Acte 16: les «gilets jaunes» soutiennent les luttes dans le Maghreb

L’acte 16 des gilets jaunes se déroule alors qu’une vague de grèves internationale travese à présent tout le Maghreb. Des grèves secouent notamment l’Algérie, où des centaines de milliers de personnes ont manifesté contre la candidature de Bouteflika et contre l’inégalité sociale. Et de l’autre côté de la Méditerranée, 39.300 «gilets jaunes» se sont mobilisés contre Macron selon la police, deux semaines avant une grande manifestation prévue le 16 mars coïncidant avec la fin du simulacre de «grand débat national» voulu par Macron.

Le collectif Policiers en colère a contesté les chiffres du ministère de l’Intérieur en annonçant 200.000 «gilets jaunes», et ces derniers ont eux-mêmes annoncent 92.000 manifestants.

Des échauffourées ont éclaté dès le début de la manifestation des "gilets jaunes" à Nantes, lieu choisi ce samedi pour la manifestation régionale. Vers 14h, un cortège s’est formé d'un millier de manifestants, mais les forces de l'ordre ont empêché les protestataires de se diriger dans les petites rues. Après des sommations d'usage, elles ont tiré des gaz lacrymogènes.

A Bordeaux, quelques milliers de manifestants ont manifesté dans le calme. La gare a été brièvement envahie, des manifestants ont accroché une banderole proclamant «16 mars, l'Aquitaine envahit Paris ultimatum saison 2».

À Toulouse, l’une des villes rassemblant le plus de «gilets jaunes», après des heures de défilé dans le calme, des affrontements ont éclaté entre manifestants et policiers. Sur le grand boulevard longeant le centre historique, les forces de l'ordre ont mobilisé un canon à eau, après de premières salves de bombes lacrymogènes, pour disperser les manifestants.

À Lyon, environ 2000 personnes sont descendues dans les rues pour une mobilisation annoncée comme régionale par les organisateurs et qui a donné lieu à quelques échauffourées avec les forces de l'ordre. A Marseille environ 2.000 personnes ont manifesté ou des gilets jaunes étaient mélangés avec la CGT.

Alors qu’au début du mouvement des gilets jaunes, Macron avait menacé d’envoyé l’armée pour rétablir l’ordre, une centaine de personnes ont également manifesté à Saint-Paul, sur l’île de La Réunion, remontant la Chaussée Royale.

Sur Lille un rassemblement "régional et international" avec des contestataires d'autres pays, comme la Belgique ou les Pays-Bas ont vu une centaine de manifestant. Selon la presse, vers 15h30, les forces de l'ordre ont fait usage de lacrymogènes. Des Mariannes, seins nus, veste rouge, scotch sur la bouche ont aussi fait leur apparition

Sur Paris, 4000 personnes sont parties de l’Arc de Triomphe, les organisateurs des pages "Gilets jaunes acte 16: Insurrection" et "Acte 16 On Engloutit Paris" voulaient notamment "bloquer la place de l'Étoile le plus longtemps possible" du côté de l'ouest parisien. Peu après dix heures, des "gilets jaunes" munis de banderoles ont commencé à se réunir en haut des Champs-Élysées. En fin d’après midi, la police a fait usage de lances à eau pour disperser les manifestants.

Le WSWS a pu discuter avec Anaïs et Vincent de Seine et Marne qui sont gilets jaunes car « L'augmentation des prix des carburants, je l'ai bien senti. Moi je passe trois heures dans la voiture pour faire l'aller retour au boulot. En terme de droits de vote, de choses comme ça on a les présidentielles qui sont pour moi assez tronquées du fait qu'on n'a plus vraiment de choix littéralement coincé, ou Macron le libéral ou bien Le Pen. ».

Concernant la répression policière, Vincent et Anaiïs affirment qu’«on ne lâche pas, il y a des débordements mais malheureusement on n'y peut rien. Mais surtout ce qu'il faut c'est pas lâcher. Ne pas lâcher donner raison à l'état parce que on ne sait pas on ne s'est toujours pas fait entendre. Il essaye de gagner du temps mais on n'est pas entendu. Je pense que si la situation reste comme ça ça continuera. Semaine après semaine. Tant qu'on n'a pas des solutions réelles et pas que des mots. Semaine après semaine on continuera à manifester.»

Sur les attaques contre les « gilets jaunes » taxés d’antisémitisme, Vincent balaie ces accusations : «Ils sont déjà dans un piège pour nous décrédibiliser. Plus facile c'est de faire tout ce qu'on fait depuis 40 ans en France. Que quelqu'un pense un peu différent il est nazi, les méchants antisémites trouveront encore quelque chose à faire dans deux semaines. L'antisémitisme là ils sont un peu calmés peut être que dans une semaine ce sera homophobe ou anti-islam, n'importe quoi. C'est le jeu.»

Anaïs et Vincent ont dit que les syndicats sont à la botte du gouvernement: « Normalement on voit souvent des gens qui viennent avec des brassards CGT. Ça fait longtemps qu'ils acceptent la politique du gouvernement, qu'ils ne disent rien, qu'ils acceptent, qu'ils restent dans leur confort. Il y a eu quelques temps, il y a eu un débat entre les syndicats et les patrons pour savoir s'ils pouvaient trouver des accords. Il n'en trouve pas par hasard c'est le gouvernement qui va trancher qui va choisir.»

Sur les évènements en Algérie, Anaïs et Vincent soutiennent les manifestants : «Rester dans un système où Bouteflika a 82 ans et qui n'a pas changé depuis 40 ans. C'est sûr qu'au bout d'un moment, on a encore envie de soulever la volière. Après ils ont raison de se battre. Si c'est ce qu'ils pensent, ils ont raison de se battre. ».

Le WSWS a rencontré un marseillais voulant rester anonyme venu «à titre personnel. Je suis là parce que c'est un président qui n'écoute pas qui a été élu mais vraiment avec très peu de Français qui ont voté pour lui. Donc il se dit qu'il est légitime mais pour moi il n'est pas légitime aujourd’hui. Je suis là pour ça principalement parce que les prix flambent, donc ça aussi c'est ça la revendication de tout le monde. »

Sur la loi qui condamne l’antisionisme, il a dit: «Il y a plein de gens aujourd'hui qui sont de la communauté juive, musulmane qui sont parmi nous depuis le début. C'est toujours pour décrédibiliser le mouvement. Ils cherchent. … Je trouve que les médias aujourd'hui jouent le jeu de notre gouvernement et il n'y a pas de Marine Le Pen derrière ,il n'y a pas de Mélenchon derrière non plus. C’est un mouvement vraiment apolitique. Aujourd'hui on veut que le gouvernement s'en aille.»