A la télévision australienne, le père de Julian Assange demande la libération de son fils

Hier soir, John Shipton, le père de Julian Assange, a lancé un puissant appel à la libération de son fils à l'émission 60 minutes diffusée à la télévision nationale australienne. L'émission a été diffusée sur Channel 9 environ deux semaines après l'expulsion illégale d'Assange de l'ambassade de l'Équateur à Londres, où il avait obtenu l'asile en 2012, et son arrestation par la police britannique.

John Shipton à l'émission d'hier soir (Crédit : "60 minutes")

Shipton a réagi aux images de l’arrestation brutale en commentant: «J’ai 74 ans. Il a l’air aussi vieux que moi. Il a 47 ans. C’est terrible». Lorsqu’on lui a demandé ce qu’il pensait qu’Assange aurait ressenti à l’époque, il a répondu: «Si j’étais traîné dehors, je me sentirais confus, désorienté».

Il a dit qu’en raison de la persécution prolongée, Assange avait perdu «presque tout, presque tout ce qui était humain», y compris des contacts réguliers avec ses parents, son fils adulte et sa fille qui est en âge d'aller à l'école primaire.

Shipton, cependant, a souligné l'extraordinaire détermination de son fils, qui défie toujours les gouvernements américain et européens après des années de détention de fait. Il a déclaré: «Ses yeux sont fermes, fermes et réguliers. Il a toujours cet esprit combatif. Tout semble en bon ordre.»

L’émission «60 minutes» a eu lieu quelques jours avant la comparution d’Assange devant le tribunal, le 2 mai, pour une audience sur la demande d’extradition de l’Administration Trump vers les États-Unis sur. La base des accusations fabriquées de conspiration.

Shipton a averti que les États-Unis étaient «déterminés à ruiner» la vie d’Assange, à cause de l’exposition par WikiLeaks des crimes de guerre, des opérations de surveillance de masse et des intrigues diplomatiques illégales.

«Ils veulent démontrer que les éditeurs et les dénonciateurs seront détruits», a-t-il dit, ajoutant qu’il craignait qu’Assange ne soit «traîné aux États-Unis et jeté dans une cellule de prison, pour ne jamais en sortir».

Également au programme, Greg Barnes, un conseiller juridique de longue date d’Assange, a exigé que le gouvernement australien prenne des mesures immédiates afin d’obtenir la libération du fondateur de WikiLeaks et d’organiser son retour en Australie, avec une garantie contre son extradition vers les États-Unis.

Barnes a déclaré: «Ils veulent donner une leçon aux médias: "Si tu nous cherches, si tu cherches notre État sécuritaire, si tu révèles nos secrets, on te poursuivra, même si ça prend neuf ou dix ans». Il a averti qu'Assange pourrait être torturé aux États-Unis.

Conformément à l’hostilité de la presse bourgeoise à l’égard d’Assange, de nombreux mensonges et calomnies, visant à empoisonner l’opinion publique, ont été diffusés dans le cadre de l’émission.

Il s’agit notamment des attaques personnelles dégradantes lancées contre le fondateur de WikiLeaks par le régime corrompu du président équatorien Lenín Moreno. Il cherche à justifier le fait qu’il a illégalement mis fin au statut de réfugié politique d’Assange, statut qui avait été maintenu par les Nations Unies.

Shipton a noté que quelques jours seulement après l'expulsion d'Assange, l'Équateur avait reçu un prêt de 4,2 milliards de dollars du Fonds monétaire international, sans doute avec l'approbation des États-Unis.

L’animatrice de l’émission, Tara Brown, a demandé à Shipton s’il pensait qu’Assange était un «agent des russes». Cela était conforme aux affirmations hystériques du Parti démocrate américain et des agences de renseignement selon lesquelles Hilary Clinton aurait perdu l’élection présidentielle de 2016 à la suite d’un complot infâme de la Russie.

Assange a été pris pour cible dans la campagne maccarthyste parce que WikiLeaks a publié des courriels vrais et dignes d’intérêt, démontrant que le Comité national démocrate avait cherché à truquer les primaires du parti contre Bernie Sanders, et en faveur de Clinton. Ses discours secrets aux banques de Wall Street, dans lesquels elle a promis de faire leur offre, ont également été publiés par WikiLeaks.

Shipton a répondu de façon cinglante. Il a noté que ces affirmations «correspondent au besoin» de Clinton d’attribuer sa perte aux «Russes» et de couvrir sa propre responsabilité dans la victoire de Trump. Comme il l’a expliqué, Clinton «a qualifié la moitié de la population des États-Unis de "déplorables"», «a détruit la Libye» lors d’une opération de changement de régime en 2011 et «a ri comme une folle» lorsque le président Mouammar Kadhafi a été tué à coups de baïonnette par un islamiste soutenu par les États-Unis.

Le programme a souligné le soutien de l’establishment politique australien à la persécution d’Assange. Malgré le fait qu’il soit un citoyen australien, les gouvernements successifs, à commencer par le gouvernement travailliste soutenu par les Verts de Julia Gillard, ont refusé de défendre le fondateur de WikiLeaks. Tous ces gouvernements ont plutôt soutenu la vendetta menée par les États-Unis contre lui.

Jim Molan, éminent sénateur au sein du gouvernement de la coalition libérale-nationale et ancien général de haut rang qui a des liens étroits avec l’appareil de renseignement militaire américain, a bénéficié d’une plate-forme pour dénoncer Assange.

Molan a condamné Assange pour avoir dénoncé les crimes et les intrigues des États-Unis et de ses alliés, y compris l'Australie, en déclarant: «À mon avis, c'est un méchant. Parce qu'il a donné ce qu'on appelle des tactiques, des techniques, des procédures. Ce qu'il a révélé, c'est comment nous fonctionnons. Et pour un ennemi qui travaille contre vous, c'est de l'or absolu.»

Les commentaires de Molan se résument à un appel à la répression des médias par la police et l’État. Dans cette conception, qui ne serait pas déplacée dans une dictature, les journalistes doivent jouer le rôle de porte-parole servile du gouvernement et de l’armée, y compris en couvrant leurs crimes.

Le sénateur a explicitement soutenu les tentatives de l’Administration Trump de poursuivre Assange. Il a déclaré que WikiLeaks n’était pas «une organisation médiatique» et qu’Assange n’était pas «un journaliste». Les deux ne pouvaient donc pas «s’appuyer sur le principe de la liberté de la presse».

La déclaration de Molan fait mentir les affirmations des ministres du gouvernement, depuis l’arrestation d’Assange, selon lesquelles ils lui fourniraient une «assistance consulaire» non précisée.

Ils démontrent que le gouvernement australien est un des conspirateurs dans les tentatives de l’Administration Trump de créer un précédent pour abolir la liberté de la presse et la liberté d’expression en poursuivant Assange. Le gouvernement et le parti travailliste d’opposition sont tous deux engagés dans l’alliance militaire américaine, participant à ses guerres prédatrices et réprimant ceux qui les dénoncent.

Barnes a fermement condamné le rôle de l’establishment politique et médiatique australien, déclarant: «S’il était, par exemple, détenu en Chine pendant cette période et maltraité, il y aurait un tollé et des cris, non seulement de la part du gouvernement, mais aussi des médias australiens. Parce que ce sont les États-Unis, nous pensons qu’il y a une forme d’exception.»

L’émission a démontré qu’un gouvernement australien ne remplira ses obligations envers Assange que s’il y est contraint par des pressions massives.

Le Parti de l’égalité socialiste se présente aux élections fédérales et organise des rassemblements et des réunions pour construire un mouvement politique qui forcera le gouvernement australien à garantir le retour d’Assange en Australie avec une garantie contre l’extradition.

La base d’un tel mouvement existe dans le soutien massif en faveur d’Assange parmi des millions de travailleurs et de jeunes. Des centaines de personnes ont commenté la page Facebook de «60 minutes», condamnant Molan, rejetant les calomnies des médias, exprimant leur appréciation pour les énormes sacrifices d’Assange, et demandant sa liberation immédiate.

Autorisé par James Cogan pour le Parti de l’égalité socialiste, Suite 906, 185 Elizabeth Street, Sydney, NSW, 2000.

(Article paru d’abord en anglais le 29 avril 2019)

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