Les sénateurs démocrates approuvent le budget de guerre de Trump

Le Sénat américain a adopté un budget pour l’exercice financier qui débute en octobre, allouant à l’armée un montant record de 738 milliards de dollars. Le budget est le fruit d'une entente entre la présidente de la Chambre, Nancy Pelosi, et la Maison-Blanche de Trump, qui reflète l'appui bipartite à la machine de guerre américaine.

Avec un vote pour le budget par 38 voix contre 5 et quatre absents, les sénateurs démocrates ont davantage appuyé le budget Trump-Pelosi que les républicains. Ceux-ci étaient beaucoup plus divisés, avec 30 pour, 23 contre et un absent. Les républicains ne s'opposaient pas aux dépenses militaires records, mais s'opposaient au niveau des dépenses pour les programmes sociaux nationaux et au déficit global.

Si les démocrates avaient voté contre le budget par une marge significative, il aurait été rejeté.

Sur les sept sénateurs démocrates candidats à la présidence, quatre étaient absents, dont Bernie Sanders, qui a déclaré lors du débat démocrate du mardi à Detroit qu'il voterait contre le budget militaire record, mais n'a pas pris la peine de retourner à Washington pour voter jeudi. Elizabeth Warren, Kamala Harris et Cory Booker étaient également absents.

Parmi les trois candidats démocrates qui sont retournés dans la capitale pour voter, Kirsten Gillibrand a soutenu le budget de guerre, tandis que Michael Bennet et Amy Klobuchar ont voté contre.

Les résultats du Sénat étaient le reflet du vote à la Chambre, où les démocrates ont donné une majorité écrasante pour l'accord budgétaire, 219-16, alors que la plupart des républicains ont voté contre le budget appuyé par Trump, 132-65. Alexandria Ocasio-Cortez et Rashida Tlaib, toutes deux membres des Democratic Socialists of America, ont voté pour le budget de guerre record.

Le projet de loi bipartite est maintenant soumis à la Maison-Blanche pour signature par Trump. Dans une série de tweets la semaine dernière, Trump a salué l'accord budgétaire avec Pelosi, désignant le financement record pour l’armée comme le principal gain réalisé par l'administration, dont les négociations étaient dirigées par le secrétaire au Trésor Steven Mnuchin.

Dans leurs déclarations finales avant le vote, le leader de la majorité au Sénat, Mitch McConnell, et le leader de la minorité, Chuck Schumer, ont approuvé le budget. Mais les démocrates étaient beaucoup plus enthousiastes, tandis que McConnell s'est déresponsabilisé de l'entente en soulignant le rôle de la Maison-Blanche.

«Au cours des dernières semaines, les principaux responsables de l'équipe du président Trump ont engagé des négociations approfondies avec le président Pelosi et la Chambre démocrate, a déclaré M. McConnell. «Étant donné les exigences d'un gouvernement divisé, nous savions qu'un accord bipartite sur les niveaux de financement ne serait pas parfait pour aucune des parties. Mais l'administration a négocié un accord ferme.»

M. Schumer a salué l'accord budgétaire en déclarant: «Il renforcera notre sécurité nationale et fournira à nos troupes les ressources dont elles ont besoin pour faire un travail très difficile et souvent dangereux», ajoutant: «Pendant trop longtemps, les limites arbitraires et draconiennes de la séquestration nous ont empêchés [de maintenir] le niveau de financement militaire nécessaire. Cet accord met fin à la menace d'une séquestration permanente.»

S'exprimant au nom de l'administration Trump, le chef de cabinet par intérim de la Maison-Blanche, Mick Mulvaney, un «faucon du déficit» (qui s’oppose à toute augmentation des dépenses), a déclaré dimanche à Fox News: «Quand les démocrates ont gagné la Chambre, tout le monde savait que nous finirions par dépenser davantage. Qu'avons-nous obtenu en échange? On a plus d'argent pour la défense, dont on pense avoir besoin. On a plus d'argent pour les vétérans, dont on pense aussi avoir besoin.»

L'entente budgétaire prévoit des dépenses maximales de 1,37 billion de dollars pour l'exercice financier 2020, qui commence dans deux mois, et de 1,375 billion de dollars pour l'exercice suivant. Il ne s'agit que de dépenses discrétionnaires, les sommes autorisées par le Congrès chaque année. Les paiements d'intérêts sur la dette fédérale et les programmes d'admissibilité comme la sécurité sociale et l'assurance-maladie sont des obligations juridiques du Trésor et ne nécessitent pas d'autorisation spécifique année par année.

Malgré l'affirmation de Schumer selon laquelle le budget prévoit 10 milliards de dollars de plus dans l'autorisation budgétaire pour les dépenses sociales nationales que pour les dépenses militaires, rétablissant ainsi la parité entre les dépenses militaires et non militaires, les chiffres pour l'année fiscale 2020 sont de 738 milliards pour l’armée et seulement 632 milliards pour tout le reste, un écart supérieur à 100 milliards.

La loi budgétaire prolonge également le plafond de la dette fédérale jusqu'au 1er juillet 2021, éliminant ainsi toute possibilité d'une «falaise fiscale» qui verrait les paiements de la dette fédérale remis en question, ce qui pourrait perturber les marchés financiers. C'était la principale préoccupation du secrétaire au Trésor Mnuchin lors des pourparlers avec Pelosi, alors qu’il était prévu que le Trésor atteigne le plafond actuel de la dette au cours du mois d'août, pendant les vacances parlementaires.

Ainsi, la direction démocrate a fait une autre énorme concession à la Maison-Blanche. Pelosi et Schumer ont convenu qu'au cours des deux prochaines années, il n'y aura pas de tentative d'utiliser des lois favorisées, comme les projets de loi de crédits pour les divers organismes fédéraux, pour faire pression en faveur des préférences politiques démocrates comme la fin de l'amendement Hyde, qui interdit l'utilisation des fonds fédéraux pour payer l'avortement, ou l'utilisation des fonds fédéraux pour construire le mur Trump à la frontière américano-mexicaine.

Le résultat de cette capitulation, combinée à la décision de la Cour suprême de la semaine dernière permettant à Trump de détourner les fonds alloués au Pentagone vers le programme de construction du mur, est que la Maison-Blanche peut procéder à la construction du mur aussi rapidement que les contrats peuvent être approuvés pour les entreprises de construction qui s'engagent dans cette entreprise bien rentable. Les responsables de la Maison-Blanche se sont vantés qu'au moins 160 km de nouveau mur seraient en place au cours de la prochaine année.

L'adoption finale d'un budget de deux ans pour le gouvernement fédéral, avec plus de démocrates que de républicains en faveur de l'accord au Sénat et à la Chambre, démontre en termes très concrets la réalité politique à laquelle la classe ouvrière est confrontée. Les travailleurs font face, non pas à un «gouvernement divisé», comme le prétendent sans cesse les médias bourgeois, mais à un gouvernement d'unité de deux partis capitalistes de droite, tous deux opposés aux intérêts sociaux et économiques des travailleurs.

L'accord budgétaire démontre que les débats présidentiels démocrates sont une imposture totale, dans lesquels les candidats de droite se présentent comme des amis des travailleurs et des opposants à Trump, tandis que dans leurs fonctions quotidiennes de sénateurs, de députés, de gouverneurs et de maires, ils assistent la Maison-Blanche de Trump et collaborent à ses attaques brutales contre la classe ouvrière.

Ce gouvernement – en pratique, un gouvernement de coalition – à la tête duquel un président fascisant peut pratiquement faire ce qu’il veut grâce à ses partenaires démocrates, n'offre aux travailleurs aucune perspective autre que l’agression militaire à l'étranger, des attaques contre les emplois, le niveau de vie et les prestations sociales au pays, et une attaque frontale contre les droits démocratiques, et où les immigrants jouent le rôle de cobayes pour un traitement qui sera réservé à l'ensemble de la population.

(Article paru en anglais le 2 août 2019)

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