La chute des actions de technologie annule les gains de Wall Street de 2018

Wall Street a connu une liquidation d’actions mercredi, annulant tous les gains réalisés cette année. L’indice NASDAQ, très axé sur la technologie, connaît sa plus forte baisse en sept ans.

La chute des marchés a eu lieu tard dans la journée, l’indice Dow Jones perdant 334 points au cours de la dernière heure de négociation. Il a terminé en baisse de plus de 600 points pour la journée, soit une baisse de 2,4 %, poursuivant ainsi la tendance des deux dernières semaines. L’indice de volatilité VIX a clôturé en hausse d’environ 22 %, son plus haut niveau depuis les turbulences de marché de février dernier.

L’indice de référence, le S&P 500, a diminué de 3,1 %, ce qui porte sa chute durant le dernier mois à 9,4 %.

La plus forte baisse a été enregistrée dans l’indice NASDAQ, qui a chuté de 4,4 %. Il s’agit de la baisse la plus importante depuis août 2011, pour totaliser plus de 12 % de chute depuis son sommet atteint en août de cette année. Au cours de la dernière période, les valeurs technologiques ont soutenu la hausse du marché, mais sont désormais devenues les principales causes du ralentissement.

Les actions des fabricants de puces sont l’un des secteurs qui ont enregistré les plus fortes baisses, car ceux-ci sont sensibles aux échanges commerciaux entre les États-Unis et la Chine et sont touchés par l’impact de la guerre commerciale déclenchée par le gouvernement Trump.

Les actions de Texas Instruments ont chuté de plus de 8 % après des prévisions de bénéfices et de revenus inférieures aux attentes du marché. Après la fermeture du marché, les actions d’une autre société de haute technologie, AMD, ont encore chuté de 22 %, s’ajoutant à la baisse de 9 % enregistrée pendant les heures normales de négociation.

Dans ses commentaires au Financial Times, Max Gorkman, responsable de la répartition de l’actif chez Pacific Life Fund Advisors, a cité les tensions commerciales qui menacent de perturber les chaînes d’approvisionnement mondiales comme l’une des principales raisons de la liquidation. «Les semi-conducteurs sont tellement liés à l’Asie», a-t-il déclaré. «Pour la plupart des chaînes d’approvisionnement — une fois qu’elles sont touchées, il est difficile de trouver une solution de rechange.»

En plus des perturbations causées par la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine, il est de plus en plus reconnu que les effets de la «stimulation» provoquée par les baisses massives de l’impôt sur les sociétés du gouvernement Trump vont se dissiper. Les réductions d’impôts ont stimulé les marchés de deux manières: en augmentant les bénéfices et les dividendes des sociétés et en fournissant aux entreprises des liquidités supplémentaires pour financer les rachats d’actions qui ont été une composante importante de la croissance du marché.

Les signes d’un affaiblissement de l’économie américaine sont apparus mardi avec une baisse importante des parts dans l’industrie, sous l’effet de deux grandes entreprises, Caterpillar et 3M. Les actions de Caterpillar ont chuté de 7,6 %, après avoir diminué de 10 % au cours de la journée. Les parts du conglomérat industriel 3M ont chuté de 4,4 % après avoir perdu jusqu’à 8 %.

Les deux sociétés ont indiqué que les préoccupations liées aux tarifs douaniers, à la guerre commerciale avec la Chine et à la hausse des coûts aux États-Unis avaient une incidence sur leurs résultats. Caterpillar a déclaré que les tarifs imposés par l’administration Trump au début de l’année à l’acier et à l’aluminium avaient rendu les pièces de ses machines plus chères.

Michael Roman, directeur général de 3M, a déclaré: «Nous observons des signes de ralentissement en Chine; les taux de construction automobile sont en baisse de manière significative et cela a un effet d’entraînement».

Commentant la liquidation sur les marchés industriels mardi, le Wall Street Journal a déclaré que c’était «le signal le plus clair à ce jour que la chance des manufacturiers pourrait bien tourner après une année de forte production et de bonnes ventes, rendues possibles en partie par les réductions d’impôt et la confiance des consommateurs».

La dernière chute de Wall Street est survenue alors que le Financial Times qualifiait d’«octobre terrible» la baisse de l’indice «FTSE All World» de 7 % ce mois-ci – sa pire performance depuis le pic de la crise de la zone euro en 2012.

Le FT a indiqué que sur les 3.211 membres de l’indice d’actions mondiales, près d’un tiers avaient perdu 20 % de leur valeur jusqu’à présent cette année en dollars américains, plus de la moitié des membres avait perdu au moins 10 % de leur valeur, et seules 851 entreprises restaient encore positives pour cette année.

Le journal a cité un analyste qui a déclaré que la chute du marché mondial était due à «un cocktail de facteurs négatifs résultant de l’isolement diplomatique de l’Arabie saoudite et de ce que cela signifiait pour la Silicon Valley et à de nouvelles inquiétudes quant au ralentissement de la croissance économique mondiale et à la diminution des revenus des entreprises».

La détermination apparente de la Réserve fédérale américaine à poursuivre la hausse des taux d’intérêt est un autre facteur de ralentissement du marché. Trois augmentations, chacune de 0,25 point de pourcentage, ont été effectuées jusqu’à présent cette année, avec une nouvelle hausse prévue en décembre. La Réserve fédérale est motivée par deux préoccupations: faire en sorte que les taux de chômage officiels soient bas et faire baisser les salaires, ce qui lui laisse une marge de manœuvre en cas de ralentissement de l’économie américaine.

Les actions de la Réserve fédérale ont suscité de nombreuses critiques de la part du président américain Trump. Après avoir précédemment qualifié la Réserve fédérale de «folle» et de «débile», il s’est de nouveau attaqué à la banque centrale dans une interview accordée au Wall Street Journal plus tôt cette semaine.

Tout en adhérant à l’indépendance de la Réserve fédérale dans la fixation des taux d’intérêt, il a clairement fait savoir au président Jerome Powell qu’il souhaitait les voir abaissés.

«Chaque fois que nous faisons quelque chose de bien, il augmente les taux d’intérêt», a-t-il déclaré, ajoutant que Powell «semblait presque heureux de relever les taux d’intérêt». Lorsqu’on lui a demandé s’il regrettait d’avoir placé Powell à son poste, M. Trump a déclaré qu’il était «trop tôt pour le dire, mais peut-être».

«Il était censé être un type qui favorisait un taux d’intérêt faible. Il s’est avéré que ce n’est pas le cas», a déclaré Trump. Le président s’est dit «très mécontent» de la Réserve fédérale, car «Obama avait des taux d’intérêt à zéro».

Cependant, au cours de la campagne électorale de 2016, Trump a accusé la présidente de la Réserve fédérale de l’époque, Janet Yellen, d’avoir maintenu des taux d’intérêt bas, ce qui, a-t-il déclaré, aidait les démocrates et créait une bulle potentielle sur les marchés boursiers.

Il a maintenant changé de tactique, craignant que la bulle, que ses politiques ont contribué à gonfler davantage, ne soit sur le point d’éclater.

(Article paru d’abord en anglais le 25 octobre 2018)

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