Perspectives

Un record de 31 500 milliards de dollars amassés par les oligarques

Selon le rapport « Wealth-X » 2018 sur les ultra-riches, 255 810 personnes « à très haute valeur nette » (UHNW) avec une richesse minimale de 30 millions de dollars, soit 26 millions d’euros, détiennent désormais collectivement vingt-sept mille milliards de dollars, soit une augmentation de 16,3 pour cent entre 2016 et 2017.

En d’autres termes, un groupe d’oligarques égal en nombre d’habitants de Bordeaux en France ou Nottingham en Angleterre, possède plus que les 80 pour cent les plus pauvres du monde, soit quelque 5,6 milliards de personnes.

Les chiffres de la concentration de la richesse sont difficiles à se représenter :

* En Amérique du Nord, le nombre total d’individus UHNW a augmenté de 9,5 pour cent pour atteindre 90 440 et leur richesse a augmenté de 13,1 pour cent pour atteindre neuf mille milliards de dollars.

* En Europe, la population UHNW a augmenté de 12,8 pour cent, à 72 570, avec une richesse totale de neuf mille milliards de dollars également, en hausse de 13,5 pour cent.

* En Asie, il y avait 68 970 personnes UHNW en 2017, soit une augmentation de 18,5 pour cent par rapport à 2016. Leur richesse a augmenté de 26,7 % au cours de cette période pour atteindre sept mille milliards de dollars.

* D’ici 2022, la population d’UHNW devrait atteindre 360 390 personnes, dont la richesse combinée « devrait atteindre trente-huit mille milliards de dollars, ce qui représente un apport supplémentaire de onze mille milliards de dollars au cours des cinq prochaines années. »

* Les 22,3 millions de personnes dont la valeur nette dépasse un million de dollars possèdent ensemble un total de 91 700 milliards de dollars, soit presque le triple de la richesse combinée des 90 pour cent de la population mondiale les plus pauvres.

Le rapport Wealth-X montre clairement que l’augmentation de la concentration de la richesse est le produit de politiques délibérées adoptées par les gouvernements du monde entier. Selon le rapport, « la libéralisation des marchés en Chine, la réforme fiscale et la déréglementation des sociétés en Inde et les réductions d’impôt massives pour les riches aux États-Unis visaient clairement à accorder des exemptions généreuses aux sociétés et aux personnes fortunées. »

Dans le premier tome du Capital de Karl Marx, le fondateur du socialisme scientifique écrivait : « [l]'accumulation de richesse à un pôle, c’est égale accumulation de pauvreté, de souffrance, d’ignorance, d’abrutissement, de dégradation morale, d’esclavage, au pôle opposé. »

Sous le capitalisme, la richesse des super-riches provient de l’exploitation de la classe ouvrière internationale.

* La moitié du monde n’a pas accès aux soins de santé et 100 millions de personnes sont poussées chaque année dans l’extrême pauvreté en raison des dépenses de santé (Organisation mondiale de la santé, 2017).

* 1,2 milliard de personnes n’ont pas accès à l’électricité (Fondation Rockefeller, 2017).

* 2 milliards de personnes utilisent une source d’eau potable contaminée par des excréments (Organisation mondiale de la santé, 2018).

* 8,6 millions de personnes meurent chaque année d’un manque de soins de santé ou de soins de santé de mauvaise qualité (The Lancet, 2018).

* 750 millions d’adultes ne savent ni lire ni écrire (UNESCO, 2017).

* En 2020, 1,6 milliard de personnes n’auront pas accès à un logement sûr et adéquat (World Resources Institute, 2017).

* 50,5 millions d’enfants de moins de 5 ans sont atteints de diarrhée en raison de la malnutrition (Banque mondiale, 2018).

* 850 millions de personnes souffrent de « sous-alimentation chronique » (Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, 2016).

* 4 milliards de personnes n’ont pas accès à Internet (UNESCO, 2017).

Même dans les pays les plus avancés d’Europe et d’Amérique du Nord, la classe ouvrière est confrontée à des conditions de plus en plus précaires : baisse de l’espérance de vie, taux de suicide et d’abus de drogues et d’alcool, aux États-Unis, où vivent environ un tiers des personnes les plus riches du monde, 69 pour cent de la population ont une épargne totale inférieure à 1000 dollars.

La classe ouvrière internationale n’est représentée dans aucun gouvernement ni dans aucun parti politique capitaliste, et l’establishment politique est dominé par les super-riches. Les milliardaires et les multimillionnaires « ultra-fortunés » délibèrent et prennent des décisions concernant la politique de l’État et la distribution des ressources entièrement dans le dos de la population.

Toutes les institutions officielles et semi-officielles du gouvernement, y compris les universités, les médias financés par le patronat, et les syndicats, sont subordonnées aux intérêts de l’aristocratie moderne et servent à limiter et à bloquer le développement d’un mouvement unifié de la classe ouvrière pour l’égalité. Alors que les inégalités augmentent, l’élite dirigeante se prépare à la menace de la révolution sociale en revenant sur les droits démocratiques fondamentaux, en censurant Internet, en établissant des états d’urgence permanents et en faisant monter les partis de l’extrême droite et néo-fascistes pour empoisonner les émissions radio et télévision avec leur racisme, leur xénophobie et leur nationalisme.

Cependant, la classe ouvrière n’est pas seulement une classe opprimée, c’est aussi une puissante force sociale révolutionnaire.

Les progrès de la technologie, des communications et des transports ont entraîné une expansion considérable de la taille la classe ouvrière internationale. Au cours des 50 dernières années, des pays comme l’Inde, la Chine, le Nigeria, l’Afrique du Sud, le Brésil, la Turquie et bien d’autres ont été transformés de pays ayant une population ouvrière relativement petite en centres industriels massifs regroupant des dizaines de millions, voire des milliards d’ouvriers.

En même temps, la mondialisation relie les travailleurs du monde entier dans le processus de production. L’Internet a permis aux travailleurs de communiquer et développer des stratégies entre eux sur les lieux de travail et aux frontières nationales. Le potentiel démocratique et révolutionnaire d’Internet en a fait une cible de la censure de la classe dirigeante à travers le monde, grâce aux efforts des sociétés américaines Google, Facebook, et Twitter pour rétrograder, cacher, des sites Web de gauche comme le World Socialist Web Site.

Le rapport Wealth-X souligne l’immense potentiel révolutionnaire dans la situation actuelle. Comme Friedrich Engels l’a écrit dans l’Anti-Duhring :

« Si l’on s’éveille à la compréhension que les institutions sociales existantes sont déraisonnables et injustes, que la raison est devenue sottise et le bienfait fléau, ce n’est là qu’un indice qu’il s’est opéré en secret dans les méthodes de production et les formes d’échange des transformations avec lesquelles ne cadre plus le régime social adapté à des conditions économiques plus anciennes.

Cela signifie, en même temps, que les moyens d’éliminer les anomalies découvertes existent forcément, eux aussi – à l’état plus ou moins développé – dans les rapports de production modifiés. Il faut donc non pas inventer ces moyens dans son cerveau, mais les découvrir à l’aide de son cerveau dans les faits matériels de production qui sont là. »

Le rapport Wealth X confirme que les ressources pour la transformation de la planète sur une base égalitaire existent déjà.

Le Parti de l’égalité socialiste appelle à la confiscation des milliers de milliards de dollars des super-riches par les masses populaires et à leur affectation aux besoins fondamentaux de la population mondiale. Les grandes entreprises dont les opérations d’exploitation touchent tous les pays doivent être confisquées et transformées en services publics gérés démocratiquement par les travailleurs eux-mêmes.

Aucune aristocratie n’a jamais abandonné le pouvoir simplement parce que son existence constituait un frein au développement des forces productives. Libérer les dizaines de milliers de milliards de dollars nécessaires pour répondre aux besoins de la population mondiale nécessite une révolution socialiste.

(Article paru d’abord en anglais le 8 septembre 2018)

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