Chelsea Manning pendant plus de deux semaines en isolement cellulaire

Le «World Socialist Web Site» et le Parti de l’égalité socialiste (SEP) jouent un rôle de premier plan dans l’organisation de l’opposition à l’emprisonnement de Chelsea Manning et à la persécution du fondateur de WikiLeaks Julian Assange. Des réunions et des rassemblements sont prévus le mardi 26 mars à l’Université d’État de San Diego et au Community College de Virginie du nord.

Samedi après-midi, le comité de soutien à Chelsea Manning a publié un communiqué de presse rapportant qu’elle est soumise à l’isolement cellulaire depuis son incarcération, le 8 mars, au Centre de détention pour adultes de Truesdale à Alexandria, en Virginie.

C’est le juge Claude Hilton, de la Cour du District Est de Virginie qui a condamné Manning pour outrage à la justice et l’a fait emprisonner il y a plus de deux semaines. Elle avait refusé de témoigner devant un grand jury constitué dans le but de monter des accusations contre Julian Assange l’éditeur et fondateur de WikiLeaks. Assange vit lui-même depuis 2012 sous le régime de l’asile, dans des conditions d’extrêmement isolement à l’ambassade d’Équateur de Londres.

L’emprisonnement malveillant de Manning et l’isolement cellulaire qu’elle subit sont une tentative de la Cour de District américaine pour la forcer à témoigner devant le grand jury secret qui prépare un acte d’accusation contre Assange. Il faut aussi les voir comme une initiative visant à punir Manning pour avoir courageusement dénoncé les crimes de guerre des États-Unis au Moyen-Orient.

En 2010, Manning a divulgué à WikiLeaks des documents révélant d’innombrables crimes de guerre en Irak et en Afghanistan. Parmi eux figurait la désormais tristement célèbre vidéo «Collateral Murder» qui montre le mitraillage de civils par un hélicoptère américain à Bagdad en 2007. Seize civils furent tués, dont deux journalistes de Reuters. L’armée a arrêté Manning en 2010, sous l’Administration Obama. Au cours d’un procès, on l’a condamnée à 35 ans de prison militaire. Elle fut soumise à des années d’isolement cellulaire. Elle a accompli sept ans de cette peine avant qu’Obama ne la commue en 2017.

Condamnant les dernières mesures contre Manning comme de la torture, le comité de soutien a exigé que l’isolement de la courageuse lanceuse d’alerte soit immédiatement supprimé. «Depuis son arrivée à Truesdale le 8 mars, Chelsea a été placée en ségrégation administrative, ou ‘adseg’, un terme qui semble moins cruel qu’‘isolement cellulaire’. Cependant, Chelsea est enfermée dans sa cellule pendant 22 heures par jour » dit la déclaration.

«Chelsea ne peut pas sortir de sa cellule pendant que d’autres prisonniers sont dehors. Elle ne peur donc pas parler à d’autres personnes, ou visiter la bibliothèque de droit. Elle n’a pas accès à des livres où à de la lecture en général. Elle n’est pas sortie depuis 16 jours. Elle a le droit de téléphoner et de se déplacer à l’extérieur de sa cellule entre 1h00 et 3h00 du matin».

Les responsables de la prison ont affirmé que des prisonniers de haut niveau sont détenus en régime «adseg» pour leur propre protection. Dana Lawhorne, le shérif d’Alexandrie, en Virginie, a déclaré à un journaliste de CNN que les allégations de torture étaient «inexactes». Il a dit que c’était «injuste de prétendre qu’il exist[ait] un quelconque ‘complot’».

Cependant, la déclaration du comité de soutien de Manning souligne que son isolement de plus de 15 jours constitue en fait un «isolement prolongé». Son communiqué de presse en ligne donne un lien vers un document intitulé «A Sourcebook on Solitary Confinement» [un manuel de référence sur l’isolement cellulaire] de Juan E. Méndez. Méndez est le rapporteur spécial des Nations unies pour la torture et autres traitements cruels, inhumains ou dégradants. Le livre étaye l’affirmation du comité qu’il s’agit de placement en isolement prolongé et de torture.

Sans la prise de position courageuse de Manning, l’existence du grand jury et la possibilité d’une inculpation secrète des États-Unis visant Assange ne seraient probablement pas connues dans le monde. Le traitement brutal de Manning et la machination contre Assange se produisent à ce moment pour des raisons évidentes.

Une des prémisses majeures de l’enquête du conseiller spécial Mueller – dont le rapport vient d’être remis au ministère américain de la Justice – repose sur l’affirmation sans fondement que le gouvernement russe a piraté les serveurs mail du Comité national démocrate (DNC) et qu’il a livré le contenu des mails à Julian Assange et WikiLeaks avant l’élection présidentielle de 2016.

Assange a rejeté maintes fois cette explication de la façon dont WikiLeaks avait reçu les mails du DNC. La publication de ces mails – surtout ceux du président de la campagne Clinton, John Podesta – un mois avant l’élection, ont révélé l’ampleur de la conspiration politique au sein du Parti démocrate contre la candidature de Bernie Sanders. Révélé fut aussi le rapport servile de Hillary Clinton avec l’oligarchie de Wall Street.

Les inquiétudes concernant l’impact de l’isolement cellulaire sur la santé de Manning sont très réelles. Le communiqué du comité dit cependant avec fermeté: «Chelsea est une personne de principe, et elle a dit clairement que même si ce genre de traitement lui ferait du tort et laisserait presque certainement des cicatrices durables, cela ne la ferait jamais changer d’avis sur une collaboration avec le grand jury».

Comme l’a révélé une requête en justice déposée par ses avocats et s’opposant à l’assignation à comparaître devant le grand jury, Manning a été soumise à un harcèlement continu et à une surveillance électronique illégale depuis qu’elle a quitté la caserne disciplinaire de Fort Leavenworth, après que sa peine a été commuée le 17 janvier 2017. Manning est reconnue dans le monde entier comme un soldat qui s’est élevé contre les opérations secrètes de l’entreprise la plus criminelle que le monde ait jamais vue – l’armée américaine.

Les travailleurs, les étudiants et les jeunes doivent poursuivre leurs efforts pour exiger la libération de Manning, emprisonnée pour avoir refusé de se conformer à une citation à comparaître qui viole ses droits en vertu des premier et cinquième Amendements de la Constitution et représente un abus flagrant du processus de grand jury.

(Article paru d’abord en anglais le 25 mars 2019)

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