Canada: Unifor met fin à la grève des travailleurs du fabricant de pièces automobiles ZF-TRW à Windsor

Environ 300 travailleurs du fournisseur de pièces automobiles ZF-TRW, situé à Windsor en Ontario, ont voté dimanche à 87% pour mettre fin à un arrêt de travail de 60 heures. Les travailleurs avaient investi l'usine tôt vendredi matin après avoir rejeté par 62% un projet d'entente recommandé par leur syndicat, Unifor. ZF-TRW est une source d'approvisionnement clé pour l'usine géante d'assemblage automobile de Fiat-Chrysler à Windsor, qui construit le Pacifica et le Dodge Caravan. La production a été ralentie vendredi et complètement interrompue samedi en raison d'un manque de pièces dans le processus de livraison juste à temps.

Le contrat révisé présenté aux travailleurs de ZF dimanche matin était pratiquement identique à l'accord qu'ils avaient rejeté jeudi soir, mais accepté par les travailleurs de trois autres compagnies fournissant des pièces à Fiat-Chrysler. Unifor était tellement déterminé à mettre fin à la grève et à rétablir sa position auprès des patrons de l'automobile en tant que garant de la «paix du travail», qu'il a retiré des boules à mites Ken Lewenza, le président national du syndicat des Travailleurs canadiens de l'automobile à la retraite, afin qu'il fasse du lobbying afin de faire passer l'entente aux travailleurs de ZF.

Les dirigeants d'Unifor ont refusé de modifier le cœur économique de l'accord, mais dans un effort de liquidation rapide, certains ajustements ont été apportés au langage contractuel local, ce qui a permis une plus grande flexibilité dans les demandes de congés et de primes de Noël et de réduire le nombre de travailleurs de ZF affectés à plusieurs tâches.

La position des travailleurs de ZF-TRW a suscité l'appui d'autres travailleurs de l'automobile de Windsor, qui ont subi des années de concessions, y compris l'imposition d'une structure salariale à deux niveaux avec une période «de progression» de 10 ans. Une travailleuse de niveau deux de l'usine d'assemblage de Windsor a déclaré à propos de la grève de ZF-TRW: «Je les appuie définitivement. Vous devez vous lever». Elle a indiqué qu'il s'agissait d'un sentiment largement partagé à l'usine. «Beaucoup de travailleurs disaient, oui, luttez pour ce dont vous avez besoin, combattez pour ce en quoi vous croyez!»

«Nous avons définitivement compris. Certains travailleurs les ont rejoints sur la ligne de piquetage.»

Elle a affirmé que les salaires en progression demeuraient un gros problème à l'usine d'assemblage de Windsor, tout comme pour les travailleurs des pièces. Ils ont embauché 2000 nouveaux employés depuis qu'ils ont commencé la production du Pacifica. «10 ans pour une période "de progression" est ridicule. Nous faisons tous le même travail.»

«Non seulement nous gagnons moins d'argent, mais nous ne recevons pas d'ACS (allocations de chômage supplémentaires) pendant 5 ans. Si vous êtes licencié, ça fait mal. Nous n'obtenons même pas l'équivalent du salaire minimum (sur les prestations de chômage standards).»

«Ils n'épargnent pas seulement sur les salaires, ils épargnent sur les avantages sociaux. Je sais ce que les avantages ici étaient, et nos avantages sont maintenant très inférieurs à la moyenne. Ils pouvaient peut-être augmenter un peu notre salaire, mais ils touchaient ensuite à nos avantages.»

Avec la conclusion de la grève, deux camions de pièces ont été immédiatement expédiés à l'usine d'assemblage de Windsor, qui a ensuite repris la production dimanche soir.

Unifor avait initialement négocié ce qu'il qualifiait de «modèle d'accord» avec Avancez, l'une des quatre sociétés qui fournissent du matériel à Fiat-Chrysler. Mais quand cet accord a été placé devant la direction de Dakkota et HBPO la semaine dernière, ces sociétés ont d'abord hésité, déclenchant une brève grève des travailleurs de ces deux usines lorsque le contrat a expiré sans un nouvel accord. Une intervention rapide de Fiat-Chrysler – sans doute avec des menaces sur les futurs contrats d'achat – a convaincu les dirigeants de Dakkota et de HBPO d'accepter le schéma d'Avancez. La direction de ZF-TRW a également accepté le modèle proposé avant le rejet initial du contrat par les travailleurs de cette société, jeudi.

Le modèle d'entente signé par Unifor, maintenant avec les quatre sociétés fournisseuses, prévoit une augmentation salariale de 2 $ l'heure sur une période de trois ans, une augmentation d'un point des paiements versés aux régimes de retraite à cotisations déterminées à compter de 2019 et pratiquement aucune amélioration dans le programme d'avantages déjà inférieur. La plupart des travailleurs de l'usine gagnaient un maigre 19,40 $ (CDN) l'heure avant la grève. Le nouveau salaire horaire des assembleurs s'élève à 20,15 $. Les nouveaux employés de deuxième niveau gagnent 15% de moins pour les deux premières années d'emploi. Les travailleurs temporaires gagnent encore moins.

Les attentes de nombreux travailleurs étaient élevées après que la province ait augmenté le salaire minimum de l'Ontario de 2,40 $ l'heure, pour le faire passer à 14 $, en janvier (avec une autre augmentation de 1$ prévue l'an prochain), réduisant ainsi considérablement l'écart salarial entre les travailleurs les moins bien payés et les travailleurs de l'industrie des pièces automobiles.

Au cours du processus de négociation, Unifor a tôt fait de signaler à la direction qu'il n'avait aucune intention de mener les travailleurs dans une lutte pour sérieusement rattraper des décennies de reculs dans l'industrie des pièces lorsque le président de la section locale 444, James Stewart, a publiquement dénoncé les attentes salariales déraisonnables des travailleurs.

Au cours de la dernière semaine, Unifor a rendu encore plus claire sa vision rétrograde de la «négociation type». James Stewart a affirmé clairement dans plusieurs déclarations à la presse qu'il était contraire à la «culture» syndicale qu’une unité de négociation obtienne des gains en termes de salaires et d'avantages à travers une grève qui viendrait supplanter un accord «type» inférieur.

Historiquement, les accords types visaient à garantir que les gains importants des travailleurs d'un employeur seraient étendus aux travailleurs d'autres entreprises de l'industrie. Stewart et l'ensemble de la bureaucratie syndicale transforment ce principe en son opposé, défendant la négociation type comme un moyen de s'assurer qu'un contrat misérable dans une entreprise soit imposé à toutes les autres.

(Article paru en anglais le 12 mars 2018)

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