Élections européennes: SGP tient sa deuxième réunion de campagne à Francfort-sur-le-Main

La deuxième réunion du Parti de l'égalité socialiste (SGP) a eu lieu le 16 avril à Francfort-sur-le-Main dans le cadre de sa campagne pour les élections européennes. Le SGP participe aux élections européennes afin de construire des sections de la Quatrième Internationale à travers le continent. Deux jours plus tôt, les principaux représentants de la Quatrième Internationale ont pris la parole lors de la première réunion électorale du parti à Berlin. A Francfort, le président du SGP, Ulrich Rippert, a souligné l'importance du Comité international de la Quatrième Internationale (CIQI) et sa perspective des États-Unis socialistes d'Europe.

De nombreux partisans du SGP, des lecteurs du WSWS et des travailleurs de la ville et de la région environnante ont assisté à la réunion. Dans son introduction, la candidate du SGP Marianne Arens a souligné que l'arrestation du fondateur de WikiLeaks Julian Assange à Londres a marqué un tournant dans l'histoire. Les élites dirigeantes ne sont plus prêtes à défendre les droits démocratiques fondamentaux.

«Assange n'a pas commis de crime», a-t-elle dit. «Il a informé les gens sur les crimes de guerre atroces en Afghanistan et en Irak. [...] Il a été une source d'inspiration pour Edward Snowden: sans lui nous ne connaîtrions pas toute l'ampleur de l'espionnage de masse du grand public. Toute la médisance et les accusations portées contre Assange, sont fictives visent à salir sa réputation et à persuader le public d'accepter sa déportation aux États-Unis.»

L'attaque contre Assange, ainsi que la campagne contre la courageuse lanceuse d'alerte Chelsea Manning, était «une attaque contre nous tous». Au moment de l'arrestation d'Assange, les sections du CIQI ont immédiatement lancé un appel aux protestations dans le monde entier, et le SGP avait également placé la lutte pour la libération de Julian Assange au cœur de sa campagne électorale européenne. «La classe dirigeante procède impitoyablement [...] d'énormes forces sociales et politiques sont à l'œuvre. Ceux qui veulent les vaincre doivent compter sur une force encore plus puissante. C'est pourquoi nous nous tournons vers la classe ouvrière internationale. Nous sommes bien conscients que les conditions d'un soulèvement social de masse se développent rapidement.»

La situation de la classe ouvrière aujourd'hui, plus de 10 ans après la crise financière de 2008, a été décrite avec force par Saravan Ratnamaheson, candidat du SGP. Il a déclaré «Le fardeau de la crise bancaire a été entièrement transféré sur les épaules de la population active. Il en a résulté une énorme augmentation de la pauvreté et des inégalités sociales.»

Ratnamaheson a souligné la croissance rapide du travail à bas coût et du travail intérimaire dans pratiquement tous les secteurs de l'industrie. L'industrie allemande est fortement dépendante des exportations et est aujourd'hui durement touchée par la crise de l'UE, le Brexit et les guerres commerciales mondiales: «Dans l'industrie automobile, pratiquement toutes les grandes entreprises - de VW, Opel, Ford, aux fournisseurs automobiles tels que Bosch - ont annoncé des licenciements collectifs. Les entreprises utilisent le virage vers la mobilité électrique comme prétexte pour mener des attaques sans précédent contre les droits et les conditions de travail des travailleurs de l'automobile.»

La principale raison du massacre mondial actuel des emplois était le pouvoir exercé par les marchés financiers et les fonds spéculatifs. «Ils ont ordonné cette attaque mondiale contre la classe ouvrière pour augmenter leurs dividendes et leurs profits», a dit M. Ratnamaheson.

Le candidat du SGP a dressé un bilan des activités des syndicats au cours des dernières décennies: «Ils ne sont pas seulement rongés par la corruption, mais surtout par leur perspective nationaliste et le fait qu'ils subordonnent chaque question aux intérêts du système de profit les a transformés en serviteurs de droite des entreprises.»

Ratnamaheson a décrit les leçons de la vague de grève dans les usines à bas salaires de Matamoros au Mexique. Il explique la nécessité pour les travailleurs de mettre sur pied des comités d'action qui fonctionnent indépendamment des syndicats. «La réponse des travailleurs doit être une perspective socialiste internationale, a-t-il souligné. Il a informé l'auditoire au sujet de l'assemblée historique des travailleurs à Detroit le 9 décembre 2018.»

Plus de 80 travailleurs de l'automobile ont décidé de créer des comités d'action indépendants et ont reconnu le site Internet du World Socialist Web Site et le Parti socialiste pour l'égalité comme leurs directions politiques. «C'est un pas important pour la classe ouvrière internationale», a déclaré Ratnamaheson. «Il est de plus en plus clair que la classe ouvrière se tourne vers notre mouvement dans la lutte de classe qui se développe rapidement et la considère comme sa direction politique et programmatique.»

L'orateur suivant était Ulrich Rippert, président du SGP, candidat aux élections européennes et membre du comité de rédaction international de WSWS. Il a parlé de l'importance du mouvement trotskyste mondial: «Nous construisons un parti dans la classe ouvrière d'Europe pour renverser le capitalisme, permettre à la classe ouvrière de prendre le pouvoir et mettre en place les États-Unis socialistes de l'Europe.»

«Nous nous appuyons sur la confiance que nous inspire l'histoire, en particulier l'expérience des trente dernières années qui a confirmé que le CIQI est la seule force au monde qui s’appuie sur une analyse historique correcte.»

«Il y a trente ans, nous avons assisté à la chute du mur de Berlin, à l'effondrement de la RDA et à la réunification de l'Allemagne", a déclaré Rippert. "Deux ans plus tard, a suivi la dissolution de l'Union soviétique.» Il a rappelé que tous les principaux partis et les médias grand public ont décrit cette évolution comme «l'échec du socialisme», «le triomphe du capitalisme» ou «la fin de l'histoire» (Fukuyama).

À l'époque, le CIQI avait un tout autre point de vue. Rippert cite un extrait d'un manifeste électoral du Bund Sozialistischer Arbeiter, prédécesseur du SGP, élaboré pour les élections européennes de 1989.

«La politique de la bureaucratie stalinienne a plongé les pays d'Europe de l'Est et de l'Union soviétique, dans une crise économique dévastatrice», peut-on lire dans ce texte vieux de 30 ans. «La cause de cette crise est l'isolement de l'économie soviétique de l'économie mondiale.» Ces pays étaient menacés de «réintroduction du capitalisme et de l'exploitation de la classe ouvrière soviétique et est-européenne sur une base capitaliste.»

Rippert a ensuite souligné la situation actuelle lamentable des travailleurs en Europe de l'Est et a déclaré: «Nous avions clairement prédit la restauration du capitalisme en Union soviétique et en Europe de l'Est avec toutes les conséquences sociales catastrophiques que cela implique.» La mondialisation de la production a détruit les bases de tous les programmes nationaux. Le résultat a été une résurgence puissante de toutes les contradictions du capitalisme. «Il ne fait aucun doute», a dit Rippert, «que notre évaluation, que nous avons définie il y a des décennies et que nous avons défendue sans relâche, s'est avérée correcte.»

Rippert a abordé ensuite la question: «Qu'est-ce qui fait la force d'un parti?» Il est crucial, a dit l'orateur, qu'un parti puisse évaluer correctement les grands changements historiques et fournir une perspective progressiste. «Nous l'avons fait et cela démontre la force politique de notre parti.»

Rippert a ensuite comparé la position du CIQI avec la propagande lancée par la classe dirigeante et ses partis. Au lieu de «démocratie, paix et liberté», les 30 dernières années ont conduit à un enrichissement extrême d'une élite et à un appauvrissement tout aussi extrême de la classe ouvrière. Cela se manifeste surtout en Europe, par le pillage de la Grèce, a déclaré Rippert.

«Les rivalités et les conflits qui ont fait de l'Europe le principal champ de bataille de deux guerres mondiales sont aujourd'hui ressuscités sous la pression de la crise mondiale du capitalisme», a-t-il poursuivi, en décrivant les préparatifs très avancés de guerre des puissances impérialistes. Cela allait de pair avec des mouvements vers la dictature et des États policiers, ainsi qu'avec la promotion des partis d'extrême droite et des partis fascistes. a-t-il dit.

Rippert met en garde contre le retour du fascisme en Allemagne qui, contrairement aux années 1930, n'était pas un mouvement de masse, mais «tire sa force du soutien qu'il reçoit des élites dirigeantes et de l'appareil étatique.» Le parti d'extrême-droite Alternative pour l'Allemagne siège maintenant au parlement allemand. Il est profondément enraciné dans l'appareil d'État et bénéficie avant tout du soutien de différents niveaux de la police, de l'armée et des services de renseignement.

L'expérience de la guerre et du fascisme a laissé de profondes cicatrices en Allemagne et la ferme conviction qu'il ne devrait plus jamais y avoir de guerre ni de fascisme. Ce sentiment est profondément enraciné dans l'esprit de millions de personnes, a dit Rippert. La lutte des classes est de retour. «L'avenir ne se décidera ni à la chancellerie allemande, ni à la Commission européenne à Bruxelles», a affirmé Rippert, «et certainement pas au Parlement européen». L'avenir dépend de ceux qui construisent la Quatrième Internationale et préparent la classe ouvrière à son rôle futur.

Les discours ont été suivis d'une discussion animée. Un membre de l'EJIES a parlé de la situation des jeunes en Europe et a dit: «Le continent est secoué par des inégalités sociales croissantes et un taux de chômage des jeunes épouvantable.» Il a souligné que de nombreux jeunes font partie des milliers de personnes qui rejettent l'UE et finissent aussi par se noyer dans la Méditerranée. L'UE a conclu des accords désastreux avec les dictateurs africains pour empêcher les gens de fuir en Europe.»

Un travailleur italien de Francfort a demandé comment la révolution sociale allait se dérouler dans la pratique. Il craignait que les ouvriers, comme ils l'ont fait en Italie, choisissent «Salvini et la Lega Nord.»

La réponse est que Salvini n'a pas été élu par une large majorité de la classe ouvrière italienne. «Ce gouvernement n'a pu prendre le pouvoir que parce que les gouvernements précédents ont mis en œuvre des politiques sociales catastrophiques», a déclaré Marianne Arens. «C'est la responsabilité du Parti communiste italien stalinien et de tous les partis qui lui ont succédé, du PDS à la Rifondazione en passant par les démocrates de Matteo Renzi. Leur position pro-capitaliste a créé la confusion et la frustration à partir desquelles le Mouvement des Cinq Étoiles a pu se constituer.» Leur position pro-capitaliste a créé la confusion et la frustration dont le Mouvement des cinq étoiles a pu profiter. Le mouvement Cinq Étoiles a à son tour mis Lega Nord et Salvini en selle et en a fourni la majorité parlementaire nécessaire pour les politiques fascistes.»

En Italie, la classe ouvrière était également déterminée à tenir bon contre le fascisme, comme l'a montré la récente manifestation de 200.000 personnes contre le racisme à Milan. Cependant, la situation est très dangereuse et c'est pourquoi il était si important d'établir une section de la IVe Internationale en Italie.

«La révolution est un processus objectif», a conclu Ulrich Rippert. «Elle émerge comme un soulèvement élémentaire, comme la seule solution progressiste aux problèmes soulevés par le capitalisme. La classe dirigeante se tient dos au mur et recourt de plus en plus à la guerre et au fascisme.» La lutte des classes connaît un nouvel essor dans le monde entier, mais " ces luttes ont besoin d'une nouvelle direction politique. C'est pourquoi le CIQI construit le World Socialist Web Site comme la voix authentique du marxisme.»

Rippert a clos la réunion par un appel: «Étudiez l'histoire de ce parti et participez activement à sa construction!»

(Article paru en anglais le 20 avril 2019)

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