Trump va congédier le conseiller à la sécurité nationale McMaster, son cercle personnaliste se resserre

Le Washington Post a rapporté hier soir que cinq sources de la Maison-Blanche affirment que le président Donald Trump a décidé de congédier le conseiller à la sécurité nationale, H.R. McMaster.

Ce limogeage, qui n’a pas été officiellement annoncé par la Maison-Blanche et pourrait ne pas être mis en œuvre immédiatement, intervient quelques jours après que Trump a annoncé le limogeage du secrétaire d’État Rex Tillerson. La présidence de Trump ressemble de moins en moins à une administration présidentielle et plus à une clique personnaliste de personnes nommées qui servent leur chef.

Le remaniement ministériel actuel marque un tournant dramatique vers la droite par ce qui était déjà la présidence la plus réactionnaire de l’histoire des États-Unis. Trump a nommé le directeur de la CIA, Michael Pompeo, laquais d’extrême droit des frères Koch, comme remplaçant de Tillerson. Son candidat pour prendre la place de Pompeo est Gina Haspel, qui a dirigé un centre de torture de site noir en Thaïlande sous l’administration Bush.

Parmi les remplacements possibles pour McMaster, il y a John Bolton, l’ambassadeur ultra-droit de George W. Bush aux États-Unis et un féroce partisan d’une guerre contre l’Iran et la Corée du Nord. Le site Vox a écrit que Bolton « semble prêt à devenir le prochain conseiller du président Donald Trump en matière de sécurité nationale, ce qui aurait des implications importantes – et effrayantes – pour l’avenir de la politique étrangère de Trump. »

L’article du Post de la nuit dernière dépeint Trump dans son élément en train d’assembler un cabinet totalement dominé par l’appareil des renseignements militaires. « Nonobstant tout ce désordre évident », écrit le Post, « Trump se sent enhardi, disent ses conseillers, » et « apprécie le processus d’évaluation de son équipe, et y opérer des changements, resserrant son entourage à ceux qu’il considère comme des survivants et qui respectent son style non conventionnel, a déclaré un haut responsable de la Maison-Blanche. »

Cela confirme l’analyse présentée par le World Socialist Web Site dans sa perspective du 15 mars, « Sept jours en mars : l’Administration Trump et l’effondrement de la démocratie américaine ». Nous avions écrit :

Trump se conduit de plus en plus à la manière d’un Mussolini, mettant en pratique sa déclaration fréquente lors de la campagne 2016 que seul lui pouvait corriger ce qui ne va pas dans la société américaine. Il ne se conduit, ni comme le représentant élu du peuple américain, ni même comme le chef de l’un des deux principaux partis capitalistes, mais comme un souverain personnaliste, autoritaire de type latino-américain ou fasciste, l’arbitre de toutes les grandes questions politiques et sociales.

Une preuve supplémentaire de ce processus a été fournie dans une lettre envoyée hier par les principaux membres Démocrates de la Chambre des Représentants, Elijah Cummings et Eliot Engel au chef de cabinet de la Maison-Blanche John Kelly et au secrétaire d’État adjoint John Sullivan. La lettre allègue que l’Administration Trump élimine les fonctionnaires du Département d’État du gouvernement dans ce que les Démocrates appellent un développement « extrêmement perturbant ».

La lettre poursuit : « Au cours de l’année écoulée, nous avons entendu de nombreuses informations sur des attaques politiques contre des employés de carrière au Département d’État, mais nous n’avions vu aucune preuve de l’étendue, de la brutalité et de l’inopportunité de ces attaques jusqu’à maintenant ». La lettre des Démocrates allègue que Trump limoge certains responsables, qu’elle caractérise comme « des partisans d’Obama/Clinton qui ne soutiennent pas du tout le programme de politique étrangère du président Trump. »

La lettre cite des documents divulgués par un « lanceur d’alerte » du Département d’État (un Démocrate loyaliste) qui affirme que la purge est organisée par « un réseau de conservateurs hors des partis – y compris l’ancien Président de la Chambre des représentants, Newt Gingrich, l’activiste conservatrice Barbara Ledeen et l’ancien vice-président, Dick Cheney et David Wurmser, conseiller de John Bolton. » La note cite un courriel de Gingrich appelant à « nettoyer » le Département d’État des fonctionnaires démocrates. La mention de Cheney dans la lettre fait particulièrement froid dans le dos.

Le rapport de Post détaillant le congédiement de McMaster indique également que d’autres licenciements sont à venir. En conséquence, « l’humeur à l’intérieur de la Maison-Blanche ces derniers jours a frôlé la folie, alors que Trump garde de plus en plus ses propres conseillers et que les hauts gradés sont bien en peine pour déterminer le degré de rumeur et de vérité de chaque information […] Certains responsables de la Maison-Blanche ont commencé à parier sur le prochain membre qui sera évincé. »

Trump fait de plus en plus appel à ses personnalités préférées de la télévision pour remplir des rôles clés dans son gouvernement. Il a nommé Larry Kudlow, l’animateur de la chaîne de télévision CNBC, comme son principal conseiller économique, en remplacement de Gary Cohn, qui a démissionné la semaine dernière après que Trump a annoncé ses tarifs douaniers sur l’acier et l’aluminium. Selon de multiples sources, Trump envisage également de congédier le secrétaire aux Anciens Combattants, David Shulkin, pour le remplacer par Peter Hegseth, animateur de Fox News.

Le Parti démocrate a réagi à la crise interne de l’Administration Trump non en s’opposant à son programme de droite, mais en forçant Trump à prendre une position plus belliqueuse contre la Russie. Il est à noter que la récente série de licenciements a coïncidé avec la décision du procureur spécial Robert Mueller d’assigner les entreprises de Trump, indiquant que Trump est en train de resserrer son cercle restreint à mesure que la possibilité d’un impeachment ou d’une mise en examen s’approche.

Dans le même temps, Trump a indiqué sa volonté de suivre la campagne des agences de renseignement militaires contre la Russie en signant de nouvelles sanctions contre la Russie. Trump et les puissances de l’OTAN, l’Allemagne, le Royaume-Uni et la France ont également condamné le président russe, Vladimir Poutine, pour des allégations non fondées selon lesquelles le gouvernement russe aurait tenté d’assassiner l’ex-espion russe Sergei Skripal et sa fille, Yulia Skripal.

(Article paru d’abord en anglais le 16 mars 2018)

À lire également :

Sept jours en mars : l’administration Trump et l’effondrement de la démocratie américaine

[16 mars 2018]

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