Le Parti de l’égalité socialiste allemand exige la libération immédiate de Carles Puigdemont

Le Sozialistische Gleichheitspartei (Parti de l’égalité socialiste, SGP) condamne l’arrestation de Carles Puigdemont par les autorités allemandes et exige sa libération immédiate. L’ancien président de région de la Catalogne a été arrêté dimanche matin par des policiers fédéraux allemands sur une autoroute dans l’État de Schleswig-Holstein et détenu dans un établissement de la ville de Neumünster.

L’arrestation de Puigdemont par les autorités allemandes est un acte judiciaire arbitraire caractéristique d’un régime autoritaire. Le gouvernement et le pouvoir judiciaire allemands servent d’exécuteurs pour le régime de Madrid, qui a lancé une répression brutale contre le mouvement indépendantiste catalan.

Puigdemont n’a commis aucun crime, mais est poursuivi pour des raisons purement politiques. La Cour suprême espagnole l’a accusé vendredi, avec 12 autres hommes politiques catalans de premier plan, de rébellion. L’accusation découle du fait qu’ils ont organisé un référendum sur l’indépendance de la Catalogne, une promesse autour de laquelle ils ont fait campagne lors des élections précédentes. À ce jour, 25 hommes et femmes politiques catalans sont chacun menacés de 30 ans de prison.

L’arrestation de Puigdemont rappelle un épisode sinistre du passé. Ce n’est pas la première fois que les autorités allemandes arrêtent un Premier ministre catalan. En août 1940, en France, la Gestapo arrêta Lluis Companys, qui s’était battu contre l’allié d’Hitler, Franco, pendant la guerre civile. Ils l’ont extradé à Madrid, où il a été torturé, condamné à mort et exécuté.

Le fait que Puigdemont soit un prisonnier politique qui subit également de graves conséquences est incontestable. Un commentaire de la Süddeutsche Zeitung intitulé « L’Allemagne a son premier prisonnier politique », reconnaît que Madrid tente de « décimer un mouvement de masse démocratique par les moyens d’incarcération et des amendes ». Il est « évident que la position dure du pouvoir judiciaire espagnol vise à détruire et l’existence économique et sociale des militants catalans ».

Seulement dix jours après son investiture, le gouvernement allemand soutient pleinement cette politique antidémocratique avec l’arrestation de Puigdemont. Il est inconcevable que l’arrestation de l’homme politique catalan ait pu avoir lieu sans autorisation au plus haut niveau politique. En octobre dernier, lorsque le gouvernement espagnol de Mariano Rajoy a réprimé brutalement le référendum sur l’indépendance de la Catalogne, le gouvernement allemand a pleinement approuvé les actions de Madrid.

Comme le rapportait le magazine Focus, le service de renseignement espagnol avait Puigdemont sous surveillance à chaque instant. Ils ont informé le Bureau pénal fédéral allemand, qui est sous le contrôle direct du ministère de l’Intérieur. Puigdemont, qui avait assisté à une conférence en Finlande et traversé en voiture la Suède et le Danemark en se rendant en Belgique, a été arrêté par la police fédérale peu de temps après avoir franchi la frontière allemande.

La grande coalition allemande soutient le gouvernement espagnol parce qu’elle est entièrement d’accord avec son objectif de supprimer toute opposition sociale et politique. Le renforcement de la police, l’expansion des services de renseignement et la transformation de l’Europe en une forteresse lourdement armée constituent une partie substantielle de l’accord de coalition conclu entre les sociaux-démocrates allemands et les partis conservateurs.

Ce renforcement de l’appareil d’État répressif n’est pas seulement dirigé contre des mouvements comme les séparatistes catalans, qui malgré leurs conflits avec Madrid avancent un programme complètement bourgeois. Leur cible principale est la classe ouvrière. L’arrestation de Puigdemont se déroule dans le contexte de conflits sociaux croissants et de luttes de classe à travers l’Europe et les États-Unis.

Il y a deux semaines, 45 000 personnes ont manifesté à Barcelone pour l’indépendance de la Catalogne et, dimanche soir, 55 000 personnes sont descendues dans la rue pour protester contre l’arrestation de Puigdemont. En France, les cheminots et les fonctionnaires font grève contre les réformes du marché du travail du président Emmanuel Macron. En Allemagne, après des grèves dans le secteur industriel, des dizaines de milliers de travailleurs du secteur public participent désormais à des grèves d’avertissement. Aux États-Unis, les plus grandes manifestations étudiantes depuis la guerre du Vietnam ont eu lieu ce week-end. Dans les conditions d’une guerre commerciale en développement avec les États-Unis, le danger de guerre grandissant et le renforcement militaire lié à cela, ces conflits s’intensifieront.

C’est pourquoi le gouvernement allemand soutient de tout son poids le gouvernement du Parti populaire (PP) de Mariano Rajoy, dont les origines remontent à la dictature de Franco qui a dirigé l’Espagne de 1936 à 1975. Comme par le passé, les gouvernements d’extrême droite érigent des états policiers basés sur la terreur pour réprimer brutalement toutes les formes d’opposition.

Rajoy, dont le gouvernement minoritaire a fait face à des pressions de tout bord, a envoyé des milliers de policiers de la détestée Guardia Civil en Catalogne pour lancer une répression contre les électeurs lors du référendum d’octobre dernier. Après que les séparatistes ont remporté de nouvelles élections imposées par Madrid, Rajoy a ordonné l’arrestation d’un candidat potentiel après l’autre afin d’empêcher l’élection d’un nouveau président de région.

Cette répression bénéficie du plein soutien de Berlin, car la classe dirigeante veut supprimer toute opposition sociale et politique à ses politiques réactionnaires. L’arrestation de Puigdemont est directement liée à l’application des mesures d’État-policier en Allemagne et en Europe.

Le SGP réitère sa demande pour la libération immédiate de Carles Puigdemont et appelle les travailleurs, les jeunes et les intellectuels sérieux à résister courageusement à la mise en place d’un régime autoritaire.

(Article paru en anglais le 26 mars 2018)

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