Il y a 100 ans: mutinerie des marins français en Mer noire

Le France, centre de la mutinerie

Le 19 avril 1019, les marins du France, un navire de la marine française ancré près du port de Sébastopol en Mer noire, se sont révoltés contre des ordres de déplacer 700 tonnes de charbon durant le week-end de Pâques.

L'impérialisme français avait envoyé sur la côte de la Crimée une flotte dont les milliers de soldats et d'hommes d'équipage étaient épuisés par la guerre, certains étaient en service depuis 1915. L'objectif était d'apporter une aide matérielle et militaire aux armées blanches sous le commandement du général Anton Denikine qui se battaient contre les bolcheviques. Cela a provoqué un énorme mécontentement parmi les conscrits français, de janvier à avril, plusieurs unités françaises stationnées dans le sud de l'Ukraine ont refusées de combattre, et les blancs ont dû évacuer Odessa.

Quand les marins du France ont reçu l'ordre de charger du charbon à la pelle, la discipline militaire était très mauvaise dans toute la flotte. Quand les drapeaux ont été hissés le matin du 19 avril, une partie de l'équipage a refusé de saluer. Puis des centaines de plus se sont rassemblés sur le pont dans la matinée pour demander un jour de congé, et ils ont commencés à chanter l'hymne sociale, l'Internationale. Bientôt les marins d'un autre navire de la flotte stationné à proximité, le Jean-Bart, se sont joints au chant.

Quanq les officiers sont arrivés sur le pont, et ont demandés aux marins de se disperser, ils ont été accueilli par des moqueries et des menaces. Un officier a promis de transmettre les demandes des marins au capitaine. D'après André Marty, l'un des meneurs du mouvement en Mer noire, les marins ont alors demandé « Qu'est-ce qu'on fait en Russie ? On ne veut pas se battre contre les ouvriers qui sont nos frères, on veut partir », les marins du France ont envoyé une délégation au Jean-Bart et ont demandé quelles étaient leurs demandes. Leur réponse fut « rentrer à Toulon ! Plus de guerre avec la Russie ! »

Malgré un sermon de l'amiral de la flotte sur les méfaits du bolchevisme, les marins des deux navires ont débarqués le lendemain, et ont rejoint une manifestation des ouvriers de Sébastopol contre la guerre. Des marins d'autres navires les ont rejoint également mais des soldats français et grecs stationnés à proximité ont ouvert le feu contre la manifestation, tuant et blessant des dizaines de personnes.

La flotte française a éclaté de colère et des mutineries ont commencé sur d'autres navires durant tout le mois qui a suivi. La présence française en Mer noire est devenue impossible à maintenir pour l'armée et la flotte a dû rentrer en France en mai.

Le mécontentement des mutins trouvait sa source dans les rations réduites, la délivrance hazardeuse des courriers, le manque d'autorisations de descendre à terre, et la brutalité de la discipline imposée par les officiers. Mais c'était en particulier l'engagement d'une nouvelle guerre qui les a radicalisés. La propagande bolchevique a joué un rôle crucial dans la mutinerie. Les bolcheviques ont édité un journal en français intitulé Le Communiste qui reprenait les demandes des marins et les informait sur l'objectif des bolcheviques d'une révolution mondiale.

(Article paru en anglais le 16 avril 2019)

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