Pour une offensive internationale de la classe ouvrière contre l’austérité et la guerre!

Ceci est le texte d’une déclaration diffusée par le Parti de l’égalité socialiste (Canada) parmi des travailleurs et des jeunes qui participaient à une manifestation du premier mai tenue à Montréal le 28 avril.

Le 1er mai 2018 survient dans le contexte d’une profonde crise mondiale du système capitaliste. Plus que jamais, les événements mondiaux démontrent l'actualité brûlante de la célèbre phrase de Karl Marx, écrite il y a 170 ans: «Travailleurs de tous les pays, unissez-vous!»

Partout dans le monde, les travailleurs sont confrontés aux mêmes problèmes: un assaut de la classe dirigeante qui vise à détruire ce qui reste des droits sociaux que les travailleurs ont gagnés à travers les luttes révolutionnaires de masse du siècle dernier; la criminalisation de l’opposition sociale; la militarisation et le danger croissant d'une troisième guerre mondiale.

Les traits hideux de la présidence de Trump – attaques contre les immigrants, menaces d'anéantir des pays entiers comme la Corée du Nord, baisses d'impôt massives pour la grande entreprise et les riches – ne sont pas dus à sa personnalité dégénérée, mais sont le reflet du capitalisme américain, et mondial, en état de décomposition avancée. Toutes les autres classes dirigeantes, peu importe l’étiquette du parti au pouvoir, mènent essentiellement la même politique de guerre de classe, tout en se réarmant et en affirmant agressivement leurs intérêts commerciaux et géopolitiques les unes contre les autres.

L’impérialisme et la guerre

Particulièrement pour l’impérialisme américain, il n’y a d’autre voie que l’agression et la guerre. Dans le but de compenser son déclin économique relatif et maintenir son hégémonie mondiale, Washington a lancé toute une série de guerres prolongées durant le dernier quart de siècle: au Moyen-Orient, en Afrique, dans les Balkans et en Asie centrale. Cette frénésie guerrière se transforme maintenant en offensive militaire et stratégique contre la Chine et la Russie, deux puissances nucléaires.

Les puissances impérialistes de second ordre comme la France et l’Allemagne – ou de troisième ordre comme le Canada – réagissent par le réarmement, afin de faire respecter leurs propres intérêts. C’est ainsi que le gouvernement Trudeau a annoncé une hausse de 70% du budget de l’armée au cours de la prochaine décennie et s’efforce d’intégrer le Canada encore plus étroitement à la guerre menée par les États-Unis au Moyen-Orient et à leurs préparatifs de guerre contre la Russie et la Chine.

Cette poussée guerrière s’accompagne d’un assaut encore plus important contre la classe ouvrière, mené au nom de la «compétitivité internationale» des entreprises. Au Canada, tandis que les fortunes des plus riches s'accroissent sans cesse (les deux milliardaires les plus riches détiennent autant que près du tiers de la population), des années de compressions budgétaires, de privatisations et de déréglementations ont asséché les services publics des ressources nécessaires.

La montée de la résistance ouvrière

Comme la crise du capitalisme est mondiale, la résistance de la classe ouvrière prend aussi un caractère mondial. Partout, les travailleurs entrent en lutte contre les reculs sociaux sans fin et sont fortement opposés aux préparatifs de guerre de l’élite dirigeante. Depuis le début de l’année, des grèves importantes ont éclaté parmi les métallurgistes et les travailleurs de l’auto en Allemagne, en Turquie et en Europe de l’Est; les cheminots en France; et de vastes couches d’enseignants en Grande-Bretagne et aux États-Unis.

Et pourtant, politiquement, la classe ouvrière ne s’est pas encore imposée. Au contraire, des forces de l’extrême droite, comme Trump, l’AfD en Allemagne et le Front national en France, réussissent à exploiter la colère de la population provoquée par la crise sociale et gagnent en force, et participent même à des gouvernements. Et même si la guerre fait rage au Moyen-Orient et que le danger d’un affrontement imminent entre les grandes puissances est aussi grand, sinon plus, qu’aux pires moments de la guerre froide, il n’y a pas de mouvement antiguerre de masse.

Qu’est-ce qui explique cette situation?

Les organisations et les partis qui prétendaient historiquement représenter la classe ouvrière ou qui étaient largement associés à la «gauche» – les syndicats, les partis sociaux-démocrates et staliniens, et le Parti démocrate aux États-Unis – participent depuis des décennies à l’assaut sur la classe ouvrière. Ils imposent l’austérité, les baisses de salaire et les licenciements, appuient la guerre et étouffent la lutte des classes.

Les syndicats du Québec sont un parfait exemple de ce processus. Ancrés dans une perspective nationaliste et procapitaliste, ils ont été transformés depuis la fin des années 1970 en une véritable police industrielle et ont développé des liens lucratifs avec le patronat à travers le Fonds de solidarité et d’autres fonds d’investissement. Les syndicats ont isolé la grève étudiante de 2012 au Québec et l’ont harnachée au Parti Québécois pro-austérité. De la même façon, ils ont étouffé la lutte des travailleurs du secteur public en 2015, faisant tout ce qu’ils pouvaient pour la garder dans le carcan de la négociation collective et l’empêcher de devenir le fer de lance d’une mobilisation de la classe ouvrière contre l’austérité.

Et pour atteindre l’objectif avoué de se débarrasser des libéraux de Couillard qui sont tant détestés, la FTQ, la CSN et la CSQ vont tenter une fois de plus d’attacher les travailleurs au Parti Québécois dans l’élection d’octobre prochain.

Une direction révolutionnaire est nécessaire

La résistance grandissante de la classe ouvrière internationale témoigne du fait que la répression artificielle de la lutte des classes par les syndicats et la «gauche» officielle tire à sa fin.

Mais pour mobiliser la classe ouvrière en tant que force politique indépendante et unir ses luttes contre l’inégalité sociale avec la lutte contre la guerre impérialiste, il faut exposer politiquement les organisations de la pseudo-gauche comme Québec solidaire (QS) et La France insoumise (LFI) de Jean-Luc Mélenchon

Ces organisations, dont la base sociale est constituée des couches privilégiées de la classe moyenne, tentent de ressusciter les illusions dans la perspective vide de la réforme du capitalisme sur une base nationaliste et de garder les travailleurs enchaînés aux syndicats procapitalistes. Devant la montée de la colère sociale, QS s'est rapproché davantage du Parti Québécois en fusionnant avec les nationalistes de droite d'Option nationale.

Quant a ses alliés internationaux: en Grèce, Syriza, après avoir supplié en vain l’Union européenne de réduire la dette du pays, a imposé des mesures d’austérité qui allaient bien plus loin que celles qui avaient été mises en œuvre par ses prédécesseurs de droite; LFI, quant à elle, a appelé à renforcer l'armée française en soutenant la hausse massive des dépenses militaires préconisées par le président actuel, l'ancien banquier et ministre «socialiste» Emmanuel Macron.

Le Parti de l'égalité socialiste du Canada lutte aux côtés de ses camarades dans le Comité international de la Quatrième Internationale pour forger le Parti mondial de la révolution socialiste qui est nécessaire pour unifier et armer les luttes croissantes de la classe ouvrière d’un programme et d’une direction socialistes. Nous défendons l’idée que toute lutte contre la guerre et pour défendre les conditions de vie doit être basée sur la classe ouvrière. Elle est la seule force qui a le pouvoir social de mettre un terme au capitalisme, la véritable source de la guerre et de la réaction sociale, et d'établir l'économie sur une toute nouvelle base, une base socialiste, où les besoins humains seront le moteur de la production.

Nous vous invitons à lire le World Socialist Web Site, notre quotidien en ligne; à entrer en discussion avec nous; et à assister au rassemblement en ligne du samedi 5 mai pour commémorer la Journée internationale des travailleurs et le bicentenaire de la naissance de Karl Marx.

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