Macron compte réprimer les manifestations contre le sommet du G7 à Biarritz

En vue du sommet du G7 qui aura lieu du 24 au 26 août à Biarritz, station balnéaire du sud-ouest de la France, les autorités françaises mettent en oeuvre des mesures de sécurité drastiques. Elles mobilisent plusieurs milliers de policiers, gendarmes ou militaires. Ces forces fortement armées doivent réprimer les manifestants anti-G7, grâce aux pouvoirs antidémocratiques créés lors de l’état d’urgence et mobilisés contre les «gilets jaunes».

Pour la sécurisation du sommet, le parlement a voté une enveloppe de 36,4 millions d’euros. Au total, le gouvernement mobilise 13.200 policiers et gendarmes pour assurer la répression des manifestants. Ils auront le soutien des «forces militaires, qui assureront des missions de contre-terrorisme et de protection de nos abords aériens et maritimes», a précisé Christophe Castaner, le ministre de l’Intérieur.

Le gouvernement Macron a transformé la ville en forteresse. Selon Le Monde, “L’armée a ainsi été déployée discrètement à l’intérieur du Pays basque, notamment sur les hauteurs à l’affût d’éventuels drones, et la marine au large, avec une frégate. Plus de 400 pompiers et 13 équipes mobiles d’urgence et de réanimation sont également prévus dans le dispositif.”

Deux périmètres de sécurité ont été érigées avec une zone dite de "sécurité renforcée" située au cœur de la ville, interdite à la circulation des véhicules et aux piétons non accrédités. Dans une zone dite de «protection», un peu plus large, seules les voitures arborant un signe spécifique et des piétons munis d'un badge pourront pénétrer.

Lors de son déplacement à Biarritz, Castaner, a annoncé, "Nous ne tolérerons aucun débordement. S’ils surviennent, nous y répondrons." Il a déclaré que le G7 est l’objet potentiel de "menaces majeures" en évoquant celle “d’individus violents que je ne confonds pas avec les manifestants pacifiques". Il a également évoqué «la menace terroriste» pour laquelle "un sommet international peut constituer une cible», puis avoué qu’il n’y avait à l’heure actuelle "pas d’alerte particulière".

Face aux manifestations à Hong Kong, à Porto Rico, en Algérie, au Soudan et des «gilets jaunes», Macron a dit qu’il plaçait le sommet sous le signe de la lutte contre les inégalités. C’est tout aussi absurde que dire que le dictateur sanguinaire égyptien invité à Biarritz, Abdel Fattah el Sissi, lutte pour la démocratie. Tous les dirigeants présents au sommet mènent une politique d’austérité sociale et salariale, et de cadeaux fiscaux aux riches.

Les cadeaux fiscaux faits par l’ex-banquier Macron ont permis à Bernard Arnault de devenir le 2e milliardaire de la planète avec un patrimoine de 104 milliards de dollars, soit l’équivalent de 4 pour cent de l’économie française pour lui seul.

Le sommet du G7 se déroule sur fond de faillite généralisée du capitalisme: ralentissement de l'économie mondiale, guerre commerciale sino-américaine, course à la guerre de Washington contre l’Iran, et d’instabilité politique liée uu Brexit. Déjà en 2018 les sept dirigeants américain, japonais, allemand, britannique, français, italien et canadien du G7, profondément divisés, n’ont pas pu s’accorder sur une déclaration commune. En fait, ils s’accordent surtout sur l’austérité et la répression que symbolise le dispositif draconien organisé par l’État français à Biarritz.

Alors que le gouvernement prépare une confrontation avec les manifestants, Castaner a prétendu qu’"il n’est pas question d’empêcher la libre expression non-violente des opinions.'’ Cette déclaration n’est qu’hypocrisie pure. Cela fait des mois que le gouvernement Macron réprime brutalement les «gilets jaunes», piétinant la libre expression en attaquant des manifestants qui étaient non-violents dans leur écrasante majorité.

Plusieurs manifestations contre le G7 sont d’ores et déjà prévues. Plus de 12,000 personnes seraient attendues pour un contre-sommet à proximité de la frontière franco-espagnole, prévu du lundi 19 août jusqu’au dimanche 25 août à Urrugne, Hendaye et Irun (Espagne). Il regroupera plus de 80 organisations, avec des militants altermondialistes, associations, syndicats, des gilets jaunes et des parti politiques.

Des «gilets jaunes» ont indiqué qu’ils participeront pour protester face «aux grands de ce monde qui défendent une économie ultralibérale qui ne nous fait aucun cadeau.»

Déjà cette semaine, les autorités ont interpellé au moins cinq personnes. Selon la presse, certaines de ces personnes "appartiennent à la mouvance Black blocs" et seraient connues des services de renseignement. Elles ont été interpellées prétendument suite à des appels sur les réseaux sociaux à attaquer "un lieu d'hébergement" des gendarmes lors du sommet du G7 à Biarritz. Quatre d’entre elles ont été remises en liberté; une est toujours en garde à vue pour "provocation à la commission d'un délit ou d'un crime par moyen électronique".

Les autorités françaises ont également expulsé un journaliste allemand de la radio Dreyeckland et lui ont interdit de rester en France jusqu'au lendemain du sommet du G7 à Biarritz. Il a été arrêté il y a une semaine en Côte-d'Or, dans l'est de la France, puis expulsé vers Allemagne.

Dans une interview avec Dreyeckland, il a expliqué: «Après un contrôle routier, j’ai été arrêté et j’ai passé presque 24 heures dans une cellule d’expulsion car j’étais désigné ‘activiste gauchiste’, même si au départ on ne m’a pas dit la raison de mon arrestation. On a simplement évoqué quelque chose à propos du droit de séjour.»

Il a ajouté que la police française «m’a dit que j’avais été identifié il y a un an et demi à Bure, près du site de déchets nucléaires où pour la première fois, la police avait relevé mon identité. Mais ils ont aussi dit qu’ils me suspectaient d’avoir commis des crimes au G20 à Hambourg (à l’été 2017), mais sans preuve. Les investigations continuent.»

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