Les fascistes montent un pogrom contre la population rom en Italie

Des affrontements racistes de type pogrom se sont produits mardi à Torre Maura, une banlieue de la capitale italienne, Rome. Plusieurs familles sinti et rom ont été chassées du quartier pauvre. Les fascistes de, qui ont mené l'action, se sentent capables d'agir avec une telle agressivité parce qu'ils ont le soutien du gouvernement et de l'appareil étatique.

Dans l'après-midi du 2 avril, plusieurs familles sinti et rom ont été transférées dans des logements urbains à Torre Maura. Les fascistes s'y sont opposés en réussissant à mobiliser certains des habitants les plus réactionnaires du quartier. Avec CasaPound et son leader Mauro Antonini, d'autres groupes d'extrême droite comme Forza Nuova y ont participé Pendant plusieurs heures, ils se sont déchainés dans les rues.

Les nazis se sont rassemblés jusqu'à tard dans la soirée, soutenus par une poignée de résidents réactionnaires, devant le logement où 65 Sintis et Roms, dont des enfants, étaient logés. Ils ont crié «Fuori fuori!» (dehors!) et a insulté et intimidé toute personne qui se présentait à l'entrée ou dans la cour de l'hébergement.

Des poubelles ont été renversées et incendiées, tandis qu'une voiture appartenant à la coopérative qui travaille dans les logements a été incendiée. Des slogans racistes ont été tagués sur le mur devant la maison, dont un disant que les «foutus singes» devraient être «brûlés vifs». Lorsqu'un bénévole a voulu entrer dans la maison avec un carton de sandwichs, la foule l'a arraché, l'a jeté par terre et a piétiné les sandwichs.

Le siège a duré tard dans la soirée. Dans l'obscurité, les assaillants ont déclenché un engin explosif dans la cour, mais heureusement, personne n'a été blessé. Les fascistes ont cherché à plusieurs reprises à aggraver la situation, mais le groupe n'a guère pris de l'ampleur. Au lieu de cela, les résidents se sont détournés par dégoût. «Ces gens ici organisent la guerre parmi les pauvres», a commenté une femme âgée.

Après une réunion de crise, les autorités de la ville de Rome ont décidé de reloger les familles roms. Alors que les derniers bus portant le logo de la ville quittaient la maison, les fascistes ont éclaté de jubilation, donnant des coups de pied dans les véhicules, dans lesquels les enfants étaient assis. Plusieurs vidéos montrent une foule en train de tendre les bras dans un salut fasciste et de beugler l'hymne national.

Le maire de la banlieue, Roberto Romanella (Mouvement des cinq étoiles), a encouragé les fascistes en déclarant lors d'une conférence de presse qu'une grave erreur avait été commise «qui ne peut être répétée». La maire de Rome, Virginia Raggi (Mouvement des cinq étoiles), a condamné hypocritement la «haine raciste suscitée par les extrémistes de droite». En réalité, son parti porte la responsabilité de la montée des fascistes.

Avec la Lega, le Mouvement des cinq étoiles forme le gouvernement de coalition de l'Italie, dont les politiques sont déterminées par le ministre de l'Intérieur et vice-premier ministre Matteo Salvini de la Lega. Il ne se passe pas un jour sans que Salvini n'éructe des discours contre les réfugiés et les Roms. A son initiative, le gouvernement italien a fermé les ports du pays aux navires de sauvetage des réfugiés, condamnant ainsi des milliers de personnes à se noyer dans la Méditerranée. Le décret Salvini a également condamné des dizaines de milliers de réfugiés en Italie à l'illégalité. Les travailleurs humanitaires qui fournissent de l'aide aux réfugiés et les sauveteurs en mer sont condamnés à des années de prison.

En tant que partenaire de la coalition, le Mouvement des cinq étoiles porte également la responsabilité de ces politiques. Le Mouvement des cinq étoiles est sorti des élections législatives de l'an dernier le plus grand parti, avec 33 % des voix. Il a conclu un accord de coalition avec la Lega d'extrême droite, qui a obtenu la moitié moins de voix (17,4 %). Le Mouvement des cinq étoiles a ainsi aidé la Lega à obtenir le pouvoir et lui assure une majorité parlementaire pour ses politiques réactionnaires.

Ces politiques font le jeu des fascistes, qui sont enhardis. En revanche, ils bénéficient d'un faible soutien au sein de la population. Début mars, des centaines de milliers de personnes ont manifesté à Milan contre le racisme.

Les fascistes savent très bien que leurs crimes sont tolérés par les plus hautes instances de l'État et du gouvernement. Le gouvernement incite systématiquement les sentiments d'extrême droite et crée des précédents qui ne font qu'encourager les fascistes. Par exemple, Salvini a ordonné l'assignation à résidence du maire de Riace, Dominico Lucano, qui avait cherché à empêcher la dépopulation de sa petite ville en y relogeant des immigrants. Tous les résidents étrangers de Riace ont été expulsés.

Il convient également de noter que le président du Parlement européen, Antonio Tajani, a récemment parlé positivement du dictateur italien Benito Mussolini. Ce membre de Forza Italia de Silvio Berlusconi a déclaré dans un entretien à la radio que le «Duce» fasciste avait accompli des «choses positives». En plus de ses actes négatifs, dont sa conduite de la guerre et l'introduction de lois antisémites, Mussolini a réussi à construire «des infrastructures, des ponts, des routes et des parcs sportifs pour notre pays», a affirmé Tajani. «On ne peut pas prétendre qu'il n'a rien fait», a-t-il ajouté.

L'indignation exprimée par la suite par d'autres députés du Parlement européen ne peut dissimuler le fait que l'Union européenne (UE) et les gouvernements de ses États membres, menés par l'Allemagne, sont responsables de la résurgence des pogroms en Europe. La politique de l'UE en matière de réfugiés n'est pas moins brutale que celle de la coalition à Rome.

La semaine dernière encore, l'UE a mis fin à son opération Sofia (Eunavfor Med) en Méditerranée. Dans le même temps, l'UE coopère étroitement avec les garde-côtes libyens, qui ont créés des conditions proches de l'enfer sur terre pour les réfugiés. L'ordre donné il y a quelques jours par le gouvernement maltais à l'armée de prendre d'assaut un navire de sauvetage témoigne de la politique méprisable de l'UE.

(Article paru en anglais le 6 avril 2019)

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