Les travailleurs de l’aluminium chez Arconic-Alcoa votent pour la grève

Des milliers de travailleurs de l'aluminium des usines Arconic et Alcoa dans l'Iowa, l'Indiana, le nord de l'État de New York et d'autres endroits ont voté en faveur d'une grève pour s'opposer aux demandes de concessions salariales, médicales et de prestations de retraite. La colère s'accumule parmi les travailleurs qui ont été maintenus au travail par le syndicat des Métallos pendant plus de deux semaines après l'expiration, le 15 mai, de la convention collective de plus de 6000 travailleurs.

Il s'agit du premier contrat pour les travailleurs depuis qu'Alcoa, l'ancienne Aluminum Corporation of America, a séparé ses exploitations d'aluminium, de titane et de nickel et l'a rebaptisée Arconic en 2016. Arconic fournit des produits métalliques aux industries de l'automobile, de l'aérospatiale et du pétrole et du gaz, et a vendu le revêtement d'aluminium inflammable impliqué dans l'horrible incendie de la Tour Grenfell en juin 2017 à Londres en Angleterre.

Les travailleurs de la section locale 104 du Syndicat des Métallos à Evansville, en Indiana, qui compte 1250 membres à l'usine de fusion Alcoa Warrick, ont voté fin mai pour la grève. Il en va de même pour 1900 travailleurs de l'usine Arconic de Bettendorf, dans l'Iowa. Le 24 mai, 137 travailleurs d'Arconic et 357 d'Alcoa à Massena, New York, ont voté pour la grève. Les 750 membres de la section locale 115 des Métallos à l'usine Arconic de Lafayette ont aussi voté pour la grève le 6 juin dernier.

Les représentants du Syndicat des Métallos ont clairement indiqué qu'ils n'avaient pas l'intention de déclencher une grève malgré l'intransigeance de la société. Mark Goodfellow, président de la section locale 420A du Syndicat des Métallos à Massena, dans l'État de New York, a déclaré: «Écoutez, notre intention n’est pas de faire la grève ni de faire la moindre interruption de travail, point. Nous voulons continuer à négocier.»

Fin mai, les Métallos ont annoncé le départ à la retraite de Leo Gerard, président syndical de longue date, qui a passé des décennies à collaborer avec les entreprises pour réduire les emplois et le niveau de vie des travailleurs de la sidérurgie et d'autres industries métallurgiques. M. Gerard, qui a pris la présidence en 2001, a longtemps été à l’avant-scène de la promotion du nationalisme économique par les Métallos et a été un partisan de la guerre commerciale de l'administration Trump contre la Chine. Gérard, qui est Canadien, a fait la promotion du nationalisme de style «l’Amérique d’abord» comme moyen de dissimuler l'imposition sans fin de concessions par le syndicat au nom de l'amélioration de la compétitivité des entreprises américaines.

Gérard est remplacé par Tom Conway, ancien vice-président syndical et négociateur en chef des négociations contractuelles d'Alcoa-Arconic. Conway est tristement célèbre pour avoir isolé et trahi 2200 travailleurs dans six États en lock-out par Allegheny Technologies inc. (AI) en 2015-2016. Conway a également trahi la grève des travailleurs des raffineries de pétrole en 2015.

Le Syndicat des Métallos a également isolé les plus de 1000 travailleurs canadiens qui ont été mis en lock-out par Alcoa depuis janvier 2018 à son usine ABI à Bécancour, au Québec. L'usine ABI est une coentreprise entre Alcoa, détenue à 75 %, et le conglomérat Rio Tinto, dont les sièges sociaux se trouvent à Londres et à Melbourne.

La nature du travail dans ces opérations industrielles est intrinsèquement dangereuse et physiquement épuisante. Elliot Bailey, un travailleur de 25 ans, a été grièvement brûlé dans un accident survenu le 28 avril à la fonderie d'aluminium Alcoa Warrick à Evansville, en Indiana. En raison de la gravité de ses blessures, il a dû être transporté par avion au centre des grands brûlés de l'hôpital de l'Université de Louisville pour y être soigné. Une page GoFundMe a été créée par la mère d'Elliot et a permis de recueillir jusqu'à présent 8340 $. Inexplicablement, il n'y a eu aucune mention de l'accident par les Métallos.

Cet accident expose les conditions de plus en plus dangereuses dont les travailleurs sont victimes alors que le Syndicat des Métallos appuie les efforts incessants visant à accroître les profits. Pour sa part, l'administration Trump a restreint la divulgation de renseignements sur les accidents par l'organisme chargé de surveiller la sécurité au travail, l'Occupational Safety and Health Administration (OSHA).

Des commentaires qui révèlent le désir généralisé des travailleurs de s'unir ont émergé de la page Facebook de la section locale 105 du Syndicat des Métallos de Davenport, Iowa, où Brian K King a écrit: «Je suis dans une usine non syndiquée. Si vous acceptez ce que les voleurs d'argent avides veulent vous donner, ça ne fera qu'empirer la prochaine fois et avec leurs exécutifs qui prennent des millions de dollars pour eux-mêmes à nos dépens.» Brian a ajouté: «Je sais que ce sera dur pour beaucoup s'il y a une grève, mais si vous cédez, vous le regretterez et il n'y aura pas de retour en arrière».

Les travailleurs devraient retirer la conduite de la lutte des mains des Métallos en formant des comités de la base pour lutter en faveur d'une grève à l'échelle nationale et pour la mobilisation du plus vaste soutien de la classe ouvrière à cette lutte.

(Article paru en anglais le 3 juin 2019)

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