Grève de deux jours à Hong Kong après les manifestations du week-end dernier

Les manifestations à Hong Kong se sont poursuivies pour la 13e fin de semaine consécutive. Elles précédaient tout juste une grève générale de deux jours, qui a commencé lundi. Craignant l'intervention de la classe ouvrière, les autorités intensifient leur répression. Des affrontements ont eu lieu samedi et dimanche entre les manifestants et la police, qui a utilisé des gaz lacrymogènes, du gaz poivre, des canons à eau et des balles en caoutchouc et a également tiré à balles réelles en guise d’avertissements.

La grève, prévue pour lundi et mardi, a été appuyée par des travailleurs d'au moins 21 secteurs, dont ceux de la construction, de l'aviation, du commerce de détail et du tourisme. Des rassemblements de protestation ont été organisés à Salisbury Garden à Kowloon et à Tamar Park à Admiralty pour lundi. Une autre est prévue pour mardi au Chater Garden dans le quartier central.

Des étudiants de plus de 90 universités prendront part à un boycottage des cours alors que les cours reprendront dans toute la ville après les vacances d'été. Ils ont prévu une occupation lundi après-midi à l'Université chinoise de Hong Kong.

Le nombre de travailleurs qui participeront à la grève n'est pas clair, mais un organisateur étudiant anonyme a déclaré à Channel News Asia que les deux jours de grèves et de boycottages étaient une «campagne sans dirigeant». Bien que la Confédération des syndicats de Hong Kong (HKCTU) ait apporté un soutien limité, elle n’appelle pas ses quelque 200.000 membres à sortir en grève.

Cathay Pacific, la plus grande compagnie aérienne de Hong Kong, a menacé ses employés de licenciement s'ils participaient à la grève. «Nous nous attendons à ce que tous nos employés se présentent au travail normalement pendant cette période et nous surveillerons de près l’absentéisme. Tout manquement à la politique ou aux exigences réglementaires fera l'objet d'une enquête et pourrait entraîner la résiliation du contrat», a déclaré la compagnie aérienne.

Les manifestants se sont régulièrement rassemblés à l'aéroport ces dernières semaines, qui est la plus grande plaque tournante du transport aérien de marchandises au monde et l'une des plus importantes pour le transport de passagers. Toute fermeture de l'aéroport aurait un impact significatif sur la vie économique de la ville. Début août, une grève générale déclenchée par des dizaines de milliers de travailleurs a annulé plus de 200 vols.

Dimanche, les manifestants ont bloqué le trafic ferroviaire et automobile menant au terminal de l'aéroport, entraînant l'annulation de plus d'une vingtaine de vols. Ils ont forcé le train express de l'aéroport à arrêter le service, bloquant les voies, tandis que d'autres se sont rassemblés aux terminus d'autobus pour bloquer l'autoroute menant de la ville à l'aéroport. Le service de transport a commencé à reprendre vers 22h30.

Comme par le passé, les manifestants à l'aéroport ont souligné qu'ils faisaient appel au soutien des voyageurs étrangers. «Nous avons l'intention de perturber les activités à l'aéroport pour attirer l'attention sur ce que le gouvernement et la police nous font subir», a déclaré dimanche aux médias un manifestant anonyme âgé de 20 ans. «Si nous perturbons l'aéroport, plus d’étrangers liront les nouvelles de Hong Kong.»

Des manifestations ont également eu lieu samedi, malgré l'interdiction d'une marche prévue. La journée a commencé pacifiquement, mais les participants ont affronté les canons à eau et les gaz lacrymogènes de la police, ce qui a provoqué des affrontements tout au long de la journée. Samedi a également marqué le cinquième anniversaire du début du mouvement Umbrella en 2014, une protestation qui a duré 79 jours et qui demandait l'élection directe du chef de l'exécutif de Hong Kong sans que les candidats ne soient préalablement approuvés par un comité nommé par le Parti communiste chinois (PCC).

Pékin a fait pression sur les entreprises pour qu'elles répriment les travailleurs qui participent aux manifestations, ce qui témoigne des craintes croissantes quant à l'émergence de la classe ouvrière dans une lutte ouverte non seulement contre le gouvernement de Hong Kong de Carrie Lam, la directrice générale, mais potentiellement contre le système capitaliste lui-même. Une telle lutte pourrait s'étendre à la Chine continentale où les travailleurs sont confrontés à des formes similaires d'exploitation et d'oppression.

Le mouvement de grève, cependant, manque de direction politique et se limite actuellement à exiger que le gouvernement de Hong Kong réponde aux exigences des protestations: retirer la législation qui permettrait l'extradition vers la Chine continentale, que Lam démissionne, qu'une enquête indépendante soit menée sur les violences policières et que les accusations portées contre les manifestants soient retirées.

Ces exigences démocratiques limitées ne seront satisfaites que si le mouvement des travailleurs et des jeunes à Hong Kong se lie à la classe ouvrière en Chine sur la base d'une perspective socialiste dirigée contre le régime du PCC et le système de profit qu'il défend. Le danger est que le caractère étroit et provincialiste des revendications officielles permette à Pékin d'isoler le mouvement et de se préparer à une répression de type militaire.

Pékin a clairement indiqué à plusieurs reprises qu'il ne tolérerait pas les protestations et les grèves indéfinies qui perturbent l'une de ses principales plaques tournantes financières et économiques et qui menacent de déclencher une opposition sur le continent.

Afin d'intimider les manifestants, l'armée a publié la semaine dernière une autre vidéo de soldats et de policiers antiémeutes à la frontière de la ville de Shenzhen, participant jeudi à des exercices «antiémeutes». Le quotidien populaire a comparé les manifestants à des fourmis et a déclaré que l'armée pouvait intervenir pour réprimer les manifestations. Les responsables militaires ont filmé les protestations de samedi depuis le toit de leur bâtiment près du complexe gouvernemental à Hong Kong.

La seule défense contre une répression militaire violente et sanglante est la mobilisation de la classe ouvrière, indépendamment de tous les partis et tendances bourgeois. Les travailleurs et les jeunes doivent rejeter toutes les formes de chauvinisme et d'esprit de clocher hongkongais et s'unir à la classe ouvrière chinoise continentale dans une lutte commune contre le capitalisme.

Le PCC, malgré son nom, dirige depuis des décennies l'exploitation capitaliste aux dépens de la classe ouvrière depuis qu'il a lancé le processus de restauration capitaliste en 1978. Il défend le même système économique qui a enrichi une petite couche d'élites hongkongaises, un système qui est également défendu par toutes les sections des élites dirigeantes de la ville, y compris celles représentées par l'opposition officielle: le soi-disant groupe pandémocrate au Conseil législatif.

Il s'agit d'une lutte internationale, car les travailleurs entrent en conflit avec la bourgeoisie du monde entier. Les travailleurs de l'automobile aux États-Unis ont récemment voté à une écrasante majorité en faveur de la grève, s'opposant à la fois aux compagnies automobiles et au syndicat corrompu United Auto Workers. Les travailleurs et les jeunes de Hong Kong devraient tendre la main à leurs frères et sœurs de classe aux États-Unis, ainsi qu'aux travailleurs du mouvement des «gilets jaunes» en France et à tous ceux qui luttent ailleurs dans le monde.

(Article paru en anglais le 2 septembre 2019)

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