«Nous sommes avec vous parce que nous sommes tous dans le même combat»

Les travailleurs de l'automobile américains expriment leur solidarité de classe avec les travailleurs français

Les travailleurs américains de l'automobile qui se sont entretenus avec le World Socialist Web Site ont exprimé leur solidarité avec les travailleurs et les jeunes français qui luttent contre les hausses des taxes sur le carburant, les mesures d'austérité du président Emmanuel Macron et la répression de l'État. Le mouvement des gilets jaunes, qui n'est sous la direction ni des syndicats ni d'aucun parti politique, a mis en évidence l'opposition de larges couches de la classe ouvrière aux inégalités sociales et à l'aristocratie financière. La ténacité des manifestants a ébranlé la classe dirigeante en France et à l'étranger tout en inspirant les travailleurs aux États-Unis et dans le monde.

«Vous êtes mes frères et sœurs et nous sommes dans les mêmes luttes», a dit Angela, une ouvrière de Fiat Chrysler à Kokomo, Indiana, aux ouvriers français. «Je suis avec vous. J'aimerais que vous puissiez embouteiller une partie de ce que vous faites et l'envoyer à nous, travailleurs américains.

«Ceux qui détiennent le pouvoir, qu'il s'agisse de Trump ou de Macron, ont tout intérêt à nous diviser entre les pays – c'est une des plus vieilles supercheries. Le syndicat des Travailleurs unis de l'automobile (UAW, United Auto Workers) le fait aussi. Ils ne veulent pas que nous sachions à quel point nous sommes puissants si nous sommes solidaires.

«La lutte des travailleurs en France et dans tous les pays, fondamentalement, est contre le système capitaliste. L'histoire a montré qu'il s'agit d'un système en faillite. Cela nous a donné la Dépression, les guerres mondiales, le krach de 2008 et la Grande Récession, dont nous ne nous sommes jamais remis. Les travailleurs aux États-Unis, en France et partout ailleurs sont au bord du gouffre, nous n'avons aucune stabilité financière. Nous devons échapper au contrôle des syndicats afin de nous organiser, et ensuite nous aurons le pouvoir de nous battre», a conclu Angela.

Mike, un travailleur de Fiat Chrysler à Detroit, a déclaré au World Socialist Web Site: «Si je pouvais parler directement aux travailleurs français, je les encouragerais à poursuivre leur lutte et à rester forts. Ce qu'ils font est un excellent exemple et c'est encourageant pour nous, les travailleurs américains. Nous sommes des milliards aux États-Unis et dans le monde entier à être solidaires des travailleurs français parce que nous sommes tous confrontés au même combat.

«Ce que la France montre, c'est qu'il s'agit d'une lutte de classe, et non de race, de sexe ou de tout autre moyen superficiel de division. Il s'agit d'une lutte légitime et réelle que nous vivons tous les jours, et non d'une lutte imaginaire. C'est la classe ouvrière contre la classe riche, la bourgeoisie.

«Le mouvement des gilets jaunes est un excellent exemple à imiter pour les travailleurs américains. Les pompiers, les ambulanciers et d'autres intervenants l'appuient, et les travailleurs se lèvent et combattent la police. Les syndicats, l'opposition contrôlée, n'ont aucun pouvoir sur ce mouvement et n'ont pas réussi à l'arrêter.

«Mais le gouvernement met des policiers et des tireurs d'élite sur les toits. Le moratoire de six mois sur la hausse de taxes est pour défaire ce mouvement, pour dire aux travailleurs de rentrer chez eux. Mais ce n'est que pour mettre les troupes en position et être mieux préparés, afin qu'elles puissent les déployer pour arrêter les manifestations de masse.

«Ici, aux États-Unis et au Canada, GM ferme cinq usines. Ce n'est pas que GM n'est pas rentable, c'est qu'il s'agit d'une cupidité d'entreprise à la demande des grands investisseurs. Les travailleurs sont indignés, mais cette colère doit être dirigée et les travailleurs doivent savoir pour quoi se battre et comment le faire. Nous ne devrions pas céder du terrain sur quoi que ce soit. Au lieu de cela, nous devrions nous battre pour regagner tout ce que l'UAW a abandonné parce que c'est à nous.

«Partout dans le monde, les entreprises veulent nous transformer en une réserve de main-d'œuvre qui peut être sacrifiée, d'employés temporaires jetables à volonté, qui paient des cotisations syndicales et n'ont aucun droit. Des entreprises comme GM et Ford ne sont pas liées par des frontières nationales et pour les combattre, les travailleurs doivent s'unir au niveau mondial.

«L'humanité a fait d'immenses progrès technologiques et scientifiques, mais il n'y a pas eu d'évolution sociale équivalente. Il ne devrait y avoir ni pauvreté ni pénurie nulle part. La prochaine étape du progrès humain doit être une transformation sociale massive et nous, travailleurs, devons le faire. Les travailleurs français sont un bon exemple pour les travailleurs en Amérique et dans le monde, et ils doivent continuer leur lutte.»

(Article paru en anglais le 6 décembre 2018)

Loading