La liberté de Julian Assange dépend de l’intervention de la classe ouvrière

Je tiens à remercier tous ceux d’entre vous qui se sont ralliés aujourd’hui et qui participent par le biais de Facebook Livestream – qui, je crois, sera également diffusé par le biais de Unity4J – et qui tweetent des commentaires et du soutien.

Cette manifestation, comme celle que nous avons organisée le 17 juin 2018, exige que le gouvernement australien intervienne et exerce tout le poids de son pouvoir diplomatique et de ce qu’il peut légalement faire. Le gouvernement australien doit obliger le gouvernement britannique à cesser immédiatement la détention arbitraire de l’éditeur de WikiLeaks et citoyen australien Julian Assange à l’ambassade d’Équateur à Londres.

Julian pourrait quitter l’ambassade et retourner en Australie s’il ne faisait pas face à deux menaces. La première est que les autorités britanniques ont déjà dit qu’elles vont l’arrêter dès qu’il sortira de l’ambassade. La deuxième menace est le danger très réel que les tribunaux britanniques sanctionnent son extradition vers les États-Unis pour faire face à un procès simulé pour espionnage ou conspiration.

Retourner à ses enfants. Retourner chez ses parents. Et à travailler de nouveau avec ses collègues pour mener à bien la mission de WikiLeaks, qui est de permettre aux dénonciateurs de révéler les secrets que ceux qui détiennent le pouvoir cherchent à cacher.

Le rassemblement d’aujourd’hui, et le soutien qu’il a reçu en Australie et dans le monde entier revêtent une grande importance.

Elle reflète deux grands processus interconnectés qui vont transformer la situation, et qui peuvent gagner la liberté de Julian Assange.

Premièrement, elle reflète la réalité que la classe ouvrière, après avoir été réprimée pendant des décennies, s’avance dans une résurgence massive de la lutte de classe internationale.

La classe ouvrière internationale signale qu’elle va lutter pour un niveau de vie décent, pour les droits démocratiques et pour la fin des menaces liées aux changements climatiques et aux guerres mondiales. Quelques exemples les plus significatifs sont: le mouvement des gilets jaunes qui a ébranlé le gouvernement français jusqu’à la moelle; les enseignants aux États-Unis font grève dans plusieurs États; des ouvriers sont en grève chez les équipementiers automobiles au Mexique; des travailleurs en Chine, en Inde et au Brésil exigent de meilleures conditions.

Deuxièmement, le soutien d’un groupe impressionnant de journalistes, d’artistes et d’universitaires à ce rassemblement signifie que les meilleurs éléments de la société se tournent à nouveau vers la classe ouvrière.

J’ai eu le privilège de parler avec Christine Assange, la mère de Julian, ces dernières semaines. Elle ne peut pas être ici, mais elle est ici par solidarité politique.

Christine voulait que je vous remercie tous – à tous ceux qui se lèvent et se battent non seulement pour la liberté de son fils, mais aussi pour nos droits démocratiques.

Dans un tweet qu’elle a envoyé ce matin, Christine Assange note:
Il n’a pas vu le soleil ou senti la pluie depuis 6 ans.
Sa vue s’estompe.
Ses dents lui font très mal.
Il souffre d’un œdème.
Ses jambes enflent.
Sa densité osseuse diminue sévèrement parce qu’il n’a pas été exposé au soleil depuis 6 ans.

C’est la torture infligée à Julian Assange.

Nous remercions des personnalités comme John Pilger; le courageux combattant Terry Hicks; l’auteur-compositeur-interprète Roger Waters; le professeur Stuart Rees; les journalistes: Joe Lauria, Elizabeth Vos; et Cathy Vogan de Unity4J; le cinéaste Curtis Levy; et tous ceux qui ont apporté le soutien le plus actif à cette manifestation.

Mais, comme je suis sûr que tous ceux qui défendent Julian seront d’accord, sans l’intervention de la grande force de la classe ouvrière, les gouvernements de l’Australie, de la Grande-Bretagne et des États-Unis ne mettront pas fin à leurs persécutions.

Ils craignent WikiLeaks et tous les médias indépendants et critiques, car il fournit à la classe ouvrière la vérité qui l’aide à motiver ses luttes. C’est pourquoi on monte une telle campagne concertée de censure contre les médias indépendants, et c’est pourquoi Julian a dû endurer plus de huit ans de tourments.

Julian est un prisonnier de la guerre de classe. Sa persécution est avant tout une attaque contre la classe ouvrière.

Le mouvement trotskyste, le WSWS et le SEP s’engagent à mobiliser la classe ouvrière pour défendre non seulement Julian, mais tous les droits démocratiques, en tant que composante essentielle de la lutte pour parvenir à une véritable égalité sociale, pour s’opposer à la guerre et au capitalisme.

C’est ainsi que Julian sera libéré. C’est ainsi que la censure sera vaincue. C’est ainsi que les droits sociaux de la classe ouvrière seront défendus.

Lors de ce rassemblement, nous rejetons toutes les attaques de ceux qui ont abandonné la défense d’Assange afin de tenter de justifier leur position.

Je ne vais pas les nommer. Ils ne valent pas la peine d’être mentionnés. Nous savons qui ils sont, et ils savent qui ils sont.

Nous rejetons la calomnie totalement discréditée dont Julian a fait l’objet de la part des procureurs suédois en 2010, selon laquelle il était soupçonné de crimes sexuels. Les allégations n’étaient rien de plus qu’une tentative de saper WikiLeaks et de faire arrêter Julian pour qu’il puisse être rendu aux États-Unis. Julian n’a commis aucun crime. Il n’a jamais été mis en examen pour un crime.

Nous rejetons l’argument absurde selon lequel, en publiant en 2016 des fuites qui ont révélé le caractère belliciste de droite de la candidate démocrate Hillary Clinton, WikiLeaks a agi au nom de la campagne Trump ou a servi d’intermédiaire à une ingérence russe.

Ce n’est rien de plus que des mensonges usés. Ceux qui les répètent ne peuvent fournir aucun élément de preuve, si ce n’est la prétendue évaluation des services de renseignement américains responsables de la fabrication d’armes de destruction massive en 2002 et 2003, et de nombreuses autres provocations et complots d’État.

L’histoire de la conspiration russe a été utilisée pour justifier à la fois l’attaque contre Assange, la censure généralisée et les provocations contre la Russie qui ont accru le danger d’une guerre nucléaire. Les démocrates parlent de Trump et de la Russie. Mais, en même temps, ils collaborent avec lui pour accorder des réductions d’impôts aux riches, préparer une guerre de changement de régime contre le Venezuela et persécuter les immigrants et les réfugiés.

WikiLeaks a publié la vérité. Le jour viendra où Julian sera libéré, et il reviendra dans ce pays et sera accueilli en héros. Et tous ceux qui ont refusé de le défendre seront considérés et traités comme les laquais pro-impérialistes et les ennemis des droits démocratiques qu’ils sont.

Nous n’avons aucune illusion que le gouvernement australien agira volontairement au nom de Julian.

Les gouvernements travaillistes et de coalition nationales-libérales successifs ont refusé de défendre Assange, surtout à cause de l’alliance militaire que la classe dirigeante australienne maintient avec l’impérialisme américain. Cette alliance poussait l’Australie à envoyer des troupes aux guerres néocoloniales du Vietnam, en Afghanistan et en Irak, et, depuis 2010, se placer en première ligne d’une confrontation stratégique croissante avec la Chine qui menace de provoquer une guerre totale entre puissances nucléaires.

La semaine dernière, un témoignage a été présenté au Congrès américain qui a clairement indiqué que le chef du gouvernement américain, Donald Trump, n’est rien de plus qu’un criminel et un gangster qui a sa place dans une cellule de prison.

Trump personnifie la criminalité de toute la classe dirigeant américaine.

Mais cela n’amènera pas l’establishment australien à changer sa position. En tant que serviteurs de l’oligarchie financière et des entreprises, les travaillistes et la Coalition considèrent que l’alliance américano-australienne est plus importante que les droits, et même la vie, des citoyens australiens.

Rappelons que l’establishment australien a collaboré avec Washington pour renverser un gouvernement démocratiquement élu en 1975 et un Premier ministre élu en juin 2010, afin d’assurer la protection des intérêts impérialistes américains en Australie. Nous sommes au courant des événements qui ont mené au retrait de Kevin Rudd en 2010 grâce aux câbles diplomatiques publiés par WikiLeaks.

Les seules circonstances dans lesquelles le gouvernement australien agira pour libérer Julian Assange, c’est si la classe capitaliste de ce pays craint plus un mouvement de masse de la classe ouvrière, exigeant la liberté de Julian, qu’une perturbation de ses relations vénales avec les États-Unis.

Le mépris de l’establishment australien pour les droits démocratiques d’un de ses propres citoyens a été démontré le 21 février par le gouvernement de coalition devant la commission sénatorial des prévisions budgétaires du ministère des affaires étrangères et du commerce.

Un fonctionnaire du DFAT a admis ce qui suit:

«Le gouvernement australien ne partage pas l’avis de cette commission de l’ONU. Nous ne pensons pas que M. Assange soit détenu arbitrairement».

Le gouvernement australien pense qu’il peut s’en tirer en affirmant que Julian Assange est emprisonné à l’ambassade d’Équateur à Londres, privé de soleil et de soins médicaux, par choix personnel.

Le Groupe de travail des Nations Unies sur la détention arbitraire, qui est le principal expert juridique de l’ONU, est en désaccord.

Il a déclaré, clairement et fermement dans la décision qu’il a adopté le 4 décembre 2015 et qu’il a publié le 6 février 2016 et rééditée en décembre dernier: «Le Groupe de travail a estimé que M. Assange a été soumis à différentes formes de privation de liberté».

«Le Groupe de travail a donc demandé à la Suède et au Royaume-Uni d’évaluer la situation de M. Assange afin d’assurer sa sécurité et son intégrité physique et de faciliter l’exercice de son droit à la liberté de circulation d’une manière rapide».

Le gouvernement australien rejette cette demande avec mépris. L’establishment australien fait grand cas de son prétendu engagement en faveur du droit international et de l’adhésion aux droits démocratiques – mais ignore de façon flagrante un jugement juridique international.

Le SEP va faire de la persécution de Julian Assange un enjeu majeur des prochaines élections fédérales australiennes. Chaque candidat sera contraint de répondre s’il défend ou non le droit de Julian Assange de rentrer chez lui, avec une garantie de protection contre toute demande d’extradition par les autorités américaines.

La question la plus importante, cependant, est le travail que nous faisons collectivement pour amener la classe ouvrière dans cette lutte.

Sur les campus universitaires, dans les TAFE et dans les lycées, il faut diffuser des informations sur Julian.

Au mépris des syndicats, des réunions doivent être organisées sur les lieux de travail en Australie et dans le monde entier, et des motions qui demandent la liberté d’Assange sont présentées.

De telles motions ont été présentées par des enseignants d’une école secondaire de Melbourne et par le comité indépendant représentant des travailleurs de plantations de thé brutalement exploités au Sri Lanka.

Comme l’ont conclu les travailleurs sri-lankais: «Libérer Julian Assange est notre combat. Nous l’appelons à devenir la lutte des travailleurs du monde entier».

Leur initiative est le modèle pour les travailleurs du monde entier.

Les journalistes et les professionnels des médias ont un rôle particulier à jouer. En Australie, je vous exhorte à vous défaire des chaînes de la Media, Entertainment & Arts Alliance et à élever la voix pour défendre un éditeur persécuté.

Nous repartirons de ce rallye avec beaucoup d’optimisme et de confiance. Ceux d’entre nous qui sont ici aujourd’hui représentent le début d’une campagne de masse.

Nous envoyons un message clair à Julian Assange aujourd’hui et il l’entendra – vous n’êtes pas seul, vous n’avez pas été abandonné, vous n’avez pas été oublié. Vous serez libéré.

(Article paru d’abord en anglais le 4 mars 2019)

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