Un article publié par Intercept appelle les démocrates à intensifier leur attaque contre Julian Assange

Intercept, une publication en ligne de premier plan qui s'est bâti une clientèle par l’exposition de crimes gouvernementaux et d’opérations de surveillance, a publié la semaine dernière un article calomnieux appelant à une intensification de la campagne américaine de persécution contre le fondateur de WikiLeaks, Julian Assange.

L'article, rédigé par James Risen, ne mentionne même pas le fait que l'administration Trump, avec le soutien total des démocrates, cherche à extrader Assange de Grande-Bretagne, afin qu'il puisse être poursuivi aux États-Unis pour son rôle dans la divulgation par WikiLeaks de crimes de guerre, d’intrigues diplomatiques et de surveillance de masse.

Au lieu de cela, il a cherché à présenter le fondateur de WikiLeaks comme le lien crucial dans une conspiration entre Trump et l'administration russe du président Vladimir Poutine, pour priver la candidate démocrate Hillary Clinton de la présidence lors des élections américaines de 2016.

Intercept n'a fourni aucune preuve à l'appui de ces affirmations, que le Parti démocrate, les services de renseignement et les grands médias ont claironnées sans aucune justification au cours des trois dernières années.

Ses affirmations se fondaient presque entièrement sur un reportage de CNN du début du mois, qui a été présenté en toute hâte comme une révélation «exclusive» sur Assange. Risen l'a décrit comme «une histoire explosive» qui «a soulevé de nouvelles questions importantes sur les liens entre Julian Assange, WikiLeaks, et la Russie.»

M. Risen a noté avec approbation que CNN prétendait avoir «obtenu des centaines de pages de rapports de surveillance compilés pour le gouvernement équatorien par une société de sécurité espagnole.» En fait, ce matériel, qui est apparemment diffusé par des agences de renseignement, équatoriennes et autres, dans le but de discréditer Assange, constitue une violation flagrante et potentiellement illégale de la vie privée du fondateur de WikiLeaks.

Le Rapporteur spécial de l'ONU sur la protection de la vie privée enquêtait sur la surveillance omniprésente d'Assange à l'ambassade en tant que violation possible du droit international peu avant que la police britannique ne le traîne hors de l’édifice le 11 avril.

M. Risen a affirmé que CNN avait démontré que «Assange avait rencontré des Russes et des pirates informatiques de classe mondiale à des moments critiques, souvent des heures durant». En réalité, les «Russes» qu'Assange aurait rencontrés étaient d'éminents reporters et producteurs du réseau d'information bien connu RT.

Contrairement à l'impression cultivée par CNN et Risen, les «hackers de classe mondiale» n'avaient rien à voir avec la Russie. Il s'agissait de deux citoyens allemands et experts en informatique, Andy Müller-Maguhn et Bernd Fix, qui ont été publiquement associés à Assange et WikiLeaks pendant la majeure partie de la décennie.

M. Risen a ajouté que l'histoire de CNN avait montré qu'Assange avait reçu «des livraisons en personne, potentiellement de matériel piraté lié aux élections américaines de 2016, lors d'une série de réunions suspectes.» Il a camouflé le caractère suspect de cette affirmation de l'article de CNN.

Les affirmations du réseau étaient entièrement fondées sur des déclarations non corroborées et hautement conditionnelles contenues dans le rapport du procureur spécial Robert Mueller sur la prétendue collusion entre Trump et la Russie. Comme CNN l'a pathétiquement fait remarquer, le rapport Mueller avait déclaré qu'il ne pouvait pas «exclure que des documents volés aient été transférés à WikiLeaks par des intermédiaires qui se sont rendus sur place durant l'été 2016.»

En d'autres termes, l'article de M. Risen était un récit de troisième main des insinuations, des affirmations non fondées et des spéculations contenues dans le rapport Mueller.

Le caractère politiquement réactionnaire de l'article d'Intercept a été résumé par son affirmation catégorique que les documents publiés par WikiLeaks en 2016, relatifs au Parti démocrate, ont été «piratés par les Russes et publiés par WikiLeaks.»

Cette proposition est basée uniquement sur les déclarations de la CIA, des politiciens du Parti démocrate et des grands médias, qui ont utilisé leur campagne hystérique anti-Russie pour faire pression en faveur d'une politique étrangère plus militariste et pour justifier la censure totale des sites web socialistes, de gauche et antiguerre.

Risen n'a même pas mentionné le contenu des publications de WikiLeaks de 2016.

Elles comprenaient des courriels divulgués établissant que le Comité national démocrate avait tenté de truquer les primaires du Parti démocrate contre le «socialiste démocrate» autoproclamé Bernie Sanders, et en faveur de Clinton. WikiLeaks a également publié les discours secrets de Mme Clinton devant les banques de Wall Street, dans lesquels elle a promis d'être leur représentante loyale et payée pour le faire.

L'article de M. Risen appelait les démocrates à poursuivre la campagne anti-Russie, malgré l'incapacité de M. Mueller à justifier les allégations de collusion entre M. Trump et le Kremlin, dans son rapport ou dans son témoignage devant le Congrès la semaine dernière.

Risen a déclaré: «La Chambre des représentants contrôlée par les démocrates devrait reprendre là où Mueller s'est arrêté et créer un comité d'enquête qui regroupe toutes les enquêtes de la Chambre des représentants sur Trump et la Russie.» Étant donné la place centrale que le journaliste d'Intercept attribue à Assange dans la supposée conspiration russe pour élire Trump, l’enquête de ce comité, telle que conçue par Risen, viserait inévitablement le fondateur de WikiLeaks.

En plus de servir à calomnier Assange, les allégations diffamatoires selon lesquelles il aurait travaillé avec le gouvernement russe et Trump ont déjà été utilisées pour attaquer directement ses droits juridiques et démocratiques.

En novembre dernier, le Guardian a publié un article alléguant qu'Assange avait rencontré le lobbyiste politique américain Paul Manafort à l'ambassade de l'Équateur en 2013, 2015 et au début de 2016. L'affirmation visait à lier Assange à Manafort, qui a ensuite servi de conseiller pour la campagne de Trump et a été une cible centrale de l'enquête de Mueller.

Le Guardian n'a fourni aucune preuve pour son histoire. Les allégations ont été catégoriquement rejetées par WikiLeaks et Assange, et réfutées par l'absence du nom de Manafort dans les registres des visiteurs de l'ambassade de l'Équateur.

Malgré cela, Hanna Jonasson, membre de l'équipe juridique d'Assange, a révélé la semaine dernière que «le canular de Manafort a permis aux autorités américaines de demander officiellement aux autorités équatoriennes de remettre les affaires d'Assange à l'ambassade après que son asile politique lui eut été illégalement retiré. Même si Mueller sait que c'est un canular, “l'enquête” est le prétexte pour prendre ses affaires.»

L'article de Risen n'est pas le premier qui attaque Assage à apparaître dans Intercept.

Un article de Robert Mackey en novembre 2017 accusait le fondateur de WikiLeaks d'«être prêt à trafiquer des informations fausses ou trompeuses», de «travailler pour Trump» et de transformer «le fil Twitter de WikiLeaks en un véhicule pour salir Clinton.»

Un article venimeux de février 2018 attaquant Assange par Micah Lee et Cora Currier a également cherché à calomnier le fondateur de WikiLeaks en tant que partisan des républicains, tout en accordant du crédit à la machination suédoise contre lui pour de fausses allégations d'inconduite sexuelle.

Les auteurs qui publient de telles saletés pour Intercept ne font que démontrer qu'ils sont des auxiliaires du Parti démocrate et des agences de renseignement. En cela, ils jouent le rôle de facilitateurs et de promoteurs de la persécution par l'État d'Assange, un journaliste et éditeur qui est pris pour cible par le gouvernement américain pour avoir dénoncé les crimes de guerre des États-Unis.

(Article paru en anglais le 30 juillet 2019)

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