Perspective

Préparatifs de la Troisième Guerre mondiale

Les dépenses militaires mondiales dépassent les 1800 milliards de dollars, un nouveau record

Selon un rapport annuel publié cette semaine par l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI), les dépenses militaires mondiales ont atteint un nouveau sommet depuis la fin de la guerre froide. En 2018, ils avaient dépassé 1800 milliards de dollars (1600 milliards d’euros). Il s’agit d’une augmentation de 2,6 pour cent par rapport au précédent record annuel des dépenses militaires mondiales en 2017.

Plus particulièrement, les dépenses militaires américaines ont augmenté de 4,6 pour cent en 2018, pour atteindre 649 milliards de dollars, la première augmentation annuelle des dépenses américaines enregistrée par le SIPRI depuis 2011. Cette tendance devrait se poursuivre, le président Donald Trump ayant signé un budget de 686 milliards de dollars pour 2019 et demandant 718 milliards pour le Pentagone en 2020. Le Bureau de budget du congrès prévoit que si les tendances actuelles de financement se maintiennent, les États-Unis dépenseront sept mille milliards de dollars pour leurs forces armées au cours de la prochaine décennie. Un tel montant équivaut au total des fonds qui sera dépensé pour l’éducation, les infrastructures et les programmes de santé publique combinés.

L’Administration Trump dépense d’énormes sommes pour moderniser et développer l’arsenal américain afin de se préparer à des «conflits de grandes puissances», avec la Chine et la Russie en tête de ses cibles. Le Pentagone prévoit de dépenser 500 milliards de dollars sur dix ans pour moderniser tous les aspects de sa triade nucléaire — missiles balistiques intercontinentaux, missiles balistiques lancés par sous-marin et bombardiers stratégiques. Cela comprend aussi la conception, la construction, et le déploiement de nouveaux missiles nucléaires plus «utilisables» à faible puissance.

Avec son objectif continu de domination mondiale, alors même que sa position économique continue de décliner, l’impérialisme américain dépasse de loin ses alliés et ses ennemis en dépenses militaires. En 2018, les États-Unis ont dépensé plus de deux fois et demie le montant de la Chine, une rivale économique (250 milliards de dollars — 224 milliards d’euros), et plus de dix fois celui de la prétendue grande menace que représente la Russie (61,4 milliards de dollars — 55 milliards d’euros). Au total, les États-Unis ont dépensé autant que les huit pays suivants réunis, soit 36 pour cent des dépenses militaires mondiales.

Cet immense renforcement militaire s’effectue avec le soutien de toutes les factions de l’establishment politique, sans le moindre soupçon d’une protestation. En fait, la principale critique du Parti démocrate à l’égard de Trump est venue de la droite, exigeant un renforcement militaire encore plus important et des menaces d’agression contre la Russie.

La monarchie saoudienne sanglante, le principal allié arabe des États-Unis au Moyen-Orient, s'est maintenue au troisième rang des dépenses militaires, après avoir été la première au monde pour la dépense rapportée à sa production économique, avec 8,8 pour cent du produit intérieur brut, ou 67,6 milliards de dollars (60,5 milliards d’euros).

L’Administration Obama a acheminé plus de 110 milliards de dollars d’armes vers le royaume en huit ans, et l’approvisionnement en armes et en formation s’est poursuivi sous Trump. Depuis plus de quatre ans, l’Arabie saoudite mène une offensive incessante contre le Yémen. Elle utilise des avions de combat et des bombes fournis par les États-Unis sur la population sans défense qui se trouve en contrebas. Elle tue ainsi des dizaines de milliers de personnes et elle pousse des millions de personnes au bord de la famine.

Par ailleurs, la Russie ne s’est pas qualifiée pour les cinq premiers, ses dépenses ayant chuté pour la deuxième année consécutive, devançée par la France (63,8 milliards de dollars — 57 milliards d’euros) et l’Inde (66,5 milliards de dollars — 59,5 milliards d’euros), qui éclipse les dépenses militaires de son voisin le Pakistan (11,4 milliards de dollars — 10,2 milliards d’euros). Les deux pays d’Asie du Sud ont failli entrer en guerre l’un contre l’autre plus tôt cette année.

L’Allemagne est passée du neuvième au huitième rang mondial, dépensant près de 50 milliards de dollars (44,7 milliards d’euros) pour ses dépenses militaires en 2018, augmentant ses dépenses de 9 pour cent depuis 2009. Le gouvernement de coalition de Berlin a déclaré qu’il augmentera son rôle dans les interventions militaires étrangères afin d’affirmer sa position en tant que première économie européenne et qu’il prévoit de consacrer 1,5 pour cent de son PIB à ses dépenses militaires d’ici 2025.

On présente Moscou, sous la présidence de Vladimir Poutine, comme une menace imminente pour les pays d’Europe centrale et orientale, voire de la survie de la démocratie américaine elle-même. Toutefois, l’alliance de l’OTAN (963 milliards de dollars — 861 milliards d’euros) dépense près de 16 fois plus que la Russie depuis 2016. De surcroît, des milliers de soldats américains et occidentaux ont été déployés aux pays membres de l’OTAN à la frontière occidentale ou à proximité, pour servir de fil rouge pour une guerre avec une des principales puissances nucléaires du monde.

La Pologne a été le fer de lance du renforcement militaire en Europe centrale. Ses dépenses sont de 11,6 milliards de dollars (10,3 milliards d’euros) en 2018, soit 8,9 pour cent de plus que l’année précédente et près de 50 pour cent de plus qu’en 2009. Avec environ 800 soldats américains actuellement déployés en Pologne à tour de rôle à seulement 50 miles de l’enclave russe de Kaliningrad, le Pentagone s’apprête à construire une base militaire permanente, surnommée «Fort Trump».

Huit des 15 pays qui ont connu la plus forte augmentation annuelle relative des dépenses militaires se trouvaient en Europe du Sud-Est ou en Europe centrale. La Lettonie a augmenté ses dépenses militaires de 24 pour cent, la Bulgarie de 23 pour cent, l’Ukraine de 21 pour cent et la Lituanie et la Roumanie ont toutes deux augmenté leurs dépenses de 18 pour cent. La Lituanie a mené l’Europe dans son taux de croissance au cours de la dernière décennie, augmentant ses dépenses militaires de 156 pour cent.

Les dépenses en Asie et en Océanie ont dépassé 500 milliards de dollars (447 milliards d’euros), marquant la 30e année consécutive d’augmentation des dépenses. La Chine (250 milliards de dollars – 224 milliards d’euros), l’Inde (66,5 milliards de dollars – 59,5 milliards d’euros), le Japon (46,6 milliards de dollars – 41,7 milliards d’euros), la Corée du Sud (43,1 milliards de dollars – 38,5 milliards d’euros) et l’Australie (26,7 milliards de dollars – 23,9 milliards d’euros) en tête. Les États-Unis se sont concentrés sur la lutte contre la montée en puissance de la Chine au cours de cette période, à la fois avec la montée en puissance militaire sous le Pivot d’Obama en Asie et actuellement avec les politiques de guerre commerciale de Trump.

Les chiffres du SIPRI montrent que près de trois décennies après la dissolution de l’Union soviétique, la fin de la guerre froide et le triomphe tant vanté de l’ordre économique capitaliste, l’humanité se trouve menacée par une nouvelle course aux armements. L’impérialisme américain est en tête de cette course, qui menace le déclenchement d’une guerre mondiale potentiellement catastrophique entre puissances nucléaires.

Comme lors des Première et Seconde Guerres mondiales, la division du monde en États-nations qui se disputent le contrôle des ressources et les points d’étranglement géostratégiques menace une fois de plus de plonger le monde dans la catastrophe. Des élites dirigeantes concurrentes dans leurs efforts pour faire valoir leurs intérêts économiques régionaux et mondiaux gaspillent une quantité colossale de ressources aux dépens de la classe ouvrière mondiale. Les données du SIPRI montrent qu’au cours des trois dernières décennies, Les États du monde ont dépensé plus de quarante et un mille milliards de dollars pour constituer des arsenaux de mort et de destruction autour du monde.

Avec la préparation de nouveaux crimes de guerre à Washington, D.C. et dans les capitales européennes, ceux qui ont dénoncé les crimes passés de l’impérialisme américain, le fondateur de WikiLeaks Julian Assange et les dénonciateurs Chelsea Manning et Edward Snowden, se font réduire au silence. La question critique qui se pose aujourd’hui à la classe ouvrière mondiale n’est pas la réforme ou la révolution, mais la révolution ou la contre-révolution. La classe ouvrière internationale doit être mobilisée pour mettre fin à la course folle à la guerre qui menace l’humanité tout entière.

La période récente a vu un intérêt croissant pour le socialisme et la croissance de la lutte des classes sur le plan international. Des manifestations de gilets jaunes en France aux manifestations de masse en Algérie, en passant par les grèves des enseignants aux États-Unis et les grèves des travailleurs des maquiladoras au Mexique. Ce mouvement s’est développé indépendamment des syndicats et des organisations politiques procapitalistes et en opposition avec eux.

Seul le Comité international de la Quatrième Internationale se bat pour doter la classe ouvrière d’un programme politique contre la guerre, la montée de l’extrême droite et la persécution d’Assange et Manning. Tous ceux qui veulent mettre fin à la guerre et à l’inégalité devraient s’inscrire dès aujourd’hui pour participer en direct au Rassemblement international en ligne du 1er mai 2019 le samedi 4 mai et participer à la lutte pour le socialisme!

(Article paru d’abord en anglais le 30 avril 2019)

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