Acte 15: les «gilets jaunes» rejettent l’accusation d’antisémitisme

L’acte 15 des «gilets jaunes» de samedi s’est déroulé après une campagne menée une semaine d’attaques diffamatoires envers les gilets jaunes menées par les médias et l’establishment politique pour les accuser d’antisémitisme. La journée de mobilisation a a en même temps vu une augmentation du nombre de participants.

Avec 46 600 manifestants annoncés par le ministère de l’intérieur, les «gilets jaunes» ont mobilisé 5.000 personnes de plus que la semaine précédente. Malgré quelques heurts dans certaines villes, la plupart des manifestations se sont déroulées dans le calme. Le compte Facebook intitulé «Nombre jaune», qui publie aussi chaque semaine un chiffre de la mobilisation, a recensé quant à lui plus de 113.392 manifestants dans 134 communes de France dans un bilan non définitif publié vers 18h00.

A Clermont-Ferrand 2.500 «gilets jaunes» selon la police ont défilé dans un centre-ville barricadé. Selon les organisateurs, ils étaient entre 5.000 et 6.000. Des affrontements ont eu lieu dans une artère commerçante de la ville entre une trentaine de «gilets jaunes» et les CRS, qui ont tiré au LBD. Cinq personnes ont été blessées, dont l’une au pied, selon la préfecture.

A Toulouse en plus des milliers de «gilets jaunes» défilant dans la ville sans heurt, une centaine de manifestants ont bloqué la plateforme Amazon de Toulouse, qui a été fermée, empêchant toute livraison. Gilets jaunes, membres d’Attac ou d’ANV COP21 (Action non violente Cop21) notamment ont distribué aux automobilistes des tracts affirmant qu’ «Amazon détruit les emplois et la planète».

Sur Lyon, 800 personnes se seraient mobilisées et douze personnes ont été placées en garde à vue. A Lille, 2.000 personnes ont défilé tout comme sur Rennes.

Sur Paris, les «gilets jaunes» ont commencé à se rassembler en fin de matinée en face d'un Arc de Triomphe ceinturé par les forces de l'ordre. Il a fallu attendre le début d'après-midi pour voir le cortège se gonfler pour atteindre un nombre de 5800 «gilets jaunes». Rraversant les beaux quartiers de Paris, ke cortège est descendu les Champs Elysées pour ensuite traverser les VIIIe, Ier et VIIe arrondissements de Paris, avant d’aboutir sur la place du Trocadéro dans le XVIe arrondissement.

Des tensions sont apparues après que la police ait encerclé les gilets jaunes place du Trocadéro, faisant monter la tension lorsqu’elle tente de disperser les milliers de manifestants présents.

Les reporters du WSWS ont pu discuter avec Guillaume venu de Nimes: «Aujourd'hui je suis ‘gilet jaune’ parce que je pense qu'il faut que tout change dans ce pays. Tout doit changer, Macron et toute sa clique doivent dégager. Je pense qu'aujourd'hui il y a un énorme ras le bol dans le pays. Et là, il est en train de s'exprimer ici. Et moi je suis un petit peu ému d'être ici parce que c'est la première fois que je fais la manif à Paris. Normalement moi, je fais toutes les semaines les manifs dans ma ville à Nîmes et là aujourd'hui je suis au cœur des choses. À Nîmes c'est un petit peu comme partout les gens ne sont pas contents et, en fait, ici. Le mécontentement il est partout, dans toutes les villes et il est dans tous les départements. C'est vraiment un ras le bol général, les Français sont énervés.»

Sur les accusations d’antisémitisme par Macron et les médias, Guillaume a dit: «C'est un sujet très grave parce que l'antisémitisme c'est quelque chose de très grave et je trouve qu'ils s'en servent pour masquer autre chose dans leurs têtes. Pour moi, je suis profondément anti-antisémite. Mais pour moi c'est de la part des dirigeants, ça cache autre chose. C'est une manière de décrédibiliser le mouvement alors que le mouvement regardez-vous vous voyez des antisémites? Non il n'y en a pas.

Guillaume a pointé l’hypocrisie de Macron qui accuse les «gilets jaunes» d’antisémitisme alors que lui et son gouvernement lancent des appels de pied en direction des néo-fascistes en insistant qu’il faut parler positivement du dictateur fasciste Philippe Pétain: «Macron essaie de parler à tout le monde. Il parle aux fachos quand il a essayé de leur parler de Pétain, et après il va parler aux anti-fachos quand il salue Mai 68.».

Interroég sur pourquoi Macron faisait cela, Guillaume a dit: «Je pense qu'il prépare un état antidémocratique... Moi je suis contre tout ce qui est Front national, je suis vraiment contre ça. Mais en fait il leur donne du crédit. Macron a demandé qu'on ne vote pas pour le FN et il fait pire. Il est en train de préparer un État totalitaire alors qu'il a demandé à ce que l'on vote contre un État totalitaire contre la possibilité d'un État totalitaire. En fait il est en train de faire pire et de faire pire que ce qu'il aurait eu avec Marine Le Pen. Même les régimes d'extrême droite auraient fait pareil. C'est une dictature qui ne dit pas son nom.»

Sur le PS et les syndicats, Guillaume a dit: «Le Parti socialiste n'a jamais été de gauche, en tout cas plus depuis les années 80. Ce n'est plus un parti de gauche et ça ne représente plus personne. Les syndicats, c’est dans la même veine.»

Le WSWS a aussi rencontré Laëtitia de la région de Champagne, venue «pour avoir plus d'égalité sociale, pour avoir plus de plus d'argent pour pouvoir remplir nos frigos, et plus de justice démocratique pour avoir le RIC».

Laetitia considère que Macron ne lachera pas ses réformes mais que «de toute manière notre frigo est toujours vide. Tant que le frigo est vide les gens seront toujours motivés. Ça continuera, les gens ne lâcheront pas.»

Sur la loi proposée par Macron pour criminaliser l’antisionisme en tant qu’antisémitisme, Laetitia dit: «Ce n'est pas normal! Mais bon après ... comme la loi anti casseurs, c’est pareil: c'est une loi anti manifestation. Il faut dire les choses telles qu'elles sont. Parce que les casseurs aujourd'hui, il n'y avait pas besoin d'une loi spécifique pour dire ‘Attendez, on va vous attraper on va vous mettre en prison.’ C'est ça la justice, c’est la loi. Allez, comme ça il y avait une attaque de droit démocratique.».

Laetitia a dit que les «gilets jaunes» sont avant tout des «gens qui veulent pouvoir avoir plus de justice sociale, et avoir du pouvoir d'achat pour pouvoir remplir le frigo et pas finir ses mois au 15 du mois. Et encore, on voit que c'est un pays avec de plus en plus riches mais avec des gens de plus en plus pauvres.»

S’adressant aux lecteurs du WSWS, Laetitia a déclaré: «Je pense qu’aujourd'hui le gilet jaune ce n’est plus juste un mouvement national mais plus large. Je pense qu’on est tous touchés par ce capitalisme. Il ne faut pas du capitalisme. Donc je pense qu'il faut arrêter de se laisser manipuler par les capitalistes et revenir un peu plus aux choses essentielles et penser aussi à nous on est là et pas pour les grands patrons.».

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