Le changement climatique et la lutte pour le socialisme

La grève de milliers de collégiens et lycéens à travers le Royaume-Uni, protestant contre l'inaction du gouvernement face au changement climatique, est une indication puissante de l'inquiétude croissante des jeunes générations pour l'avenir de la planète.

Organisée par la UK Youth Climate Coalition dans plus de 50 villes et villages, elle fait partie d'une série de manifestations internationales, en vue d'une journée mondiale d'action le 15 mars.

En novembre dernier, au moins 15 000 écoliers ont manifesté dans toute l'Australie, suivis par 4000 élèves en Suisse en décembre. En Belgique et en Allemagne, des dizaines de milliers de personnes se sont rassemblées, tandis qu'en France, des manifestations coïncidant avec les manifestations des Gilets jaunes ont vu plus de 70.000 étudiants participer au niveau national. Les élèves prévoient des actions similaires aux États-Unis, en Thaïlande et en Ouganda pour participer à la journée mondiale d'action du 15 mars.

Ces grèves étudiantes expriment la politisation d'une génération qui a grandi dans un monde d'austérité brutale, d'inégalités sociales, de guerre impérialiste, de persécution des réfugiés et de destruction des droits démocratiques.

Les grèves d'élèves en Grande-Bretagne ont provoqué une réaction brutale de la droite, les politiciens conservateurs et les journaux insistant pour que les élèves restent en classe. Mais la lutte des élèves a galvanisé le soutien des enseignants et des universitaires. Plus de 200 enseignants, dont 100 universitaires, ont signé une lettre au Guardian professant «leur solidarité avec les enfants qui font la grève scolaire pour le climat le 15 février, et avec tous ceux qui prennent position pour l'avenir de la planète» et les «nombreux autres élèves en grève à travers le monde... faisant entendre leurs voix».

Il ne fait aucun doute que le changement climatique menace l'avenir de l'humanité. Selon le dernier rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), auquel 91 scientifiques de 41 pays ont coopéré, le réchauffement de la planète à 1,5 degré au-dessus des niveaux préindustriels aura des conséquences catastrophiques. Cela entraînerait des pénuries alimentaires, ferait fondre la calotte glaciaire de l'océan Arctique, augmenterait le nombre de catastrophes météorologiques et causerait des dommages économiques évaluées dans une fourchette de 54.000 à 69.000 milliards de dollars dans le monde entier.

Un récent rapport de l'Institut de recherche en politiques publiques (IPPR) met en garde: «l'effondrement de l'environnement pourrait déclencher un effondrement catastrophique des systèmes humains, entraînant un processus rapide d'«effondrement en chaîne» dans lequel les chocs économiques, sociaux et politiques se répercutent en cascade sur le système mondial - un peu comme ce fut le cas après la crise financière mondiale en 2007-2008.»

L'une des conséquences tragiques du changement climatique est le déplacement forcé de centaines de millions de personnes. Selon les Nations Unies, environ 210 millions de personnes dans le monde ont été contraintes de fuir leur foyer en raison de conditions météorologiques extrêmes ou de sécheresses depuis 2008.

Les effets destructeurs du changement climatique - des inondations aux incendies de forêt et aux sécheresses - sont exacerbés par les inégalités sociales et le sous-financement des infrastructures vitales. Au lieu d'aider les communautés vulnérables, les ressources de la société sont mises à la disposition des super riches ou dilapidées dans de vastes stocks militaires et d'armes qui menacent de déclencher une catastrophe mondiale encore plus grave: l'annihilation nucléaire de la civilisation humaine.

Des slogans populaires tels que «Il n'y a pas de planète B», «C'est NOTRE avenir» et «Respectez l'existence ou attendez-vous à une résistance» - parlent d'une compréhension générale de cette menace existentielle pour l'humanité et de la conviction que la société doit changer.

Le caractère global des grèves et des protestations des étudiants revêt une importance fondamentale. Les jeunes s'organisent par-delà les frontières nationales en reconnaissant que le changement climatique a des causes et des conséquences mondiales. Ce faisant, ils rencontrent une résurgence internationale de la lutte de classe.

Des millions de travailleurs à travers le monde participent aux grèves et aux manifestations pour défendre leurs salaires, leur niveau de vie et leurs droits fondamentaux. Des débrayages massifs d'enseignants ont éclaté aux États-Unis, au Royaume-Uni, au Zimbabwe et en Inde. Les pilotes et le personnel de cabine de Ryanair ont fait grève dans cinq pays européens et les travailleurs d'Amazon dans six pays européens, dans une rébellion directe contre les syndicats nationalistes et pro-entreprises. Le gilet jaune, symbole des manifestations de masse en France contre l'austérité pro-patronal du président Emmanuel Macron, a été adopté par les manifestants en Belgique, au Soudan et dans de nombreux autres pays.

C'est vers cette force sociale internationale, la classe ouvrière, que les étudiants doivent se tourner dans leur lutte contre le changement climatique. La destruction de la planète par les entreprises polluantes, y compris l'industrie des combustibles fossiles, ne peut être stoppée par des appels aux gouvernements ou à leurs «oppositions» parlementaires.

Le Student Climate Network du Royaume-Uni appelle le gouvernement conservateur ・ mener un combat pour prot馮er ォla vie sur Terre, en prenant des mesures actives pour parvenir ・ la justice climatiqueサ. Mais tous les grands partis - des conservateurs et des travaillistes au Royaume-Uni aux r駱ublicains et d駑ocrates aux ノtats-Unis - se sont engag駸 ・ d馭endre le syst鑪e capitaliste de production.

Dans ce contexte, les plans des travaillistes pour une «Transformation verte», comme le «Green New Deal» des démocrates américains, ne peuvent finir que comme notes de bas de page dans l'histoire des centaines d'autres promesses non tenues sur l'environnement faites par les partis et gouvernements des riches.

Les 100 plu grandes entreprises qui produisent 71 % des émissions de carbone de la planète ont infiniment plus d'influence sur la politique gouvernementale que la classe ouvrière et la jeunesse du monde. Les gouvernements du monde entier n'ont même pas réussi à atteindre les objectifs minimaux d'émissions posés par l'Accord de Paris en 2015. Selon le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'騅olution du climat 'GIEC), les changements climatiques catastrophiques ne peuvent être évités qu'en transformant l'économie mondiale d'une manière qui n'a «aucun précédent historique documenté».

Les mesures urgentes nécessaires pour lutter contre le changement climatique entrent en conflit avec deux contradictions fondamentales du système capitaliste mondial: la contradiction entre une économie mondiale et sa division en États-nations rivaux, et entre la production socialisée et la subordination de la vie économique à l'accumulation du profit privé.

Tant qu'une poign馥 de milliardaires domineront la soci騁・ et que tous les aspects de la vie 馗onomique seront ax駸 sur leur enrichissement personnel, pas un seul probl鑪e social, y compris le changement climatique, ne pourra 黎re r駸olu. Ce qu'il faut, c'est une lutte politique pour le socialisme, rendant possible l'organisation de la production ・ l'馗helle mondiale, d駑ocratiquement et scientifiquement planifi馥 pour r駱ondre aux besoins essentiels des g駭駻ations actuelles et futures.

L'International Youth and Students for Social Equality ( IYSSE, Étudiant et jeunes internationalistes pour l'égalité sociale - EJIES) lutte pour ce programme à l'échelle internationale. En tant qu'organisation de jeunesse du Socialist Equality Party (SEP, Parti de l'égalité socialiste), la section britannique du Comité international de la Quatrième Internationale, nous luttons pour unifier les travailleurs et les jeunes contre le capitalisme, le militarisme, l'exploitation et l'oppression à l'échelle mondiale.

(Article paru en anglais le 15 février 2019)