Il y a 25 ans: Eltsine ordonne le bombardement du parlement russe

Le bombardement du bâtiment du parlement russe

Le 4 octobre 1993, Moscou fut le théâtre d’un « carnage, une abjection, d’une destruction hideuse », d’après la presse, après que le président de la Russie, Boris Eltsine, ait ordonné à l’armée de prendre d’assaut la Maison Blanche de Russie, à l’époque siège du Parlement russe. Le résultat en fut le plus sanglant combats que la ville ait vue depuis la révolution russe.

Près de 200 personnes ont été tuées, et plus de 400 blessées, d’après les statistiques officielles biaisées. Les sources non-gouvernementales ont estimé le nombre de morts jusqu’à 2000. Le bâtiment du Parlement a été presque entièrement détruit par les tirs d’obus, et la plupart de ceux qui étaient à l’intérieur et qui ont survécus ont été arrêtés et sauvagement matraqués.

L’attaque de Eltsine contre le Parlement a démenti très clairement les affirmations selon lesquelles l’effondrement de l’URSS signifiait l’installation de la démocratie. La restauration capitaliste impliquait un assaut frontal contre la position sociale de la classe ouvrière, et la transformation d’une section de l’ancienne bureaucratie stalinienne en une nouvelle classe capitaliste, des méthodes violentes, dictatoriales, étaient nécessaires.

Dans les médias occidentaux, pas une seule voix dissidente n’a été entendue pour relever ce fait élémentaire. Il n’y a pas eu la moindre place sur les ondes pour quelqu’un qui oserait dénoncer les mensonges cyniques de Eltsine et de ceux qui le soutenaient à Washington, alors que les scènes qui passaient à la télévision ne rappelaient rien de moins que le coup du général Pinochet au Chili en 1973. Au lieu de cela, CNN annonçait que les obus tirés par des chars d’assaut sur le bâtiment du Parlement portaient des coups pour défendre la « démocratie ».

Les principaux opposants politiques de Eltsine, qui avaient occupé le bâtiment du Parlement en réaction contre son décret du 21 septembre qui le dissolvait, ont été jetés en prison. Plus de 1500 personnes ont été arrêtées et placées dans des centres de détention, dont un stade. Beaucoup ont été victimes de coups violents, dont le libéral Boris Kagarlitsky, un « démocrate de gauche » opposant bien connu à la bureaucratie stalinienne qui s’est par la suite réconcilié avec le régime Eltsine.

Il a décrit le traitement qui lui a été réservé après le 4 octobre comme pire que tout ce qui lui était arrivé sous Brejnev et dans les années 1980.

Le Financial Times, une publication écrite par et pour l’élite dirigeante, qui fait autorité par la classe dirigeante britannique, ne s’est pas retenu en décrivant la scène le 5 octobre :

« C’était moche. Le bâtiment du Parlement encerclé par les chars d’assaut, qui tiraient obus après obus sur ses fenêtres. À l’intérieur, un petit groupe agglutiné, les représentants du peuple. Dehors, un président qui déchire la constitution, qui se sert de l’armée pour imposer son autorité, et qui interdit les journaux d’opposition, encouragé par les dirigeants du "monde libre". C’est moche, mais ça ne veut pas dire que M. Eltsine ou ses soutiens en occident ont tort. »

(Article paru en anglais le 1ᵉʳ octobre 2018)

Loading