L’ex-première Dame Michelle Obama reconnaît son affinité avec George W. Bush

Certains incidents, même mineurs, révèlent parfois quelque chose de fondamental sur le caractère de la politique. C’est le cas des propos qu’a tenus l’ex-première Dame Michelle Obama à l’émission «Today» de la chaîne NBC alors qu’elle faisait la promotion de son prochain livre «Becoming», qui devrait paraître dans quelques semaines. Sur un ton léger et banal, Obama a parlé de ses relations chaleureuses avec l’ancien président républicain George W. Bush.

Interrogée sur son interaction amicale avec Bush filmée alors qu’ils étaient assis l’un à côté de l’autre lors des obsèques du sénateur républicain John McCain, Obama a expliqué: «Le président Bush et moi-même, nous sommes toujours des compagnons de siège à cause du protocole: c’est ainsi que nous nous sommes assis à toutes les fonctions officielles.» Au lieu de s’en tenir à cela, Obama a poursuivi ainsi: «Il est mon complice dans les événements où se rassemblent les anciens. Je l’aime beaucoup. C’est un homme merveilleux. C’est un homme drôle».

Obama ne parlait pas simplement en termes personnels de l’ancien président Bush. Elle a d’ailleurs expliqué: «Le parti ne nous sépare pas. La couleur, le sexe, ce genre de choses ne nous sépare pas... En tant qu’adultes et leaders, si nous ne montrons pas ce niveau de décence, on ne peut pas s’attendre à ce que nos enfants fassent de même.»

La déclaration d’Obama est une version encore plus explicite de ce que Barack Obama avait déclaré quelques jours après les élections de novembre 2016: «Nous formons en fait une seule équipe», qualifiant la lutte électorale entre Trump et Clinton de «chicane interne».

Bush est «mon complice» et «un homme merveilleux»… Que peut-on dire? Bush est en fait un criminel, responsable d’avoir supervisé l’invasion de l’Irak sur la base de mensonges, qui a entraîné la mort d’au moins un million de personnes. Après les attentats du 11 septembre, son gouvernement a lancé une «guerre au terrorisme» comme prétexte pour déchirer la constitution, étendre l’espionnage intérieur qui est illégal, et faire de la torture un instrument de la politique étrangère américaine. Il mérite d’être arrêté et poursuivi en justice pour crimes de guerre.

Des termes tels que «guerre au terrorisme», bombardement «choc» de populations civiles, «restitution extraordinaire» de suspects présumés de terrorisme et «simulation de noyade» seront à jamais associés au nom de Bush. Sans parler de la politique intérieure de Bush, basée sur une attaque massive contre les programmes sociaux, des réductions d’impôts pour les riches et la réaction initiale de la classe dirigeante à la crise financière de 2008: le sauvetage des banques.

Le fait que Michelle Obama puisse parler ainsi de Bush témoigne du fait que les représentants politiques de l’élite dirigeante, malgré leurs intenses conflits internes, sont unis. Ce n’est pas une question d’amitié personnelle, mais d’intérêts communs de classe.

En fait, les politiques de droite de Bush ont été poursuivies et intensifiées par les gouvernements qui lui ont succédé.

Le président démocrate Barack Obama n’a fait qu’approfondir les politiques antidémocratiques et militaristes de son prédécesseur. Il a refusé de poursuivre en justice même un seul membre du cabinet de Bush pour violations du droit national et international, et en a plutôt intégré plusieurs au sein de son propre gouvernement. Après avoir soulevé de légères critiques de l’occupation de l’Irak et de l’Afghanistan par le gouvernement Bush, Obama a poursuivi ces guerres tout en commençant les siennes en Libye, en Syrie et au Yémen, qui ont causé misère et souffrance indicibles.

Obama, le candidat de «l’espoir» et du «changement», a procédé à un sauvetage massif du système financier américain à hauteur de trillions de dollars tout en pillant des programmes sociaux pour le financer. Par ailleurs, il a élargi le programme d’espionnage illégal du gouvernement Bush en introduisant des innovations telles que les frappes de drones et d’autres formes de meurtres extrajudiciaires, notamment de citoyens américains.

Les Obama ont eux-mêmes profité des services rendus à l’élite financière depuis qu’ils ont quitté la scène politique en 2017. Outre les tournées de conférences et les offres de livres hautement payées de Barack Obama, Michelle a également cherché à développer sa marque en préparant une «méga-tournée» de promotion de son livre, «gérée par Live Nation, qui organise généralement des événements pour des groupes comme Rihanna, U2 et Pink», selon le Washington Post.

«Michelle Obama s’adressera à une foule nombreuse dans des stades prévus pour concerts de rock et matchs de basketball de la NBA», a fait savoir le site internet The Hill. «Elle apparaîtra dans tous les médias et pourrait vendre plus de livres que les candidats potentiels pour 2020 tels que Joe Biden, Bernie Sanders et Elizabeth Warren».

Les commentaires de Mme Obama interviennent alors que tout l’establishment politique américain se déplace vers la droite. Après l’élection du républicain Donald Trump en 2016, le parti démocrate et des sections de l’État et de l’armée ont critiqué l’occupant de la Maison-Blanche pour être trop «mou» envers la Russie et d’autres ennemis géopolitiques des États-Unis. Et ils ont mis la victoire électorale de Trump sur le compte d’une «ingérence étrangère» sur les médias sociaux.

Le commentaire de l’ancienne première dame que Bush et elle étaient les «adultes dans la salle» était un clin d’œil à cette «opposition» antidémocratique de la classe dirigeante qui appelle ouvertement d’anciens généraux de l’armée et des membres du gouvernement Trump à intervenir à la Maison-Blanche de manière préventive contre les politiques irresponsables de Trump lui-même.

En embrassant le criminel de guerre qu’est Bush, l’ancienne première dame, qui pourrait bien être en train de réfléchir elle-même à une campagne présidentielle, a également démontré la perspective politique et sociale autoritaire et pourrie de la classe dirigeante, une vision qui imprègne tout le système politique capitaliste. Cela s’étend jusqu’à la pseudo-gauche sous la forme des Démocrates socialistes d’Amérique (DSA), dont la candidate au Congrès à New York, Alexandria Ocasio-Cortez, a récemment été approuvée par… Barack Obama lui-même.

(Article paru en anglais le 16 octobre 2018)

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