Avant la fin du débat national, L’État réprime le rassemblement ds «gilets jaunes» à Paris

L’acte 17 des «gilets jaunes» s’est déroulé une semaine avant la grande mobilisation prévue pour la fin du «grand débat national» de Macron le 16 mars. Il y avait 28.600 manifestants samedi en France selon le ministère de l'Intérieur, la plus faible mobilisation selon la police depuis le début du mouvement, contre 90.082 manifestants selon le chiffre établi par l’association le Nombre jaune.

L’événement prévu à Paris, un sit-in sur le Champ de mars devant durer tout le week-end et largement relayée par les figures historiques du mouvement, a tourné court. Vendredi soir, une trentaine de manifestants ont tenté d'installer quelques structures près de la Tour Eiffel, mais ont rapidement été délogés par les forces de l'ordre. Le sit-in parisien doit «installer nos rond-points au coeur de la capitale, là où nous serons visibles de tous et entendus», expliquait Priscillia Ludosky.

Cette figure des «gilets jaunes» a participé samedi matin à une action de blocage du pont d'Iéna, devant la tour Eiffel, avec les associations Alternatiba et ANV-COP21 (Action non violente-COP21), spécialistes de mobilisations parfois spectaculaires sur le climat. Ces militants écologistes ont décroché ces dernières semaines plusieurs portraits d'Emmanuel Macron dans des mairies.

Sous la tour Eiffel, une cinquantaine de manifestants étaient rassemblés devant une banderole moitié jaune, moitié verte, proclamant: "Justice climatique et sociale, même combat".

Les manifestations ont rassemblé plusieurs milliers de personnes sur Toulouse, et d’importants effectifs de policiers et de gendarmes ont été engagés. Quelques incidents et dégradations ont eu lieu à différents endroits à Toulouse: des jets de projectiles en direction des forces de l’ordre, des tags et des feux de poubelles. On dénombre actuellement 4 blessés légers parmi les forces de l’ordre; 9 personnes ont été interpellées en centre-ville.

A Nice, des assistantes maternelles et leurs gilets roses ont rejoint la foule en jaune. D'autres manifestations se sont déroulées sans incident majeur à Lyon, Saint-Brieuc, Caen, Rouen, Dijon, Lille, Strasbourg ou Nancy. L'ambiance était plus tendue à Nantes, Montpellier ou encore au Puy-en-Velay, selon plusieurs journalistes de l'AFP. Environ 2.000 personnes ont défilé dans les rues du chef-lieu de la Haute-Loire, avec parfois des jets de projectile sur les forces de l'ordre.

Les reporters du WSWS ont pu discuter sur Paris avec Léonie, déterminée à venir chaque samedi: «Tous les politiciens font la sourde oreille et nous demandons toujours la même chose. Et tant qu'on n'aura pas obtenu ce que nous voulons, on sera dans la rue tous les jours. Quitte à mourir dans la rue on lâchera pas l'affaire, on ne va pas abandonner. Les revendications les plus importantes on dit stop au matraquage fiscal, aux augmentations d'essence, nourriture, couches, tout ça. Le coût de la vie est trop élevé pour nous. Pour un tel salaire le coût de la vie augmente et notre salaire baisse à un moment il y a un problème quelque part.»

Léonie a fait part de son soutien au mouvement en Algérie contre le régime et de l’unité des revendications des Algériens et des «gilets jaunes» en France: «Bien sûr, on peut les soutenir: là-bas en Algérie, ils n'ont pas de travail. C'est toujours la même chose, c'est toujours le même président et ce président est vraiment totalement invalide. Les décisions viennent de sa famille, je ne pense pas que ça vient de lui. Parce que quand on voit des vidéos, Monsieur Bouteflika n'arrive même pas à sortir un mot. Je pense que c'est d'autres personnes qui dirigent ce n'est pas lui et on les soutient.

«Nous les gilets jaunes on les soutient, on est de tout cœur avec eux, et on espère qu'ils vont vraiment obtenir ce qu'ils souhaitent. Ce serait bien que ce pays se renforce parce qu'il est important qu'il se renforce. ... Eux ils demandent juste à manger et nous, nous demandons aussi à manger. C'est le même combat c'est le même combat exactement. Nous sommes tous unis pour le même combat nous n'avons aucun problème par rapport à ça.»

Sur les violences policière à l’encontre des «gilets jaunes», Léonie estime que «Macron il est toujours celui qui donne des leçons aux autres pays mais lui même ne respecte pas les exemples en France regardez Emmanuel Macron il tue son peuple en France avec des flash ball. Nous avons tellement de blessés nous avons 1900 blessés aux yeux des personnes qui sont devenues handicapés il leur manque des yeux il leur manque des bras Yoann a même marché et maintenant il se retrouve en fauteuil roulant à un moment ou l'autre. C'est pas Emmanuel Macron qui va donner des conseils ou qui va punir un autre pays par rapport à ce qu'il fait.Jamais on n'aurait cru ça comme président il aurait été capable d'aller jusqu'au bout comme ça. »

Le WSWS a aussi discuté avec une personne voulant rester anonyme habitant en région parisienne. Elle a revendiqué «une hausse du pouvoir d'achat, stopper l'évasion fiscale et la corruption et une indexation des retraites. Baisse des impôts bien entendu. Et puis ras le bol de tous ces escrocs au gouvernement dont il faudrait une meilleure justice. La fin des blessés. Donc voilà en gros c'est ça. Pour le pouvoir d'achat parce que même une baisse des loyers ça serait pas mal. Parce que là franchement ça devient compliqué pour beaucoup de gens. J'habite en 93 donc les loyers sont quand même élevés.»

Elle demande plus d’égalité, considérant que les annonces de Macron sont des miettes: «On a l'impression qu'il a donné 10 milliards il y aura plus rien pour nous réellement. Il s'est contenté de donner très peu. Apparemment c'est un effort surhumain, on se pose beaucoup de questions quand même. Bernard Arnault il a gagné 22 milliards d'euros de salaires l'année dernière; personne sait pourquoi. Franchement non mais il faudrait aussi une meilleure répartition des richesses aussi. Et puis il faudrait aussi une abolition des privilèges.»

Lorsque le WSWS lui a demandé s’il soutenait les manifestations en Algérie, il a dit: «Oui, complètement. Il faut arrêter sinon en 2350 on sera toujours aux mêmes choses. Ils ont toujours leur retraite jusqu'à 70 ans payés ils auront toujours leur appartement à 10.000 euros par mois payés ils ont toujours tout. Et puis le petit citoyen il a rien. Nous on n'a rien.»

Sur les violences policière, il y voit une volonté de faire taire l’opposition: «Tout simplement, le gouvernement en place n'accepte pas la révolte, il n'accepte pas que le peuple veuille prendre la parole. Ils veulent nous mettre à l'amende, en gros c'est ça. Ils veulent nous faire taire et on emploie pour cela des méthodes d'intimidation extrême pour dissuader les personnes à venir manifester et donc avec leur violence on est borgne ... Ce n'est pas un hasard si la police tire dans la tête. C'est vraiment pour faire peur aux gens. Non, je n'ai pas envie de perdre un oeil ni d’avoir une main d’arraché donc ils terrorisent les gens.»

Interrogé sur l’avenir des «gilets jaunes», un membre francilien du mouvement a répondu: «Un mouvement mondial, même je dirais carrément au delà de l'Europe un mouvement mondial. Nous ne nous croyons pas un nouvel ordre mondial ... Je suis complètement anticapitaliste, parce que l'argent prime sur l'humain et là on contrôle plus rien on préfère donner des actions plutôt que donner de partager avec les employés. Moi, ça ne m'intéresse pas le capitalisme.»

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