Unissez les travailleurs canadiens, américains et mexicains de l'automobile!

Il faut construire des comités de la base pour lutter contre les fermetures d'usines de GM à Oshawa et aux États-Unis

Le projet de General Motors de fermer cinq usines au Canada et aux États-Unis et de supprimer près de 15.000 emplois est une attaque impitoyable contre tous les travailleurs qui doit être empêchée. La destruction de plus de 2.600 emplois à Oshawa et de quelque 12,.00 aux États-Unis fait partie d'une offensive mondiale des géants de l'automobile visant à accroître les profits des entreprises en augmentant l'exploitation de la classe ouvrière. L'annonce faite jeudi par Ford de milliers de suppressions d'emplois en Europe le confirme à nouveau.

Les employés de l'usine d'Oshawa, agissant indépendamment des dirigeants d'Unifor et de la section locale 222, ont fait grève mardi et mercredi en réponse à la confirmation par GM de la fermeture de l'usine.

Une initiative aussi audacieuse est tout à fait bienvenue. Unifor et les TUA (Travailleurs unis de l’automobile, UAW) collaborent avec les constructeurs automobiles depuis des décennies en imposant des concessions au nom de la «sauvegarde des emplois». Ils acceptent la subordination des emplois et des moyens de subsistance des travailleurs aux profits des investisseurs et, par conséquent, s'opposent catégoriquement à toute action des travailleurs qui remettrait en question les profits de plusieurs milliards de dollars de GM.

Si une lutte doit être menée, elle dépend de la mobilisation indépendante de la classe ouvrière et, plus fondamentalement, de l'organisation d'une lutte conjointe des travailleurs canadiens, américains et mexicains de l'automobile pour défendre les emplois et le niveau de vie de tous les travailleurs.

On ne peut pas faire pression sur Unifor ni le réformer. Les travailleurs doivent prendre la lutte en main.

Un pas décisif dans cette direction a été franchi le mois dernier lors d'une réunion organisée à Detroit par le WSWS Autoworker Newsletter, où les travailleurs des trois constructeurs automobiles de Detroit ont mis sur pied un comité directeur pour la création de comités d'usine de base indépendants du contrôle d’Unifor et des TUA. Le but de ces comités est d'organiser une lutte commune réunissant GM et d'autres travailleurs de l'automobile à travers l'Amérique du Nord pour lutter contre les fermetures d'usines et développer une contre-offensive pour faire reculer toutes les concessions, y compris les salaires à plusieurs niveaux.

Unifor a organisé le rassemblement d'hier à Windsor non pas pour mobiliser la force de la classe ouvrière contre les patrons de l'automobile et leurs serviteurs politiques à Ottawa, Toronto et Washington, mais pour brandir le drapeau du nationalisme canadien.

Pas un seul appel n'a été lancé par Unifor avant le rassemblement aux travailleurs de l'automobile américains, même si les frères et sœurs de l'usine de GM à Detroit-Hamtramck, à quelques kilomètres de là, font face à la menace imminente d'être mis au chômage. Au lieu de cela, le président d'Unifor Jerry Dias a attisé les sentiments nationalistes les plus arriérés, dénonçant les travailleurs mexicains et déclarant lors d'une conférence de presse mardi que GM a déclenché un combat avec la «nation canadienne».

Les travailleurs doivent rejeter ce poison nationaliste qui ne sert qu'à diviser les travailleurs.

Les ennemis des travailleurs canadiens de l'automobile ne sont pas les travailleurs des États-Unis, du Mexique ou même de la Chine, mais les multinationales de l'automobile et les grandes banques et institutions financières qui s'en prennent aux travailleurs partout dans le monde. Avec les signes de la première récession dans l'industrie automobile mondiale depuis 2009, les travailleurs du Mexique, de la Chine, de la Corée et de tous les autres pays sont confrontés à la même attaque contre les emplois et le niveau de vie. C'est pourquoi une stratégie internationale est nécessaire pour défendre tous les travailleurs.

Au lieu de cela, les syndicats sont de connivence avec les entreprises pour imposer d'autres concessions aux travailleurs canadiens et américains. Au cours des sept semaines qui ont suivi l'annonce de la fermeture de GM, Dias et Unifor ont passé leur temps à présenter des propositions aux patrons de GM sur la façon dont ils peuvent l'aider à réduire les coûts de production à Oshawa, notamment en évinçant les travailleurs âgés en faveur des travailleurs à bas salaires à plusieurs niveaux, si GM accepte de laisser l'usine ouverte. Le syndicat collabore si étroitement avec la direction de l'entreprise que les dirigeants locaux de l'usine de St Catherines ont publié une déclaration la semaine dernière dans laquelle ils refusaient d'appuyer le boycottage de GM par les consommateurs – sans parler de toute lutte sérieuse pour la défense des travailleurs de GM Oshawa – au motif que cela pourrait nuire aux résultats de GM et «mettre nos installations en péril».

Ces politiques anti-ouvrières découlent directement de la transformation d’Unifor et des TUA au cours des trois dernières décennies en partenaires de la gestion d'entreprise. Depuis la scission nationaliste des TUA en 1985 par les Travailleurs canadiens de l'automobile, les syndicats des deux côtés de la frontière ont systématiquement dressé les travailleurs canadiens, américains et mexicains les uns contre les autres, aidant ainsi les constructeurs automobiles à réduire les emplois, les salaires, les pensions et les avantages sociaux dans une course sans fin vers le bas.

Dias a réagi à l'annonce de fermeture de GM le 26 novembre en se précipitant à Ottawa. Le jour même où Trudeau et son gouvernement libéral ont criminalisé la grève des postiers, Dias se tenait aux côtés de Trudeau pour prétendre que ce politicien au service du patronat se battrait pour les emplois des travailleurs de GM.

Dias et Unifor travaillent depuis des décennies en étroite collaboration avec les gouvernements bourgeois contre les intérêts des travailleurs de l'automobile et de tous les travailleurs. Mais cela a atteint un autre niveau sous le gouvernement libéral actuel. Tirant la perspective économique nationaliste d'Unifor à sa conclusion réactionnaire, Dias a agi à titre de conseiller auprès de Trudeau et a rencontré à plusieurs reprises le secrétaire au Trésor de Trump, Wilbur Ross, dans le but d'obtenir des changements à l'ALENA qui feraient porter aux travailleurs mexicains le fardeau des réductions de postes dans le secteur automobile.

Les attaques prédatrices de GM contre les travailleurs de l'automobile et les communautés dans lesquelles ils vivent peuvent et doivent être combattues. Mais une nouvelle stratégie est nécessaire pour lutter.

Il faut organiser des comités d'usine de la base, indépendants d’Unifor, dans toutes les installations de GM et les usines d'automobiles au Canada. En plus de coordonner les grèves, les protestations et d'autres mesures pour s'opposer aux fermetures d'usines, ces comités demanderaient une action conjointe avec les travailleurs qui font face aux menaces de coupures d'emplois et de concessions, qu'il s'agisse des postiers forcés de travailler dans des conditions terribles par l'ordre de retour au travail du gouvernement Trudeau ou des travailleurs du secteur public en Ontario qui sont confrontés aux attaques du gouvernement Ford.

En réponse à la stratégie mondiale de GM qui vise à augmenter les bénéfices des entreprises et les paiements aux actionnaires, les travailleurs doivent développer leur propre réponse mondiale.

Une tâche fondamentale des comités d'usine de la base sera d'unifier leurs luttes avec leurs frères et sœurs aux États-Unis, au Mexique et au niveau international. Les traditions d'unité de classe et de lutte commune qui se sont forgées au cours des grèves brutales des années 1930, lorsque les travailleurs de l'automobile des deux côtés de la frontière canado-américaine luttaient pour obtenir des augmentations salariales et des améliorations des conditions de travail, devraient être ravivées et développées.

Les travailleurs de l'automobile trouveront également de puissants alliés parmi les gilets jaunes en France qui sont descendus dans la rue pour s'opposer à l'austérité et aux inégalités sociales endémiques, parmi les enseignants aux États-Unis qui ont organisé à plusieurs reprises des grèves en dépit des syndicats affiliés au Parti démocrate et à la bourgeoisie américaine, et parmi les dizaines de millions de travailleurs en Inde qui ont organisé une grève générale de deux jours cette semaine pour dénoncer les politiques «pro-investisseur» et incendiaires du gouvernement.

L'unification de ces luttes en une contre-offensive de la classe ouvrière pour des emplois sûrs et décents et la fin de l'austérité imposée par les entreprises exige une nouvelle perspective politique: un programme socialiste et internationaliste, qui unit les travailleurs dans la lutte contre le système capitaliste du profit.

Le WSWS Autoworker Newsletter offrira son aide et son soutien indéfectible aux travailleurs qui cherchent à sortir de la camisole de force imposée par les syndicats propatronaux Unifor et TUA et à mobiliser les travailleurs de l'automobile au-delà des frontières nationales. Constituez des comités de la base indépendants! Aidez à construire la manifestation du 9 février que le comité directeur des comités d’usines organise à l'extérieur du siège social de GM à Detroit! Pour la renaissance et le développement des traditions de lutte commune des travailleurs de l'automobile nord-américains contre les patrons de l'automobile!

(Article paru en anglais le 11 janvier 2019)

Loading