« Nous devons nous lever et apprendre à être forts par nous-mêmes »

Les travailleurs lors de la manifestation du 9 février discutent de la lutte contre les fermetures de GM

Les travailleurs et les jeunes qui ont participé à la manifestation du 9 février contre les fermetures d'usines de GM et les licenciements massifs ont expliqué sur le World Socialist Web Site les raisons de leur participation à la marche et leur réaction aux questions politiques discutées lors de la réunion qui l'a suivie.

La manifestation, qui a été appelée par le Comité directeur de la Coalition des comités de base et le WSWS Autoworker Newsletter (Bulletin du travailleur de l'automobile du WSWS), a avancé une stratégie internationale pour mobiliser les travailleurs de l'automobile et les couches les plus larges de la classe ouvrière contre l'assaut des entreprises sur les emplois et le niveau de vie.

Conroy, a travaillé à l'usine de GM à Detroit-Hamtramck pendant un an avant de perdre son emploi lorsque GM a éliminé le deuxième quart de travail, éliminant 1300 emplois. Il travaille maintenant à la Wayne State University. « J'ai été cariste pour différents services dans l'usine et j'y ai été de 2016 à 2017. »

«Ce qui se passe affecte tout le monde», a-t-il dit. «Je me suis fait un tas d'amis là-bas. Une de mes amies proches, sa sœur était une employée de GM qui s'est faite virer. Ils ont tapé tout le monde sur l'épaule et leur ont dit: "Viens avec moi. Ils inaugurent cette nouvelle façon de faire dans les entreprises. C’est la même chose à chaque fois. C'est le début d'une pente glissante. Alors, je suis venu au rassemblement pour voir ce que je pouvais faire pour aider.»

Conroy a poursuivi: «En travaillant dans cette usine, j'ai vu de près ce que faisaient les syndicats. Ils sont de mèche avec les sociétés. J'apprécie vraiment qu'on parle de comités de base. Même les gens qui n'écoutent même pas les nouvelles peuvent voir la vérité sur les syndicats. C'est partout sur les médias sociaux.»

«GM avait deux contrats différents avec le syndicat. Celui sous lequel j'étais était un contrat où nous n'avions pratiquement aucun avantage par rapport à ce que l'on pourrait attendre de GM. Le salaire était très minime. C'était comme s'il y avait deux classes différentes dans la même usine. Donc, étant dans cette classe inférieure, nous avions des plaintes, mais rien n'a changé. Les gars qui sont encore là et qui n'ont pas trouvé d'autre travail, ils ont dû subir.

«Il y avait des districts scolaires en Virginie-Occidentale et dans d'autres États où le syndicat leur conseillait de ne pas faire la grève, mais les enseignants ont continué à la faire quand même. Ils se sont joints aux chauffeurs de bus et aux serveurs de la cafétéria. C'était une histoire inspirante, quand ils sont allés à l'encontre du syndicat. Je suis dans le syndicat, mais je ne veux pas l'être. Je leur donne des cotisations, mais je ne suis pas plus impressionné par eux que je ne l'étais avec l'UAW à l'usine de Detroit-Hamtramck.»

Envoyant un message aux courageux travailleurs qui débrayé dans ateliers de misère des maquiladoras et d'autres lieux de travail à Matamoros, au Mexique, Conroy a dit: «Nous vous comprenons. Personnellement, j'espère que nous pourrons nous unir pour changer les conditions qui existent à l'heure actuelle. Continuez de pousser. Nous aussi, nous voulons du changement. Nous faisons tous partie de la classe ouvrière, que nous travaillions pour les constructeurs automobiles, une entreprise ou l'État.»

Kathy, une contractuelle de GM et membre du Comité directeur de la Coalition des comités de base, a déclaré: «Nous sommes tous venus à cette manifestation et à ce rassemblement parce que nous nous unissons contre les licenciements de GM. Nous voulons unir les travailleurs et élargir la portée du WSWS Autoworker Newsletter pour que nous puissions construire un mouvement plus important et plus puissant.»

«Nous soutenons les travailleurs de Matamoros et sommes très fiers d'eux. J'espère que beaucoup d'entre nous ici aux États-Unis auront autant de courage qu'eux. Je sais que nous l'aurons. Les travailleurs de l'automobile viennent d'apprendre qu'il y a des gens ici qui se soucient d'eux et qui veulent les voir se battre pour leur emploi et leur sécurité économique.»

«Je vois des ouvriers sortis des bureaux de GM tous les jours. Des centaines de personnes ont été licenciées au cours des deux derniers mois, sans un mot. On est syndiqués là-haut. J'en ai marre du syndicat et j'aimerais qu'ils disparaissent de la surface de la terre. Lorsqu'on regarde la dévastation que ces licenciements vont causer à notre économie, ce ne sera pas beau à voir. Nous devons nous lever et apprendre à être forts par nous-mêmes.»

«J'ai grandi à Pontiac, Michigan. Quand j'étais jeune, j'ai vu la dévastation de cette communauté causée par GM et l'effet qu'elle a eu sur la démolition des entreprises et sur les enfants avec qui j'allais à l'école. Des familles ont été détruites. GM a fermé toute sa production dans Pontiac. Il n'y avait plus rien qui faisait qu'il valait la peine d'y vivre. Toutes les entreprises ont disparu.»

«Ils pressent la classe ouvrière. Ils veulent que chaque centime et chaque goutte étouffent les travailleurs. Je ne comprends pas comment les gens peuvent continuer à travailler, à travailler, à travailler, à lutter pour vivre sans rien avoir au bout. Il y a des jeunes d'aujourd'hui qui ne peuvent pas avoir d'enfants parce qu'ils n'ont pas les moyens de les élever. S'ils sont allés à la fac, ils ont des prêts étudiants à rembourser. Donc, ils n'ont plus rien. Je le vois partout.»

«Vous écoutez ces idiots au Congrès, républicains et démocrates. Ils s'en fichent. Ils n'écoutent pas les gens d'ici. En ce qui me concerne, ils sont complètement déconnectés. Les travailleurs doivent prendre le contrôle. Nous devons le faire. Nous ne sommes habitués à rien d'autre que le capitalisme, mais s'il le faut, nous devons le faire. Et on dirait qu'on va être obligés à le faire.»

«Nous devons nous unir au niveau international et nous unir en tant que classe ouvrière. C'est ce qu'il faudra.»

George, un ancien employé de la société de livraison UPS, a déclaré: «La marche était excellente, bien organisée et se faisait entendre. Dès mon arrivée du People Mover[train public], j'ai tout entendu. Mais les orateurs étaient la meilleure partie. C'était un grand pas en avant.»

«Je n'aurais jamais entendu parler de la lutte des travailleurs mexicains de l'automobile à Matamoros sans le World Socialist Web Site. C'est un mouvement de la base. Les syndicats sont corrompus. Regarde ce qu'ils ont fait aux enseignants de Los Angeles. Les syndicats vont juste trahir. Je travaillais pour UPS et le syndicat ne voulait pas me protéger contre la victimisation. Je n'ai jamais eu de leurs nouvelles et j'ai perdu mon travail.»

Noah est un jeune travailleur d'une multinationale française d'électronique automobile dans la banlieue nord de Detroit. Les pièces de son usine, dit-il, «sont conçues en Irlande ou en Allemagne, fabriquées au Mexique, testées et installées dans des véhicules aux États-Unis, le tout par une société basée en France». Il a reconnu qu'il n'existe pas de voiture «américaine» et que l'effort pour unir tous les travailleurs contre les attaques contre l'emploi est d'une importance vitale.

Nick, un travailleur de Fiat Chrysler à Detroit et membre du Comité directeur de la Coalition des comités de base, a déclaré: «La manifestation a communiqué avec succès le fait que les travailleurs américains, canadiens et mexicains participent tous à la même lutte de classe internationale. Je suis reconnaissant au WSWS Autoworker Newsletter et au Socialist Equality Party (Parti de l'égalité socialiste) pour le travail acharné qu'ils ont fait pour préparer cet événement.»

«Le bain de sang de GM a déjà commencé et Ford va bientôt suivre. Il s'agit d'une prise d'argent des actionnaires-investisseurs par les 1 % les plus riches. Ils veulent se goinfrer davantage sur les carcasses des 90 % les plus pauvres de la société - la classe ouvrière.»

«Les travailleurs ne peuvent plus compter sur l'UAW ou d'autres organisations syndicales qui servent d'opposition contrôlée et qui collaborent avec les entreprises. La seule solution à la crise est que la classe ouvrière forme des comités de base indépendants des syndicats pour communiquer, coordonner et planifier une riposte.»

«Des comités dans tous les lieux de travail et tous les quartiers devraient s'unir en un congrès de travailleurs pour prendre en charge les moyens de production et gérer la société en fonction des besoins humains. Nous devons nous unir à nos frères et sœurs de la classe ouvrière internationale pour travailler ensemble pour le bien de tous sur la planète.»

(Article paru en anglais le 12 février 2019)

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