Le gouvernement dénonce l’ex-boxeur qui a frappé des policiers lors d’une manifestation des «gilets jaunes»

Le gouvernement Macron a lancé une campagne féroce contre les soutiens de l’ancien boxeur professionnel Christophe Dettinger, qui a frappé deux membres des forces de l’ordre après qu’ils ont attaqué des «gilets jaunes» à la manifestation samedi à Paris.

Dettinger, âgé de 37 ans, avait été champion des lourds-légers de France, s’est rendu à la police lundi. Le gouvernement avait lancé une chasse à l’homme est perquisitionné chez Dettinger après la publication sur les réseaux sociaux qui le montrait affronter des policiers lourdement armés et frapper leurs boucliers anti-émeutes. Peu avant, on voyait les policiers charger les manifestants sans armes et leur tirer des lacrymogènes. Une autre vidéo de samedi montre un homme portant les mêmes vêtements participer à un affrontement entre manifestants et forces de l’ordre.

Dettinger a reçu un large soutien des travailleurs et des jeunes, que les forces de l’ordre ont attaqué sans relâche en manifestant contre l’inégalité sociale et les politiques propatronales de Macron depuis la première manifestation des «gilets jaunes» le 17 novembre. Dimanche, un parent a créé une cagnotte pour soutenir Dettinger sur le site Leetchi. En 24 heures, plus de 8.000 donateurs séparés avaient contribué plus de 115.000 euros.

Les donateurs ont laissé des centaines de témoignages de leur solidarité pour Dettinger et leur opposition à la répression sous Macron. L’un d’eux a dit: « Christophe va avoir besoin de beaucoup de soutien, car effectivement la classe politique et les oligarques ont décidé de faire de lui un exemple… Les policiers n'ont pas le droit de réprimer des manifestants pacifiques mais ils ont reçu des ordres, à savoir réprimer sans retenue. Quand on est confronté à une répression policière aussi féroce, je peux comprendre la réaction de Christophe…»

Lundi, RTL a rapporté qu’une jeune femme à Paris témoignait que Dettinger était intervenu pour la protéger après qu’un policier l’avait attaquée. «J’étais déjà au sol, », a-t-elle dit, « et Christophe Dettinger est venu et a pris le CRS qui était en train de me frapper et l'a enlevé ». Elle a ajouté que Dettinger «m'a sauvé la vie». Selon RTL, la femme avait porté plainte contre la police parisienne pour violences volontaires. L’ex-entraîneur de Dettinger avait aussi dit que le boxeur était intervenu pour protéger une femme.

La vague de soutien pour Dettinger et d’hostilité envers la police a provoqué une campagne hystérique dans la classe dirigeante, qui tente de criminaliser toute résistance à sa politique de donner des cadeaux fiscaux aux riches tout en imposant une austérité brutale aux travailleurs.

Lundi matin, le secrétaire d’État pour le numérique Mounir Mahjoubi a écrit sur Twitter, «Apparemment, ça rapporte de frapper un policier. » Dénonçant la cagnotte lancée pour Dettinger, il a déclaré que « Tout le monde doit être responsable: cette cagnotte est indigne. »

Le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner a dénoncé les actions « lâche » et « intolérable» de Dettinger.

Des déclarations les plus extraordinaires sont toutefois venues de Marlène Schiappa, la secrétaire pour l’Égalité entre les femmes et les hommes. Mardi, elle a exigé que Leetchi annulle la cagnotte pour Dettinger. Hier, elle a exigé de savoir l’identité des donateurs à cette cagnotte. «parce que je crois que c'est une forme de complicité », a-t-elle dit à France Info. « On a là quelqu'un qui a commis des faits très graves, qui a frappé un policier dans l'exercice de ses fonctions, qui était en train de maintenir l'ordre public. C'est gravissime. Soutenir cela, c'est être complice de cet acte et c'est l'encourager ».

Hier, elle a demandé à France Inter « Qui finance les violences, qui finance les casseurs ? » et déclaré sur un ton sinistre: « Il faut savoir si des puissances étrangères financent ces casseurs ».

Les commentaires de Schiappa soulignent que l’hystérie gouvernementale contre Dettinger cible en fait toute la classe ouvrière. Face à la combativité et à la détermination croissante des travailleurs en France, la classe dirigeante agit rapidement pour criminaliser toute opposition à sa politique dans la classe ouvrière et préparer davantage de mesures d’État policier.

Mardi, Leetchi a cessé d’accepter les donations pour Dettinger. A présent, il se peut que Dettinger ne reçoive aucune de ces donations. Crédit Mutuel, la banque française qui détient le capital de Leetchi, a dit au Parisien qu’elle avant gelé les fonds pour Dettinger et lancé une investigation interne sur la légalité de la cagnotte. « Il faut vérifier la légalité de cet appel aux dons et aussi sa conformité à nos règlements et à nos valeurs internes », a déclaré la banque géante.

La déclaration de la banque a ajouté que la réponse publiée auparavant par Leetchi, qui soulignait la légalité manifeste d’une cagnotte visant à financer la défense d’un homme devant la justice, était « est une réponse d’avocat, c’est hors-propos et ça ne suffit pas ».

Le gouvernement a manifestement l’intention de lui infliger une peine exemplaire. Dettinger a assisté à une audience mercredi, à laquelle on l’a forcé de rester en détention préventive jusqu’au 13 février, date de son procès.

Les avocats des gendarmes ont declaré que les actes de Dettinger « sont allées à la limite de l'intention homicide », ajoutant que leurs clients attendent « que la justice vienne rappeler qu'il y a une ligne rouge. » La police a déjà annoncé qu’ils ont découvert une arme à feu chez Dettinger, et qu’ils vont enquêter pour savoir s’il avait le permis nécessaire, même si cela n’a rien à voir avec la manifestation des «gilets jaunes».

Depuis 6 semaines la population du monde visionne avec effroi les vidéos de France où les policiers chargent et matraquent des manifestants pacifiques, blessent des citoyens âgés, font exploser les mains de travailleurs avec des grenades, ou tirent des flash-ball dans les yeux des manifestants.

C’est ainsi que la classe dirigeante réagit aux premiers signes d’opposition. Mais quand un flic reçoit un coup de poing, le gouvernement, les médias et les banques ne peuvent contenir leur colère.

L’appel de Schippa à ficher tous ceux qui ont voulu aider Dettinger n’est pas à prendre à la légère. Après deux ans sous l’état d’urgence qui suspendait les droits démocratiques de 2015 à 2017, l’État français a accordé de vastes pouvoirs pour la surveillance électronique de masse et pour imposer les gardes à vue ou l’assignation à résidence à ceux qui la police accuse de troubler l’ordre public. Un État policier a émergé en France et agit avec violence pour consolider ses pouvoirs.

Lundi, le premier ministre Edouard Philippe est passé sur TF1 pour annoncer la préparation d’une loi qui ficherait les manifestants, ainsi que des mesures pour criminaliser ceux qui organisent ou qui participent à une manifestation non déclarée en préfecture.

Le gouvernement a déclaré qu’il intensifiera la mobilisation des forces de l’ordre pour la prochaine mobilisation des «gilets jaunes» samedi, afin de réprimer plus violemment les manifestations.

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