le renforcement militaire mené par les États-Unis dans la région.

En mai dernier, l’OTAN a envoyé quatre «groupes de combat multinationaux», composés de plus de 1 000 soldats, en Estonie, en Lettonie, en Lituanie et en Pologne, dirigés respectivement par le Royaume-Uni, le Canada, l'Allemagne et les États-Unis. Cela a été assorti de l'organisation d'une force de réaction rapide de 40 000 troupes et d'une escalade militaire en mer Noire.

Les États-Unis ont récemment envoyé sept avions de chasse et 600 parachutistes américains supplémentaires en Lituanie pour renforcer leur présence militaire lors de l'exercice militaire russe. Pour la première fois depuis 2014, le Pentagone a pris les commandes des opérations aériennes de l'OTAN dans les pays baltes.

Entretemps, l'OTAN a lancé dimanche un autre exercice, « Steadfast Pyramid », impliquant 40 hauts gradés de pays membres de l'OTAN, ainsi que de la Finlande et de la Suède. L'OTAN a publié une description opaque de l'exercice, qui se poursuit jusqu'au 15 septembre, selon laquelle il allait «développer les capacités des commandants et des cadres supérieurs de planifier et de mener des opérations grâce à l'application de l'art opérationnel dans la prise de décision». Un deuxième exercice, "Steadfast Pinnacle", doit se dérouler du 17 septembre au 22 septembre.

En plu, des troupes américaines et françaises participent avec des unités de Finlande, du Danemark, de Norvège, de Lituanie et d'Estonie, dans les plus grands exercices suédois depuis 20 ans. L’exercice, qui a débuté lundi et continue jusqu'au 20 septembre, est une autre menace contre Moscou. La Suède a considérablement augmenté son budget militaire, a réinstauré la conscription et débat d’une éventuelle adhésion à l'OTAN, une action qui briserait la tradition de neutralité du pays.

L’escalade militaire américaine et otanique en Ukraine et dans les républiques baltes - ainsi que les exercoces en Suède - visent clairement, en premier lieu, à contrer les exercices « Zapad 2017 » lancés par la Russie et la Biélorussie jeudi, et qui se poursuivront jusqu'au 20 septembre.

Selon Moscou, seuls 12 700 soldats participeraient à l'exercice, mais les responsables occidentaux, se faisant l’écho des allégations des régimes nationalistes en Ukraine et dans les pays baltes, ont publié des déclarations hystériques et sans fondement qui prédisaient qu'environ 100 000 troupes russes y participeraient, et qualifiaient les manœuvres de préparation d’une invasion.

Le ministre britannique de la Défense, Michael Fallon, a donné le ton en déclara,t à la BBC: « C'est le plus grand exercice, je pense, depuis quatre ans, plus de 100 000 troupes russes et biélorusses maintenant à la frontière de l'OTAN. C’est conçu pour nous provoquer, c'est conçu pour tester nos défenses, et c'est pourquoi nous devons être forts ».

De telles affirmations déforment la réalité. Au cours du dernier quart de siècle, depuis la dissolution de l'Union soviétique par la bureaucratie stalinienne de Moscou, les États-Unis et l'OTAN avancent progressivement sur les frontières russes afin d’encercler militairement le pays, tout en renversant les gouvernements de diverses Républiques ex-soviétiques afin d’y installer des régimes pro-occidentaux. Son but final est de dépecer la Russie et la transformer en semi-colonie.

Il n'y a rien de progressif aux démonstrations de force de Moscou. Mais le fait est que Moscou mobilise ses troupes sur son propre territoire, alors que sous la bannière de l'OTAN, le Pentagone envoie des avions de guerre et des parachutistes sur les frontières russes.

Les exercices en Europe de l'Est constituent un sérieux avertissement. Après 16 ans de guerres ininterrompues au Moyen-Orient et en Afghanistan, l'impérialisme américain se concentre de plus en plus sur la préparation de la confrontation militaire avec ses principaux rivaux géo-stratégiques, la Russie et la Chine. Cela menace l'humanité d'une Troisième Guerre mondiale nucléaire.

Parmi es poudrières qui pourraient exploser et provoquer ce conflit, il faut citer la Syrie, la Corée du Nord, la mer de Chine méridionale, l'Ukraine et les pays baltes.

Les exercices simultanés ont aussi le potentiel de déclencher par inadvertance une confrontation militaire.

« Avec deux exercices majeurs en même temps, il y a toujours un risque d'incidents », a déclaré à la radio suédoise SR International un ancien officier suédois expert sur l'armée russe, Joergen Elfving. « La mer Baltique sera remplie d'une activité militaire plus que d'habitude pendant longtemps ».

(Article paru en anglais le 13 septembre 2017)

 

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