Un mort et quatre blessés samedi soir lors d’un attentat islamiste à Paris

Dans la nuit du samedi 12 mai, juste avant 21 h, un jeune homme brandissant un couteau a attaqué des passants dans le centre de Paris en criant « Allahu akbar ! » selon des témoins oculaires.

Tragiquement, un homme de 29 ans a été tué et quatre autres ont été blessés — dont deux grièvement — dans cette attaque terroriste. Trois des quatre victimes ont été transportées à l’hôpital Georges Pompidou, l’une d’elles nécessitant une intervention chirurgicale. Il a été annoncé dimanche matin que tous les blessés se rétabliraient.

L’attaque s’est produite dans le 2e arrondissement de Paris, à quelques rues de l’Opéra Garnier. L’opéra est une attraction touristique bien connue. Le quartier, plein de restaurants et de bars, est généralement animé le samedi soir.

L’agresseur, un Français d’origine tchétchène né en 1997, a été abattu par la police, apparemment comme dans une exécution. Quand un groupe de trois policiers est arrivé sur les lieux, l’assaillant aurait brandi son couteau. Après qu’un policier a tiré sur lui avec un Taser, un autre a tiré deux balles avec son pistolet, le blessant mortellement.

L’agresseur n’avait pas de casier judiciaire, mais il était connu des services de renseignement comme c’est le cas dans pratiquement toutes les attaques de l’État islamique (EI) en France depuis la fusillade de Charlie Hebdo en janvier 2015. L’auteur avait un dossier de type « Fiche S », ce qui signifie qu’il avait été identifié comme une menace pour la sécurité de l’État par les services de renseignement français.

L’État islamique a revendiqué la responsabilité de l’attaque presque immédiatement. Selon le groupe de renseignement SITE, l’agence de presse AMAQ de l’État islamique a cité une « source de sécurité » de l’EI disant : « l’auteur de cet attentat à Paris est un soldat de l’État islamique et l’opération a été menée en représailles contre les États de la coalition [dirigée par les États-Unis] ».

Les principaux politiciens français ont immédiatement fait des déclarations. Le président Emmanuel Macron a tweeté : « Toutes mes pensées vont aux victimes et aux blessés de l’attaque au couteau perpétrée ce soir à Paris, ainsi qu’à leurs proches. Je salue au nom de tous les Français le courage de la police qui a neutralisé les terroristes. La France paie à nouveau le prix du sang, mais ne cédera pas un pouce aux ennemis de la liberté ».

« Je salue le sang-froid et la réactivité des forces de police qui ont neutralisé l’assaillant. Mes premières pensées vont aux victimes de cette attaque méprisable » a lui aussi tweeté le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb.

Anne Hidalgo, la maire PS (Parti socialiste) de Paris a déclaré : « Ce soir, notre ville a été blessée ».

L’attaque terroriste de samedi soir est un crime sanglant et réactionnaire. La responsabilité politique en incombe cependant à la même élite dirigeante qui s’en sert désormais pour chanter des hymnes en louange à la police française et à l’appareil de surveillance sur Internet.

Conjointement avec Washington et les scheiks du Golfe Persique, l’impérialisme français et ses alliés européens ont utilisé et donné une protection officielle tacite aux réseaux islamistes alors qu’ils menaient leur guerre sanglante de changement de régime en Syrie, commencée en 2011. Les forces recrutées étaient envoyées en Syrie en tant que principales troupes terrestres des puissances européennes dans la guerre contre le président syrien Bachar el-Assad.

Ce fait a été entièrement révélé par les attentats du 22 mars 2016 à Bruxelles : les services de renseignement turcs, israéliens et russes avaient tous dit qu’ils avaient identifié les assaillants ainsi que leurs cibles aux services secrets belges et européens avant les attentats. Après l’attaque terroriste de l’EI l’an dernier à Barcelone, des masses de personnes ont manifesté et dénoncé le gouvernement espagnol pour avoir travaillé avec les assaillants.

Il ne fait aucun doute cependant qu’alors que le gouvernement Macron fait face à des grèves et à des manifestations étudiantes grandissantes contre ses mesures d’austérité, il réagira comme les gouvernements français à toutes les attaques précédentes : en intensifiant ses appels au militarisme et aux attaques contre les droits démocratiques.

L’ancien gouvernement du Parti socialiste (PS) du président François Hollande a imposé un état d’urgence de deux ans, suspendant les droits démocratiques, après les attentats de Paris du 13 novembre 2015. Alors que l’état d’urgence prenait officiellement fin le 1er novembre 2017, une loi antiterroriste draconienne avait été signée le 30 octobre.

Cette loi antiterroriste inscrit dans la loi les mesures antidémocratiques « temporaires » imposées à la suite des attentats du 13 novembre, rendant ainsi l’état d’urgence permanent.

Grâce à elle, l’État français peut effectuer des perquisitions et des saisies arbitraires dans des domiciles privés ou dans toute zone déclarée « zone de sécurité » ; imposer l’assignation à résidence et la surveillance électronique des personnes jusqu’à un an à chaque fois, sans mise en accusation; effectuer des contrôles d’identité sans mandat dans les zones situées aux alentours des frontières, des gares et des aéroports ; collecter et stocker toutes données électroniques, téléphoniques et par e-mail de toute personne qui, de l’avis de la police, pourrait être mise en rapport dans le présent ou dans l’avenir avec un « crime grave ».

Ces pouvoirs furent déjà utilisés pour surveiller et détenir des individus et menacer d'interdire les manifestations pendant la lutte de 2016 contre la loi Travail du PS. Comme Macron provoque des grèves et des protestations en utilisant cette loi pour attaquer les salaires et les conditions dans les industries à travers la France, il ne fait aucun doute que ces pouvoirs seront rapidement tournés contre les travailleurs et les jeunes.

(Article paru d’abord en anglais le 14 mai 2018)

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(Article paru d’abord en anglais le 14 mai 2018)

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